Les propos de Martin St-Louis sur sa femme Heather Caragol nous a donné les larmes aux yeux.
« La deuxième est mon épouse, qui se trouve à mes côtés depuis longtemps. Elle a vu un jeune homme essayer de réaliser son rêve et travailler malgré les hauts et les bas. Elle m’a toujours gardé très humble et elle joue un grand rôle dans ma vie, car elle m’aide à être la meilleure personne possible, le meilleur mari et le meilleur père », a-t-il ajouté, un sourire reconnaissant aux lèvres.
Heather a été témoin des doutes et des sacrifices, des longues nuits de travail acharné, des blessures, des déceptions et des victoires.
Elle a élevé leurs trois fils presque seule pendant que Martin poursuivait son rêve dans la LNH, acceptant les absences, les déménagements, l’incertitude.
Puis, quand il a raccroché ses patins en 2015, il a fait une promesse : avant d’entraîner, il allait d’abord être père à plein temps.
Pendant sept ans, il a redonné à ses enfants ce qu’il leur devait. Il a été derrière le banc des jeunes de Mid-Fairfield, un père avant d’être un coach.
Mais lorsque l’appel du Canadien est venu, Heather était encore là, prête à l’épauler une fois de plus, sachant que son cœur appartenait à la glace.
Mais le retour de Martin St-Louis derrière un banc de la LNH a entraîné une conséquence déchirante : Heather ne l’a pas suivi à Montréal.
Et la saison prochaine, elle ne le suivra pas.
L'entraîneur du Canadien vivra loin des siens, isolé, déraciné. Sa femme, elle, restera au Connecticut. Non pas par manque d’amour ou de soutien, mais par nécessité.
Mason, leur fils cadet de 16 ans, a besoin d’elle.
Après son accident effrayant sur la glace et l’hospitalisation qui s’en est suivie, Mason n’a pas seulement eu besoin de soins médicaux, il a eu besoin de sa mère, de sa présence rassurante, de son amour indéfectible.
Heather ne pouvait tout simplement pas envisager de le laisser seul. Alors, elle a pris une décision difficile, mais inévitable : elle reste au Connecticut pour veiller sur leur fils.
« Il y a plusieurs choses qui ont changé pour la vie familiale.
« Moi, je suis occupé et j’ai juste une personne à m’occuper. Ils vont venir me visiter comme la saison dernière. Ma femme est venue me voir pour deux blocs de sept à dix jours à Montréal. Mes trois gars sont venus pour une fin de semaine avec ma femme. On va tenter de trouver des moments pour se voir. »
Ces visites éclairs sont précieuses, mais insuffisantes. À l’approche de la cinquantaine, St-Louis se rend compte à quel point le temps file, à quel point chaque jour passé loin de sa famille est un jour qu’il ne retrouvera jamais.
« Je n’ai pas trop le temps de m’ennuyer. J’aimerais les voir plus souvent, mais la saison se déroule rapidement. Et l'été aussi. Je n’en reviens pas, l'été est pratiquement terminé. Ça n’a pas de sens. »
On entend, derrière ces mots, une forme de regret, un constat d’impuissance. Son rêve l’a éloigné des siens, et il doit vivre avec cette réalité.
Le hockey coule dans ses veines, mais il sait aussi qu’il paie un prix énorme pour continuer d’être derrière le banc du Canadien.
Heather, elle, vit la solitude d’une femme dont le mari est pris entre deux mondes. Une femme qui a soutenu son homme sans jamais lui mettre de barrières, qui a tout sacrifié pour que son mari vive son rêve. Mais à quel prix ?
Car peu importe la fortune accumulée, les maisons luxueuses ou la reconnaissance de la LNH, l’amour d’un couple et d’une famille ne se compte pas en millions.
Les dollars ne réchauffent pas un lit vide.
Les trophées ne remplacent pas les bras d’un mari et d’un père.
Ainsi va la vie dans le hockey professionnel. Un monde de gloire et de sacrifices, où les victoires ont parfois un goût amer et où l’amour doit apprendre à survivre à la distance.
Heather et Martin St-Louis en sont un exemple poignant. Un couple uni, mais séparé.
Deux âmes liées, mais vivant dans deux mondes différents.
Et au cœur de tout cela, Mason, leur fils, qui est devenu malgré lui le centre de cette immense séparation.
Un jour, peut-être, ils se retrouveront sous le même toit. Mais d’ici là, Martin St-Louis continuera d’avancer seul à Montréal, portant en lui l’amour de sa femme et de ses enfants comme une lumière dans la tempête.
Si Kent Hughes a choisi Montréal pour préserver l’équilibre familial, Martin St-Louis, lui, a pris une route bien différente.
Non par égoïsme ou insensibilité, mais par cette flamme intérieure qui l’anime depuis toujours. Son amour du hockey a toujours guidé ses décisions, même lorsque cela signifie être éloigné de ceux qui comptent le plus pour lui.
Chaque saison qui passe, la solitude d’Heather Caragol se prolonge. Chaque année, elle voit son mari repartir à Montréal, laissant derrière lui une maison silencieuse, des soupers solitaires et un fils qui a encore besoin de lui. Et cette année, plus que jamais, le poids de la distance se fait ressentir.
Heather a accepté cet arrangement sans jamais se plaindre, consciente que le hockey est une part indissociable de Martin.
Mais comment ne pas ressentir un pincement au cœur en le voyant s’investir corps et âme pour ses joueurs alors que, de son côté, elle traverse seule les défis du quotidien?
