Nick Suzuki s'est réveillé.
Ou plutôt...il ne s'est pas endormi dans l'avion.
Enfin, Suzuki a enfin agit en capitaine du Canadien de Montréal et a marqué un tournant dans la gestion des voyages de l'équipe en prenant une initiative audacieuse.
Lassé des nuits blanches dans l'avion et des performances médiocres qui en découlaient, il a contourné Martin St-Louis pour aller directement s'entretenir avec Kent Hughes et Jeff Gorton.
Ce geste lié à son mécontentement de prendre l'avion après les matchs au lieu de passer la nuit à l'hôtel, a été reçu avec approbation par la direction.
Résultat ? Une approche complètement renouvelée pour les déplacements de l’équipe, avec des nuits dans les villes visitées pour maximiser le repos.
Tout le monde semble ravi de cette décision... sauf Alex Newhook, qui n’est pas convaincu par ce changement.
Toujours Newhook qui chiâle pour rien.
Le déclic pour Suzuki est survenu après une série de voyages éprouvants. Parmi eux, un déplacement vers St. Louis après un match en Arizona, où l'équipe était arrivée à l'hôtel à 5 h du matin.
Cette nuit chaotique avait non seulement épuisé les joueurs, mais aussi mené à une défaite cuisante de 6-3 contre les Blues.
À la fin de la saison dernière, Suzuki, soutenu par Mike Matheson et David Savard, a décidé de pousser la direction à revoir les méthodes de voyage de l'équipe.
« Parfois, on a fait des choses qui n’avaient pas de sens », a rappelé Matheson, en entrevue avec Guillaume Lefrançois de la Presse.
Suzuki, de son côté, a expliqué à La Presse que ces changements avaient pour but d’offrir aux joueurs une meilleure récupération.
« À Washington, j’ai pu me coucher avant même l’heure à laquelle on aurait atterri à Pittsburgh. C’était bien d’être au lit avant minuit et d’avoir une bonne nuit de sommeil », a confié le capitaine.
Depuis cette discussion entre Suzuki, Hughes et Gorton, le Tricolore a adopté une stratégie différente. Plutôt que de voyager immédiatement après les matchs, l’équipe passe désormais la nuit dans la ville où elle joue. Trois exemples récents montrent les bénéfices de cette décision selon La Presse :
Washington (31 octobre) : Après un entraînement le lendemain, l’équipe a continué vers Pittsburgh. Résultat : une défaite serrée, mais avec des joueurs mieux reposés.
Toronto (9 novembre) : La nuit passée sur place a permis une victoire spectaculaire de 7-5 contre les Sabres à Buffalo.
Minnesota (14 novembre) : En restant à Minneapolis après le match, les joueurs ont profité d’un entraînement hors glace avant de retourner à Montréal et de triompher 5-1 contre Columbus.
Selon David Savard, qui avait déjà expérimenté ce type de gestion lorsqu’il jouait pour les Blue Jackets, une bonne nuit de sommeil fait une énorme différence :
« Une nuit réparatrice après un match, c’est beaucoup plus bénéfique. »
Le spécialiste du sommeil, le Dr Jonathan Charest, a également appuyé cette décision, soulignant à La Presse que dormir dans un avion ou interrompre une nuit pour un voyage altère le rythme d'un joueur professionnel
« Les joueurs sont comme des travailleurs de nuit. Ils ne peuvent pas être optimaux avec des nuits hachées », a-t-il expliqué. Il a même qualifié cette nouvelle méthode de « saine révolution » pour le bien-être des joueurs.
Mais attention. Tout le monde n’est pas convaincu. Alex Newhook, un des nouveaux venus dans l’équipe, a exprimé une préférence pour voyager immédiatement après les matchs, surtout lorsque la ville suivante est proche.
« C’est souvent long de se calmer après un match. Tant qu’à ne pas dormir avant 1 h 30 ou 2 h, aussi bien voyager tout de suite », a-t-il déclaré.
Cette opinion, bien que minoritaire, montre que ce changement ne fait pas encore l’unanimité.
Il faut dire que Newhook est souvent seul dans son coin quand vient le temps d'avoir une opinion sur le fonctionnement de l'équipe.
Ce premier grand geste de Nick Suzuki en tant que capitaine marque une réponse claire à ceux qui critiquaient son leadership.
Longtemps accusé de nonchalance et de ne pas incarner pleinement son rôle, Suzuki a démontré qu’il était prêt à prendre des décisions pour améliorer la performance et le bien-être de ses coéquipiers.
Il a contourné l’entraîneur pour s’adresser directement à la direction, montrant ainsi qu’il avait la confiance nécessaire pour défendre ses idées.
Ce geste a non seulement renforcé son autorité dans le vestiaire, mais a aussi prouvé qu’il est prêt à répondre aux attentes qui accompagnent le « C » sur son chandail.
Le Canadien semble maintenant sur une meilleure voie, avec une approche moderne et scientifique pour gérer les déplacements.
Cette décision, en apparence anodine, pourrait avoir des répercussions positives à long terme, tant sur la glace qu’en dehors.
Nick Suzuki, par ce geste, a non seulement montré qu’il était capable de répondre aux attentes sur la glace, mais aussi qu’il pouvait être un véritable meneur d’hommes à l'extérieur, capable de penser au bien collectif.
Il devra maintenant maintenir cette dynamique d'autorité et continuer à montrer qu’il est à la hauteur des exigences d’un marché aussi sans pitié que celui de Montréal.
Si ce geste est un début prometteur, le véritable test sera de savoir s’il peut reproduire ce leadership dans d’autres aspects de son rôle.
Pour l’instant, Suzuki peut se réjouir : il a non seulement gagné une meilleure nuit de sommeil, mais aussi le respect de ses coéquipiers et des partisans.
Un premier pas vers une étoile qui brille à nouveau.
Newhook est vraiment le seul qui aime passer des nuits blanches dans un avion, comme celles que le Canadien a souvent vécues par le passé.
Peu importe ce qu'il en pense, ces déplacements sont épuisants pour des athlètes de haut niveau. Après un match qui se termine alors qu'il est proche de 22 heures, les joueurs doivent d’abord passer par une série d’étapes avant de pouvoir prendre l’avion : entrevues d’après-match, douche, repas rapide, et transport jusqu’à l’aéroport.
Les formalités de départ, parfois aggravées par des contrôles douaniers, repoussent encore plus l’heure de décollage.
Résultat : l’avion ne quitte souvent pas le sol avant minuit, voire plus tard.
Même dans un avion confortable, dormir reste un défi. Les sièges inclinables ne remplacent pas un lit, et les vibrations, le bruit des moteurs et les mouvements du personnel de bord perturbent le sommeil des joueurs.
Une fois arrivés à destination, vers 2 h ou 3 h du matin, ils doivent encore se rendre à leur hôtel, s’enregistrer et enfin se coucher, souvent aux alentours de 4 h.
Cette fragmentation du sommeil, comme l’explique le Dr Jonathan Charest à La Presse, a des conséquences dévastatrices sur l’horloge biologique des athlètes.
Une nuit coupée de 4 heures maximum ne permet pas au corps de récupérer pleinement, car les cycles de sommeil profonds, essentiels pour la production d’hormones de croissance et la réparation musculaire, sont interrompus.
Cela peut laisser les joueurs épuisés, avec un temps de récupération prolongé et des performances horribles lors des prochains matchs.
Dans ce dossier, Nick Suzuki a prouvé qu’il comprenait les besoins de son équipe. Suzuki a pris ses responsabilités en tant que leader.
N'en déplaise à Newhook le grincheux.