Nos pensées accompagnent Steve Bégin et sa famille

Nos pensées accompagnent Steve Bégin et sa famille

Par David Garel le 2025-06-01

Il y a des histoires qui frappent. Des récits qui ne laissent personne indifférent. Celle de Steve Bégin en est une. Une saga de douleurs physiques, de trahisons financières, de combats mentaux et d’espoir tenace.

Un parcours du combattant si brutal et bouleversant qu’il en devient une leçon de vie. Une ode au courage, à la résilience, et à l’amour d’un homme pour sa famille, sa communauté, et la vie elle-même.

Aujourd’hui, ce n’est pas un ancien joueur de hockey dont il est question. C’est d’un être humain qui, malgré tout, continue de sourire, de se battre et d’inspirer.

Huit opérations, une neuvième à venir. Un corps brisé, mais une âme intacte. Oui, vous avez bien lu.

Le 24 mai dernier, Steve Bégin a subi sa huitième opération majeure liée à sa carrière de hockeyeur. Une fusion de deux vertèbres lombaires. Il ne sait même pas lesquelles. Il ne veut pas savoir. La douleur est constante, lancinante, mais il a appris à vivre avec.

À endurer. Comme toujours. Et une neuvième chirurgie est déjà planifiée : la quatrième à la même épaule, la gauche. On ne parle pas ici d’un joueur qui aurait profité de sa gloire pour se la couler douce à la retraite. On parle d’un homme qui, depuis la fin de sa carrière, souffre. Tous les jours. Silencieusement. Dignement.

À cela s’ajoutent trois opérations à l’épaule, deux aux hanches, une au genou, une pour une hernie abdominale, une autre pour une fracture du nez.

Et cette dernière, il s’en rappelle comme si c’était hier. C’était en pleine saison avec les Flames de Calgary, lors d’un combat avec le robuste Brad May. Le nez cassé. Il continue quand même le voyage avec l’équipe. Et à son retour, c’est un médecin qui tente, à genoux sur lui, de lui remettre le nez en place… en vain.

« Je voyais des étoiles », lance-t-il, mi-rieur, mi-fataliste. Il fallait opérer.

Mais la vraie douleur de Steve Bégin, elle n’est pas que physique. Elle commence dès l’enfance. Né dans une famille démunie, vu comme un cas perdu à l’école à cause de sa dyslexie sévère, il est stigmatisé, humilié, ignoré.

« Le pas d’allure de la classe », se rappelle-t-il avec une tristesse douce-amère. Les enseignants lui disaient de ne pas rêver à une carrière dans la LNH. Ils n’y croyaient pas. Mais lui, oui. Et c’est là que commence sa plus grande victoire : celle de croire en lui, envers et contre tous.

Contre toute attente, il joue pour les Flames, les Canadiens, les Stars, les Bruins et les Predators. Il fait sa place. Pas comme vedette, non. Comme guerrier. Comme joueur au cœur immense, qui sacrifie son corps à chaque présence.

Et même après avoir raccroché ses patins, il continue de se battre. En 2018, cinq ans après sa retraite, il retourne à l’école et décroche enfin son diplôme d’études secondaires. Il a 40 ans. Et pour lui, c’est aussi important que d’avoir mis les pieds dans la LNH. Il le fait pour lui, pour ses filles, pour prouver que rien n’est impossible.

Aujourd’hui, Steve Bégin est devenu conférencier. Il visite les écoles, les centres de prévention du suicide, les organismes communautaires. Il y parle avec ses mots à lui. Des mots simples, chargés de vécu. Des mots qui frappent. Il évoque ses « trois piliers » : se fixer des objectifs, persévérer, et avoir du courage. Des paroles vraies. Sans détour.

Et quand il raconte son histoire, il touche. Parce qu’il ne joue pas un rôle. Il est lui-même. Le même gars qui se faisait frapper dans les bandes, qui rentrait au banc en boitant, qui revenait au jeu malgré tout.

Mais le destin n’avait pas encore dit son dernier mot.

En 2024, une autre bombe éclate dans la vie de Steve Bégin. Une faillite. Une vraie. Pas une image. Une faillite financière. Et cette fois, pas de commotion cérébrale, pas de fracture. C’est son cœur qui est touché.

Depuis 2013, il avait investi « d’importantes sommes d’argent » dans une entreprise de génie civil appelée Nobesco. Il en détenait 75 % de la juste valeur. Vice-président, copropriétaire, il croyait en ce projet. Il y croyait tellement qu’il a mis ses économies sur la table. Il a fait confiance. Et il a été trahi.

En février 2024, Nobesco ferme ses portes. 13,9 millions de dettes. 11,9 millions d’actifs. La chute est brutale. Le ministère des Transports du Québec avait pourtant confié des contrats à Nobesco, parfois de plusieurs millions. Mais les critiques s’accumulaient : factures impayées, mauvaise foi, réputation entachée. Et c’est Steve Bégin qui paye le prix. Personnellement. Il est ruiné.

« Ce que je vous partage ce matin, je le fais avec un mélange d’humilité et de regrets », écrit-il dans une lettre déchirante sur Instagram. Ce n’est pas de la pitié qu’il veut. Il veut juste raconter la vérité. Assumer. Encore une fois.

Au milieu de tout ça, il y a ses filles. Deux jeunes femmes qui ont hérité de son courage. L’une étudie à McGill, l’autre au Cégep de Drummondville.

La plus jeune, Maylia, vit avec les mêmes défis d’apprentissage que lui. Et il la voit se battre. Étudier comme une acharnée. Et chaque petite victoire est une célébration. Une revanche sur la vie. Et Steve Bégin est fier. Fier comme un père qui a montré la voie, non pas par ses paroles, mais par son exemple.

Dans les vestiaires, il avait un surnom : Turbo Jack. Toujours prêt à sauter sur la glace, à foncer dans le tas, à encaisser les coups. C’était lui, le cœur du vestiaire. Pas le joueur étoile, non. Le ciment. Le gars qui faisait lever l’équipe par son effort, son intensité. Mais aujourd’hui, Turbo Jack est épuisé. Brisé. Usé. Mais debout.

Il ne se plaint pas. Il rit encore. Il fait des blagues en parlant de ses vertèbres soudées, de son nez recollé de force, de sa hanche fracassée par Guillaume Latendresse lors d’un match des anciens. Oui, même ça, il l’a pris avec humour. Parce que c’est sa nature. Parce qu’il n’a pas le luxe de s’apitoyer.

Steve as connu la pauvreté, le rejet, les blessures, la trahison financière, et aujourd’hui, il marche encore. Il inspire. Il élève les autres par ta simple présence. Il nous rappelles que derrière chaque casque de hockey se cache une histoire humaine. Et que certaines histoires valent mille fois plus qu’un but ou une passe.

Nos pensées l’accompagnent, lui et ta famille. Il est une légende, pas pour ce que qu'il fait sur la glace, mais pour ce qu'il fait encore, chaque jour, en silence.