Lorsque son plus jeune, Mason, s’est retrouvé étendu sur la glace, inconscient après une collision brutale la saison dernière, c’est elle qui était là.
C’est elle qui a attendu, angoissée, les résultats médicaux. C’est elle qui a veillé à son chevet, rassuré ses deux autres fils et porté le poids de l’incertitude.
Pendant ce temps, Martin, lui, faisait l’impossible pour jongler entre ses responsabilités à Montréal et son rôle de père.
Le Hockey Avant Tout… Mais Jusqu’à Quand?
Avec une fortune personnelle estimée entre 60 et 70 millions de dollars, St-Louis n’a pas besoin de ce travail pour assurer la sécurité financière de sa famille. Mais il ne peut pas s’arrêter.
Son discours est clair : il croit en ce projet à long terme. Il est prêt à patienter, à construire cette équipe avec le temps. Mais le temps, justement, est une denrée précieuse, surtout quand il est passé loin de ceux qu’on aime.
Lorsqu’il parle de patience et de développement à long terme, que ressent Heather en l’écoutant?
Ces mots résonnent comme une confirmation que ses années de solitude vont se prolonger… longtemps.
Pendant que Hughes a choisi une situation qui permet à sa femme d’avoir une vie sociale, St-Louis a plongé dans un projet qui l’isole totalement de sa famille. Heather, elle, n’a pas cette chance. Elle est seule.
Contrairement à Martin St-Louis, Kent Hughes a su trouver un équilibre entre sa carrière et sa vie de famille, et cela, en grande partie grâce à sa femme, Deena.
Dès le départ, elle a joué un rôle déterminant dans les décisions professionnelles de son mari. Son refus de s’exiler à Pittsburgh a poussé Hughes à décliner l’offre des Penguins, privilégiant le bien-être familial à une opportunité professionnelle alléchante.
Montréal représentait une toute autre dynamique : Deena y était déjà bien établie, entourée d’amis et d’un réseau social solide, ce qui rendait la transition plus fluide.
Elle n’a pas eu à tout sacrifier pour suivre son mari, contrairement à Heather Caragol. Aujourd’hui, Hughes peut se consacrer entièrement à son travail, sachant que sa femme et ses enfants vivent dans un environnement qui leur convient.
Il est certes accaparé par ses responsabilités, mais il rentre chez lui chaque soir, retrouvant un foyer où l’attendent sa femme et ses enfants.
Ce modèle, où le couple s’adapte sans rupture brutale, contraste fortement avec celui de St-Louis, qui vit à des centaines de kilomètres des siens. Hughes a fait le choix d’une stabilité familiale, St-Louis celui du sacrifice.
Les murmures commencent à circuler : Heather aimerait que son mari travaille un jour dans la région de New York.
Le Connecticut est sa maison. Elle y a des amies, une stabilité, un cercle de soutien. Elle a tout sacrifié pour Martin, et aujourd’hui, elle voudrait que, pour une fois, ce soit lui qui fasse un choix en fonction d’elle.
Et un poste pourrait tout changer : celui d’entraîneur-chef des Rangers de New York.
St-Louis y a joué, y a laissé une empreinte à vie. Il connaît la ville, l’organisation, la pression d’un marché aussi exigeant que Montréal. Et surtout, New York, c’est à une heure et demie de route du Connecticut.
Le jour où ce poste se libérera alors que les rumeurs de congédiement circulent autour de Peter Laviolette, les partisans du Canadien auront de quoi s’inquiéter.
Car si Heather demande à Martin de considérer cette option, comment pourra-t-il lui dire non, après toutes ces années où c’est elle qui a fait des sacrifices?
Martin St-Louis, lui, n’en parle jamais. Mais depuis l’accident de Mason, quelque chose a changé.
Fatigué de justifier son absence auprès de sa famille. Fatigué de vivre à distance. Fatigué d’être seul dans un condo de Montréal pendant que sa femme et ses fils continuent leur vie sans lui.
Hughes, lui, a trouvé un équilibre. St-Louis, non.
Et si cette situation continue, la question ne sera pas de savoir s’il va rester à Montréal, mais combien de temps encore il pourra tenir ainsi.
Hier, Journée internationale des droits des femmes, Martin St-Louis a pris un moment pour honorer les deux femmes qui ont façonné l’homme et le père qu’il est devenu.
Si l’entraîneur-chef du Canadien de Montréal consacre la majorité de son énergie à guider ses joueurs à travers les défis de la saison, il n’oublie jamais l’héritage laissé par sa mère, ni le soutien sans limite de son épouse.
« La première, c’est ma mère, France. Elle m’a évidemment bâti. J’ai été chanceux », a-t-il confié avec émotion, la voix légèrement tremblante.
Il n’a jamais oublié les paroles de cette femme qui l’a toujours encouragé à défier les probabilités, qui lui a répété, alors qu’il se voyait constamment repoussé à cause de sa taille : « Montre-leur, Marty. »
Quand elle est partie brutalement en 2014, alors qu’il jouait pour les Rangers de New York en pleine série éliminatoire, St-Louis a trouvé refuge là où il l’avait toujours fait : sur la glace.
Ce soir-là, il a inscrit un but, les larmes aux yeux, porté par le souvenir de celle qui l’avait forgé. Il a toujours dit que c’est elle qui lui a transmis la plus grande des leçons : la résilience.
Aujourd'hui, c'est à sa femme qu'il faut lever notre chapeau. Car si Montréal peut avoir un coach comme Martin St-Louis, c'est aussi grâce au courage de sa douce.