Offre hostile à Montréal: un avocat met la pression sur Kent Hughes

Offre hostile à Montréal: un avocat met la pression sur Kent Hughes

Par David Garel le 2025-09-25

Eric Macramalla n’est pas n’importe qui. Avocat chevronné, consultant juridique respecté chez TSN et Forbes, il a bâti sa réputation en analysant les zones grises où le droit et le sport se croisent.

Quand Macramalla prend la peine de dénoncer publiquement une aberration, c’est rarement une sortie gratuite. Or, son dernier constat est dévastateur : il ne comprend toujours pas pourquoi aucune équipe n’a osé déposer une offre hostile à Mason McTavish.

Nous sommes à quelques jours du mois d’octobre 2025, et Mason McTavish patine toujours avec les 67 d’Ottawa plutôt qu’avec les Ducks d’Anaheim. Pas parce qu’il veut quitter la Californie, non. Simplement parce que son équipe refuse de reconnaître sa valeur.

Les faits sont clairs :

McTavish demande un contrat de 7,5 M$ par saison sur 7 ou 8 ans, un montant parfaitement justifié si l’on se fie aux comparables. Dylan Cozens, par exemple, a signé à 7,1 M$ avec Buffalo il y a quelques années avec un plafond salarial bien moins élevé.

Les Ducks, de leur côté, refusent de dépasser 5,5 M$ par saison, sur un contrat à long terme.

On appelle ça du bullying contractuel. Pat Verbeek, DG des Ducks, répète le même stratagème qu’avec Trevor Zegras en 2023 : bloquer les négociations, laisser le joueur sécher à la maison, espérer qu’il cède à la pression.

Macramalla, dans son rôle de consultant, a résumé l’affaire avec une froide logique :

« Le marché est établi. Le "fair market value" de McTavish est à 7,5 M$. Les Ducks offrent 5,5 M$. Une offre hostile coûterait un choix de 1re, 2e et 3e ronde. Le prix est ridicule comparé à la valeur du joueur. Et pourtant, aucune équipe n’a osé le faire. C’est incompréhensible. »

Ce constat met en lumière l’angle mort des directeurs généraux de la LNH. Tout le monde sait que McTavish vaut plus. Tout le monde voit qu’il est intimidé. Et pourtant, personne ne bouge.

Pourquoi cette inaction?

Les arguments circulent. Certains évoquent la peur de froisser Anaheim. D’autres parlent du spectre de 2026 et de Gavin McKenna, l’espoir générationnel. Offrir une 1re ronde non protégée, c’est risquer de rater McKenna.

L’ombre du prodige plane sur tout le dossier. Le prodige canadien de 2026, vu comme le prochain Connor McDavid, pousse plusieurs directeurs généraux à reculer.

C’est d’ailleurs l’argument le plus répété dans les coulisses : personne ne veut être « le DG qui a laissé filer McKenna pour avoir McTavish ».

Mais au final, ce frein devient presque une excuse. On préfère garder l’illusion d’un futur jackpot plutôt que de sécuriser un centre établi, déjà prêt à dominer dans la LNH.

Et c’est ce blocage psychologique qui fait enrager des experts comme Eric Macramalla : le marché a rarement offert une telle opportunité, et les DG préfèrent encore trembler devant un miracle hypothétique.

D’autres encore expliquent que les Ducks ont assez d’espace sous le plafond pour égaler instantanément une offre hostile, rendant l’exercice inutile.

Évidemment, les yeux se tournent vers Montréal. Kent Hughes a déjà testé les Ducks cet été. Une transaction a failli voir le jour : Mason McTavish contre un package mené par David Reinbacher. Les Ducks étaient prêts, mais Hughes a refusé.

McTavish s’entraîne donc à Ottawa, déprimé, humilié, pendant que Reinbacher sombre sous la pression au camp du CH. Une double tragédie.

Et pourtant, l’offre hostile reste sur la table. Pour 7,5 M$ par année, le CH pourrait sécuriser son deuxième centre pour la prochaine décennie. Le prix : un 1er, un 2e et un 3e choix. Pas de Reinbacher, pas de Demidov, pas de Hage.

Ce qui rend la situation encore plus scandaleuse, c’est le parallèle avec le dossier Kaiden Guhle en 2024. Souvenez-vous :

Guhle voulait 8 ans à 7-8 M$ par saison.

Hughes l’a enfermé à 6 ans, 5,5 M$ par année.

Son agent, Allain Roy, a avoué publiquement la défaite.

Aujourd’hui, les Ducks tentent le même stratagème avec McTavish : un contrat-pont long terme à 5,5 M$. Mais McTavish, lui, refuse d’être le prochain Guhle. Il sait que sa valeur est supérieure. Il ne veut pas se faire « voler » sa carrière à 22 ans.

Chaque indice confirme la tension :

McTavish a quitté Anaheim pour patiner à Ottawa.

Son clan répète qu’il n’a pas demandé d’échange, mais qu’il ne signera pas à rabais.

Pierre LeBrun a admis : « Si rien n’est réglé en octobre, il faudra s’attendre à du mouvement. »

Autrement dit, l’explosion approche.

Macramalla et plusieurs analystes posent la question : pourquoi Montréal, qui a le profil parfait pour une offre hostile, n’agit pas?

La réponse est simple : Hughes ne veut pas se mettre Anaheim à dos. Depuis un an, les deux clubs discutent. Pat Verbeek n’a pas oublié le refus de Hughes d’inclure Reinbacher. Si le Canadien osait déposer une offre hostile, les relations diplomatiques seraient rompues.

Mais est-ce vraiment une raison valable pour passer à côté de McTavish?

Si Hughes refuse d’appuyer sur le bouton, il risque de répéter le scénario Reinbacher–Michkov : choisir la prudence au lieu du talent. Et l’histoire pourrait lui en vouloir encore.

Imaginez : McTavish à Montréal, deuxième centre derrière Suzuki, avec Demidov. Un duo de feu... et une fenêtre de Coupe Stanley qui s’ouvre en 2026.

Au lieu de ça, on risque de voir McTavish humilié à Anaheim, sous-payé, brisé… ou pire, échangé ailleurs pour une bouchée de pain.

On ne peut pas laisser un joueur de ce calibre se faire intimider par son club. Le marché existe. Les Ducks refusent de l’accepter. C’est le rôle des autres DG de corriger cette injustice. 

Ses mots sonnent comme un avertissement. Une offre hostile n’est pas seulement une stratégie : c’est une arme légale, prévue par la convention collective, précisément pour éviter ce genre de blocage.

La saga McTavish est plus qu’une simple négociation. C’est un test. Un test pour Anaheim, pour McTavish, mais surtout pour Kent Hughes.

Va-t-il répéter l’erreur Reinbacher–Michkov, celle de la prudence excessive? Ou va-t-il enfin frapper fort, utiliser les règles à son avantage, et arracher McTavish à l’emprise des Ducks?

Parce qu’au rythme où vont les choses, une certitude demeure : si Hughes laisse filer McTavish, il pourrait bien commettre l’erreur de sa carrière.