Le directeur général du Canadien de Montréal savait déjà que l’été 2026 allait être un moment charnière pour son équipe.
Pour la première fois depuis longtemps, le CH aura une marge de manœuvre considérable sous le plafond salarial.
L’occasion rêvée, pensaient certains, de frapper un grand coup et de combler le trou béant qui persiste derrière Nick Suzuki au centre.
Mais voilà qu’un pion important du marché semble disparaître.
Jack Eichel, admissible à l’autonomie complète à la fin de la saison 2025-26, a confirmé son intention de demeurer à Las Vegas.
« Pour le moment, non. J’adore cette organisation, j’aime vivre ici, les gars dans le vestiaire, les partisans. C’est vraiment un endroit merveilleux pour jouer et vivre. »
Une déclaration qui, en apparence, ne concerne pas directement le Canadien.
Après tout, personne n’imaginait sérieusement Eichel débarquer à Montréal. Mais dans l’échiquier complexe du marché des joueurs autonomes, chaque vedette disponible agit comme une pièce maîtresse.
Et quand une pièce de ce calibre se retire, c’est tout l’équilibre qui change.
Pour Hughes, la perte de ce pion n’est pas une surprise, mais c’est un signal.
À partir de là, c’est impossible de fermer les yeux : le marché 2026, qui devait offrir plusieurs options, commence déjà à se rétrécir.
Et c’est d’autant plus frustrant que, sur papier, c’était peut-être le plus gros alignement de vedettes de l’histoire moderne de la LNH.
Anze Kopitar a déjà annoncé qu’il prendra sa retraite après la saison.
Evgeni Malkin suivra le même chemin, tranquillement mais sûrement.
Artemi Panarin pourrait devenir libre comme l’air.
Martin Nečas, lui, fait partie des noms intrigants qui pourraient tout changer.
Kyle Connor aussi.
Imagine ça : Connor McDavid, Kirill Kaprizov, Panarin, Connor, Nečas… tous potentiellement sur le marché la même année.
C’est hallucinant. On ne reverra peut-être jamais un tel bassin de superstars en même temps.
Mais voilà : la réalité vient déjà de frapper.
Si avec une telle brochette de vedettes ... McDavid, Kaprizov, Panarin, Connor, Nečas ... Kent Hughes ressort de là les mains vides, ce sera plus qu’une douche froide : ce sera une faillite stratégique.
Montréal aura environ 20 millions de disponibles après les signatures...
Tu ne peux pas te permettre de laisser filer un tel marché et continuer de vendre la reconstruction.
Un de ces joueurs-là doit finir à Montréal. Sinon, à quoi bon?
Jack Eichel, un des plus gros morceaux de ce groupe, vient de fermer la porte.
Car ce n’est pas un secret : Hughes n’a pas encore trouvé la solution au problème récurrent du deuxième centre.
Kirby Dach? Trop fragile. Owen Beck? Trop jeune. Michael Hage? Prometteur, mais encore loin d’être une garantie.
Résultat : le Canadien continue d’espérer qu’un joueur déjà établi viendra combler ce trou par magie.
Mais quand le marché s’amincit aussi vite, attendre devient un luxe dangereux.
C’est là que la notion de « pion » prend tout son sens.
Dans le jeu de Hughes, chaque vedette disponible, qu’elle soit réaliste pour Montréal ou non, agit comme un pion stratégique.
Regarde les projections : en 2025-26, Montréal n’a que 4,5 millions de marge de manœuvre.
Une marge qui fondra rapidement en tenant compte des bonus et des petits ajustements.
Mais à partir de 2026-27, c’est une explosion : près de 38 millions disponibles.
Puis, en 2027-28, plus de 72 millions.
Mais comme toujours, la réalité est moins belle que sur le papier.
Parce que dans ce calcul, il y a des bombes à retardement.
La première se nomme Lane Hutson. Son contrat d’entrée arrive à échéance à l’été 2026.
Et si Hughes veut le prolonger, il devra sortir le chéquier.
Pas question d’espérer un « deal d’ami » à 3 ou 4 millions.
Hutson, avec son profil offensif et son potentiel d’élite, entre dans la catégorie des Noah Dobson. Et Dobson, lui, a touché 9,5 millions.
C’est probablement la barre que Hutson et son agent viseront.
Une extension de ce calibre viendra gruger une partie significative de la marge de Hughes.
Et ce n’est pas tout. Jayden Struble sera aussi à prolonger. Arber Xhekaj deviendra RFA.
Même scénario du côté des attaquants : Dach, Veleno, Beck… des dossiers qui vont s’empiler.
