Nouveau favori pour le trophée Calder: Ivan Demidov voit rouge

Nouveau favori pour le trophée Calder: Ivan Demidov voit rouge

Par Nicolas Pérusse le 2025-08-16

Le duel est lancé.

Deux Russes, deux anciens coéquipiers, deux destins qui s’entrechoquent. Ivan Demidov et Alexander Nikishin. L’un est l’enfant prodige, magicien offensif promis aux feux de la rampe. L’autre est déjà un homme, capitaine en KHL, taillé comme une forteresse, façonné pour la guerre de la NHL.

Et leur point commun? Le Trophy Calder, cette couronne qui ne reviendra qu’à un seul.

La voie de Demidov est tracée depuis longtemps. Les projecteurs, la magie, les highlights. Mais l’ombre du SKA plane encore. Et dans cette ombre, il y avait Nikishin. Défenseur complet, colosse à 22 ans, leader dans la deuxième meilleure ligue au monde. Un capitaine qui a déjà dominé parmi les hommes.

Et lui, contrairement à Demidov, il débarque dans la LNH non pas comme un espoir à apprivoiser, mais comme une pièce maîtresse prête à être vissée dans un alignement du calibre de la coupe Stanley.

On l’a vu au printemps. Arrivé en Caroline en plein cœur des séries. Un baptême brutal. Un premier match spectaculaire, mais vite rattrapé par la dure réalité des séries de la LNH.

Là où chaque erreur coûte dix fois plus cher. Là où les recrues comprennent que le hockey de saison et le hockey de séries, ce sont deux ligues différentes. Nikishin a mordu à la poussière, comme tout jeune le ferait.

Mais dans sa défaite se cachait une victoire : l’apprentissage accéléré de ce qu’il lui manque pour dominer. Son été n’a pas été une pause. Ça a été une préparation militaire.

Et déjà, les rumeurs s’enflamment. On le voit sur le premier avantage numérique. On l’imagine aux côtés de Jaccob Slavin sur la première paire défensive. On le projette à la place de Shayne Gostisbehere, relégué sur la deuxième vague.

Les partisans en débattent déjà : Nikishin a porté l'avantage numérique du SKA, pourquoi pas celui des Hurricanes? Brind’Amour aura beau vouloir le protéger, la logique finit toujours par s’imposer. Quand tu as un défenseur qui peut jouer 22 minutes par soir, à forces égales, en infériorité et en supériorité, tôt ou tard, tu le mets au sommet.

C’est ça qui fait peur à Demidov. Le Calder n’est pas un concours de beauté. C’est une question d’impact immédiat.

Oui, Demidov fera lever le Centre Bell. Oui, il collectionnera les feintes et les passes lumineuses. Mais Nikishin, lui, pourrait transformer la colonne vertébrale d’une équipe de playoffs dès sa première saison complète.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2022-23, 55 points en 65 matchs avec le SKA. En 2023-24, encore 56 points. En 2024-25, 46 points en 61 rencontres, tout en portant le « C » à 22 ans. Dans l’histoire récente, quel défenseur a eu un tel rendement en KHL à cet âge? Aucun.

Les modèles statistiques le confirment : Byron Bader l’a écrit noir sur blanc, Nikishin détient le plus haut équivalent non-NHL  de tous les défenseurs U22 repêchés depuis 30 ans. Un chiffre seulement surpassé par Andrei Markov.

Ça place le débat.

Et si vous cherchez un parallèle, regardez Moritz Seider. L’Allemand a débarqué à Detroit en 2021-22, mature, complet, et a raflé le Calder. Nikishin suit la même recette. Pas un flash offensif pur comme Hutson ou Buium. Pas un magicien comme Demidov.

Mais un défenseur de franchise, prêt maintenant et dans ce genre de compétition, l’âge devient une arme.

Parce qu’il faut bien le dire : les autres candidats au Calder de 2026, aussi talentueux soient-ils, sont encore des adolescents. Cole Hutson, par exemple. Tout le monde rêve de le voir suivre les traces de son frère Lane, qui a fait exploser les attentes avec le Canadien. Mais ce sont des exceptions rarissimes. Pour chaque Lane Hutson qui brise les préjugés, combien de défenseurs de petit gabarit ont eu besoin de deux ou trois ans pour trouver leur place?

Cole Hutson peut impressionner, mais miser sur lui comme favori immédiat est un pari risqué.

Zeev Buium, lui, est un artiste. Défenseur offensif spectaculaire, premier choix du Wild, il pourrait vite devenir un visage de la nouvelle génération. Mais encore une fois, sa force est l’offensive. Ses responsabilités défensives devront se construire avec le temps. Pas sûr qu’il soit lancé en première vague de Minnesota dès sa saison recrue.

Et puis il y a Michael Misa. Lui aussi, les projecteurs l’attendent. Mais sa jeunesse joue contre lui. Comme bien des espoirs du repêchage 2025, il aura peut-être besoin d’une saison de plus.

Nikishin, lui, n’a plus besoin de rien. Il est prêt.

C’est ce qui rend sa candidature si dangereuse. Le Calder, souvent, revient aux attaquants spectaculaires. Mais quand un défenseur complet débarque déjà au sommet, il bouscule la hiérarchie. Comme Seider. Comme Barzal avait bousculé un Matthews. L’histoire du trophée est faite de ces surprises.

Alors oui, la voie est tracée pour Demidov. C’est l’histoire romantique : un Russe au Centre Bell, des mains en or, une ville prête à tomber amoureuse. Mais la voie royale, elle, pourrait bien être celle de Nikishin. La maturité. La robustesse. Le leadership. Tout ce que le hockey nord-américain respecte.

Dans quelques mois, le débat sur l'avantage numérqiue des Hurricanes paraîtra bien secondaire. Qu’il commence sur la deuxième vague, qu’il soit protégé quelques semaines par Brind’Amour… tôt ou tard, il prendra la place qui lui revient.

Et quand ce jour arrivera, le duel avec Demidov deviendra frontal. Deux anciens coéquipiers russes, face à face, pour un trophée qui n’accepte pas les partages.

Et c’est là que le choc devient fascinant. Deux philosophies, deux chemins. Le spectacle contre la structure. La magie contre le mur. Et au final, le statut d'être l'élu d'une nation. 

La saison 2025-26 s’annonce comme un carrefour. Cole Hutson, Zeev Buium, Michael Misa viendront compléter le tableau.

Le Trophy Calder n’aura jamais été aussi dramatique. Et si les partisans du Canadien rêvent déjà d’un conte de fées signé Demidov, les Hurricanes, eux, savent qu’ils possèdent une carte maîtresse qui pourrait tout changer.

Parce qu’un magicien peut envoûter une ville. Mais un pilier, lui, peut bâtir une dynastie.

Et c’est exactement ce qu’Alexander Nikishin est en train de devenir.