Nos pensées accompagnent Georges St-Pierre et sa famille

Nos pensées accompagnent Georges St-Pierre et sa famille

Par David Garel le 2025-06-15

C’est un véritable tremblement qui secoue le Québec.

Georges St-Pierre, le plus grand athlète que le Québec ait produit, est au cœur d’une tempête numérique sans précédent.

Lui qui incarnait jusqu’ici la classe, la discipline, l’humilité et la réussite, voit sa réputation s’effondrer à une vitesse foudroyante... pour une simple photo...

En quelques heures, l’aura de GSP s’est transformée en nuage toxique. Et les dégâts sont déjà bien réels : sa statue a été vandalisée, ses commanditaires tremblent, et même à Saint-Lambert, sa communauté d’adoption, l’indignation gronde.

Tout est parti d’une simple publication. Une photo, en pleine nature, Georges St-Pierre souriant, posant fièrement devant la carcasse d’un ours qu’il aurait chassé lui-même.

Mais ce n’est pas tant l’acte que les mots qui ont mis le feu aux poudres.

« Avant ce soir, je n’avais jamais éliminé une mouche. Ceci est la preuve que nous vivons dans une simulation. »

Un mélange maladroit d’ironie, de provocation et de philosophie numérique mal digérée. Les réactions n’ont pas tardé : une pluie d’insultes, de dénonciations, de colère. Il faut avouer que les réactions sont exagérées.

« Cruel individu », « Pathétique », « honte nationale », « déception totale », ce n’était plus de l’indignation, c’était de la rage. Même les fans les plus fidèles de l’époque UFC ont retourné leur veste.

Ce n’était pas simplement PETA ou les militants pour les droits des animaux. Non. Ce sont des gens ordinaires, des mères de famille, des ados, des fans de sport, des membres de sa propre communauté, qui ont crié leur écœurement.

Un utilisateur X a résumé ce que beaucoup pensent : 

« T’étais un exemple pour nos jeunes. Maintenant, tu glorifies la mort. »

Même sa tentative de justification a empiré les choses :

« Ils préféreraient que l’ours se fasse déchiqueter vivant par des coyotes que moi je mange de la viande organique avec ma famille. »

« Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes ne semblent pas préoccupées par les conditions inhumaines des usines de volaille et de viande, mais s’indignent face à une chasse contrôlée et légale pour de la viande organique. »

Résultat ? Encore plus de réactions enflammées. On lui reproche sa condescendance, son manque d’empathie, son incapacité à mesurer l’impact de ses propos. Certains ont même vu dans ses publications un discours “déconnecté”, arrogant, voire “dangereux”.

Mais ce n’était que le début du cauchemar.

À Saint-Isidore, la statue de bronze érigée en l’honneur de GSP, inaugurée en grande pompe en 2021 sur la Place GSP, a été vandalisée.

Une entaille nette à la cheville. Un geste probablement prémédité, selon les autorités. Le directeur général de la municipalité, Sébastien Carignan-Cervera, a confirmé que des caméras de surveillance sont en train d’être analysées, et qu’une enquête est en cours. Ce n’est pas un simple graffiti. C’est un acte symbolique. L’idole est tombée.

« C’est un manque de respect envers notre patrimoine et notre communauté », a écrit la municipalité. L’artiste Tali Levesque, bouleversée, n’en revient pas :

« Cette œuvre publique appartient à toute la population. Ces inconscients ne réalisent même pas qu’ils se volent un peu eux-mêmes. » C’est peut-être ça le plus tragique : GSP était un monument de persévérance et de fierté locale. Il ne l’est plus.

Une onde de choc qui dépasse les réseaux sociaux pour frapper l’homme, le citoyen, le modèle que tant de Québécois admirent.

Et le choc ne s’arrête pas à Saint-Isidore. À Saint-Lambert, où Georges St-Pierre réside, l’atmosphère est glaciale.

Lui qui s’est toujours montré proche de sa communauté, participant à des événements caritatifs, est aujourd’hui un homme évité.

Les discussions en ligne entre voisins se multiplient. Une résidente écrit sur un groupe local Facebook :

« Je n’arrive pas à croire qu’un homme aussi admirable puisse trouver du plaisir à tuer un animal sauvage. »

Certains le défendent encore, mais timidement. Des fans de la première heure, des amateurs de chasse, ou des figures publiques qui tentent de relativiser.

Mais ils sont minoritaires. Car dans l’ère post-pandémique, l’image de la célébrité invincible ne résiste plus à la force du collectif numérique.

Georges a tenté de provoquer un débat sur la viande industrielle, la nature, l’authenticité. Il a soulevé des points valables. Mais son erreur fondamentale a été de sous-estimer le pouvoir de l’image.

Une photo. Une phrase. Une statue. Et tout bascule.

Peu importe ce que l’on pense de la photo qui a mis le feu aux poudres, il ne faut jamais oublier l’essentiel : GSP demeure un être humain. Et il traverse en ce moment l’une des pires tempêtes publiques de sa carrière.

Derrière la chute, il y a aussi la douleur d’un être profondément ébranlé, qui n’a jamais cessé d’aimer sa communauté, et qui mérite qu’on l’écoute, même quand il fait erreur.

Aujourd’hui, la sensibilité publique a changé.

Les jeunes ne voient plus la chasse comme un acte noble. Même s’il s’agit de viande organique. Même si l’intention était bonne. Même si l’homme est bon.

Et GSP, en voulant provoquer une réflexion sur la viande industrielle, s’est heurté de plein fouet à une réalité générationnelle qu’il a sous-estimée

Mais faut-il pour autant le condamner à jamais ?

Non.

Car au fond, GSP n’a jamais été un provocateur gratuit. Il n’a jamais été un homme sans valeurs.

Il a voulu s’exprimer maladroitement sur des enjeux complexes.

Il a inspiré une génération. Il a défendu des causes nobles. Il a porté le Québec au sommet du monde des arts martiaux.

Et malgré la douleur qu’il traverse aujourd’hui, il reste un être humain, digne de compassion, de réflexion, et surtout… d’une deuxième chance.

En ce dimanche de la fête des Pères, il faut aussi se rappeler que Georges St-Pierre est un papa. Un homme, un fils, un père.

Il a une famille. Une femme discrète. Ceux qui l’ont déjà croisé dans sa vie privée savent à quel point il est attentionné, présent, tendre.

Ce qu’il vit en ce moment, c’est un cauchemar pour n’importe quel père de famille.

Voir son nom traîné dans la boue, sa statue vandalisée, ses valeurs mal comprises… c’est insoutenable.

Nos pensées sont sincèrement avec lui et sa famille. Avec ses proches. Avec cet homme qui, derrière l’armure du champion, reste profondément humain.

Il ne mérite peut-être pas ce déferlement.

Mais il mérite, plus que jamais, d’être entendu.

Aujourd’hui, GSP est un homme seul. Seul face à ses choix. Seul face aux conséquences.

Et peut-être, surtout, seul face à la plus brutale des vérités : le public ne pardonne plus aussi facilement qu’avant.

Georges St-Pierre était un combattant hors-pair, mais il vient de subir la pire défaite de sa vie. Une défaite symbolique. Une défaite sociale. Une défaite morale. Il croyait provoquer une réflexion. Il a provoqué une révolte. Il croyait parler d’authenticité. Il a récolté de la haine.

Il croyait être au sommet.

Il tombe.

Tendons-lui la main... au lieu de l'enfoncer encore plus...

Nos pensées accompagnent Georges St-Pierre et sa famille
Nos pensées accompagnent Georges St-Pierre et sa famille