Alors oui, Hughes aura de l’espace, mais il ne sera pas aussi libre qu’il l’espère. Chaque dollar devra être pesé.
C’est pour ça que la disparition d’un pion comme Eichel est une tuile importante.
Pas parce que Montréal avait une vraie chance de le signer, mais parce que sa simple présence créait des alternatives.
Sans lui, le marché perd de sa densité.
Et plus il se vide, plus Hughes risque de devoir payer trop cher pour des options secondaires.
C’est là que la spirale dangereuse commence : surpayer un joueur de deuxième ordre pour donner l’impression d’avoir bougé.
Et c’est là que le contraste avec Vegas fait mal.
Les Golden Knights ont bâti une organisation où les vedettes veulent rester. Ils ont osé, ils ont manipulé leur cap avec une audace presque indécente, et ils ont gagné une Coupe Stanley en 2023.
Aujourd’hui, Eichel n’a aucune raison de quitter. Pourquoi tester un marché incertain alors qu’il vit au soleil, qu’il gagne, et qu’il est entouré?
Pendant ce temps, Montréal continue de se battre pour convaincre que son projet est sexy. La vérité? Il ne l’est pas encore assez pour attirer ce type de joueur.
Les partisans du Canadien le savent.
Ils l’ont vu en 2025 : le marché ouvrait, Hughes avait de l’argent, et pourtant, rien de majeur ne s’est produit.
Granlund? Raté. Piuss Suter? Raté. Les gros noms ont dit non.
Et ce scénario risque de se répéter en 2026 si Hughes mise tout sur l’autonomie.
Le DG doit absolument comprendre que le salut ne viendra pas seulement de là.
Le CH n’attire plus automatiquement. Ce n’est pas une fatalité, mais c’est une réalité à laquelle il faut s’adapter.
Alors, quel est le vrai plan? Miser sur Michael Hage et espérer qu’il explose? Compter sur le retour miraculeux de Dach?
Croire qu’un Beck pourra rapidement devenir un centre top-6 fiable?
Ou bien utiliser ses actifs ... ses jeunes, ses choix ... pour aller chercher par transaction ce que le marché ne donnera pas?
Une chose est certaine : Hughes ne peut plus attendre passivement.
Chaque tuile qui tombe rend le chantier plus instable.
Et ce n’est pas qu’une question de hockey. C’est aussi une question de perception.
Les partisans veulent croire que le grand virage approche, et ils n’ont pas tort.
Une fenêtre s’ouvre à Montréal.
Pas une fenêtre éternelle, pas une fenêtre qui va durer vingt ans.
Une vraie fenêtre, claire et précise : celle de Nick Suzuki et de ce noyau encore jeune qui commence à entrer dans sa maturité.
Caufield, Slafkovsky, Guhle, Hutson, Demidov… tous sont encore en bas de 25 ans.
C’est le moment où tes leaders deviennent de vrais capitaines, où ton noyau cesse d’être une promesse et commence à livrer pour de vrai.
Cette fenêtre, elle durera quoi? Cinq ans, peut-être. Pas plus.
Regarde Edmonton. McDavid et Draisaitl ont tout fait pour traîner leur équipe jusque dans la lumière, mais leur noyau approche de la trentaine et la fenêtre se referme tranquillement.
C’est cruel, mais c’est la réalité de la LNH : tu n’as qu’une poignée d’années où tout s’aligne.
Montréal, lui, est à l’aube de cette période bénie. Mais il faudra la maximiser.
C’est là que Kent Hughes n’a pas le droit à l’erreur.
Tu ajoutes un joueur de 29 ou 30 ans de calibre élite à un noyau de 23-24 ans, et soudainement, tout change. L’expérience équilibre la jeunesse, le groupe prend une nouvelle dimension et ta fenêtre devient exploitable.
Mais si tu rates ton coup, si tu ne profites pas de ces années-là, tu regardes ta fenêtre se fermer sans jamais l’avoir utilisée.
Et c’est là que le plan de reconstruction devient un échec.
Dans le fond, c’est simple : Hughes avait cinq ans pour reconstruire. Il aura cinq autres années pour gagner.
Dix ans au total. Et le chronomètre a déjà commencé à tourner.
Au bout du compte, tout se résume à ça : Kent Hughes n’a plus le luxe d’attendre.
La fenêtre est ouverte, mais elle ne le sera pas longtemps.
Les pions disparaissent un à un du marché, les partisans voient venir la tempête et l’organisation sait que les cinq prochaines années décideront si la reconstruction mène à la Coupe ou à un autre cycle d’échecs.
Ce n’est plus une question d’espérance ou de patience : c’est une question d’action.
Lets go...