Nos pensées accompagnent TVA Sports, qui vient de subir un sérieux revers avec les résultats décevants du match d’ouverture des Canadiens de Montréal.
Alors que la chaîne espérait capitaliser sur cet événement pour relancer ses cotes d’écoute, les chiffres sont tombés comme une douche froide : seulement 524 000 téléspectateurs en moyenne à la minute, selon le journaliste Maxime Truman, toujours aussi bien connecté dans le domaine de l'audience médiatique.
Ce chiffre est bien loin des 700 000 à 800 000 téléspectateurs qui étaient la norme, et il représente un échec cinglant pour une chaîne qui mise énormément sur le hockey pour assurer sa survie financière.
Pour Félix Séguin, le descripteur de longue date, et Patrick Lalime, l’analyste à l’émission, ce revers est particulièrement difficile à encaisser.
La prestation des deux commentateurs n’était pourtant pas catastrophique. Mais de nombreux Québécois, insatisfaits, ont choisi de syntoniser Sportsnet plutôt que TVA Sports.
Une tendance qui s'accentue et qui expose de manière cruel les défis auxquels la chaîne est confrontée.
Des défis aussi gros qu'une montagne à surmonter. La dégringolade est-elle inarrêtable?
La baisse marquée des cotes d’écoute du match d’ouverture s’inscrit dans un contexte où TVA Sports semble accumuler les échecs.
Depuis sa création en 2011, la chaîne n’a jamais été rentable, accumulant des pertes totales de près de 300 millions de dollars. (Pierre-Karl Péladeau parlent plutôt de 242 millions de dollars, les pertes doivent se trouver dans le milieu).
Les problèmes se sont accentués au cours des dernières années, alors que la chaîne continue de perdre des abonnés à un rythme alarmant : 9 % de moins en 2023, soit 115 000 abonnés en moins. On attend toujours les chiffres pour 2024, mais selon ce qui circule, ce serait encore pire.
Ces chiffres ne laissent guère de place à l’optimisme pour les années à venir, surtout avec l’échéance de 2026, date à laquelle le contrat de diffusion exclusive de la LNH prendra fin.
Les raisons derrière cet échec sont nombreuses, mais un problème ressort particulièrement : la qualité des commentaires et analyses offerts aux téléspectateurs.
Félix Séguin, en particulier, entame une année cruciale. Sa crédibilité a été sérieusement ébranlée ces dernières années, mais force est d'admettre qu'il s'est amélioré.
Pour Félix Séguin, le poids des critiques est énorme. Il se retrouve constamment sous les projecteurs, avec la pression de livrer une performance irréprochable à chaque match.
La pression du public revient régulièrement le hanter, à chaque fois qu'il fait une erreur, aussi petite soit-elle. Il est aujourd'hui devenu malgré lui un symbole des failles de la couverture sportive de TVA Sports.
La pression n'est pas uniquement ressentie par Félix Séguin. Patrick Lalime, malgré son expérience en tant qu'ancien joueur de la LNH, n’a pas échappé aux critiques.
De nombreux téléspectateurs estiment que ses analyses manquent parfois de profondeur et d'originalité, ce qui n'aide pas à compenser les lacunes observées lors des diffusions.
Les deux commentateurs sont ainsi pris dans une spirale négative où chaque erreur est amplifiée par les réseaux sociaux, rendant leur travail particulièrement difficile.
Hier, pour vrai, ils ont été bien corrects. Mais cela n'a pas empêché de voir plusieurs Québécois délaisser le hockey francophone pour la chaîne anglophone.
Loin d’être épargnée, Élizabeth Rancourt traverse également une période difficile. Depuis qu’elle a pris la relève de Louis Jean à l'hiver 2023, les cotes d’écoute n'ont cessé de baisser.
Malgré ses efforts pour s'imposer, la transition a été brutale, et les téléspectateurs n'ont pas tardé à manifester leur mécontentement.
Les critiques misogynes qui l'ont visée à la suite de certaines couvertures de matchs n’ont fait qu’aggraver les tensions, exposant une réalité sans pitié : le public de TVA Sports peine à s’identifier à cette nouvelle génération d’animateurs.
Toutefois, tomber dans les commentaires mysogyne est tout simplement dégoûtant et cela n'a pas lieu d'être.
Ses commentaires à l’égard de Marc Denis, critiquant son "jeu d'image" et son français trop soigné, ont provoqué l'indignation. Ses attaques contre Carey Price, l'accusant de jouer uniquement pour l'argent, ont choqué les fans, qui n’ont pas pardonné ce qu’ils ont perçu comme une offense à l’égard d'un joueur adoré.
Mais elle mérite une autre chance. Jamais au grand jamais mérite-t-elle des commentaires désobligeants parce qu'elle est une femme. Rien ne justifie, en 2024, des commentairres mysogynes.
En toile de fond, l’éviction de Dave Morissette continue de hanter TVA Sports. Sa mise à l'écart progressive au profit d’Élizabeth Rancourt a laissé un vide chez de nombreux téléspectateurs.
Morissette, une figure populaire, particulièrement dans les régions, symbolisait la proximité et l'humanité que les fans appréciaient. Son retrait a été vécu comme un abandon par une partie du public, qui peine à retrouver cette même connexion avec la nouvelle génération d’animateurs.
Et voir Morissette comme bouche-trou à l'après-match en train ave Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse crée un malaise de pitié.
Comme si on avait voulu donner les miettes à Morisette. Comme si on avait voulu lui donner le bonbon de la pitié.
Le choix de nombreux Québécois de syntoniser Sportsnet au lieu de TVA Sports est révélateur. La qualité de la couverture offerte par le diffuseur anglophone, combinée à une offre plus variée et dynamique, séduit de plus en plus de téléspectateurs.
À l'inverse, TVA Sports est perçue comme stagnante, en dépit des investissements massifs consentis par Péladeau pour améliorer ses émissions.
Pour TVA Sports, ce début de saison catastrophique est un coup dur, et il soulève de sérieuses questions sur la viabilité à long terme de la chaîne.
Pierre Karl Péladeau, président de Québecor, continue d’affirmer que TVA Sports fait partie intégrante de la stratégie du groupe, mais les faits montrent que l’entreprise n’a jamais été aussi proche de l'effondrement.
Les pertes accumulées, l’effondrement des audiences, et les problèmes de crédibilité des commentateurs sont autant de défis qui pourraient mener à une réévaluation complète du modèle d'affaires en 2025-2026, la dernière année de la chaîne avant de perdre les droits de la LNH et du CH.
Mais ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini.
L'année 2024 s'annonce déterminante pour Félix Séguin, Élizabeth Rancourt, et plus largement pour toute l'équipe de TVA Sports.
Les résultats du match d'ouverture ont envoyé un signal clair : le public ne se contente plus d'une couverture approximative.
Les téléspectateurs recherchent une expertise authentique, des analyses percutantes, et une connexion avec les commentateurs.
En ce moment, la chimie entre TVA Sports et le public n'est pas au rendez-vous.
Pour TVA Sports, l’heure est aux choix difficiles. Continuer sur cette voie, malgré les résultats décevants d'hier, ou admettre les erreurs du passé et opérer un virage stratégique dès maintenant.
Dans tous les cas, l'avenir de la chaîne, tout comme celui de ses animateurs, reste suspendu à un fil.
Les prochaines semaines seront cruciales, et tout le monde chez TVA Sports devra se montrer à la hauteur pour regagner la confiance d’un public de plus en plus cruel.
Nos pensées sont avec eux.