Nikita Kucherov à Montréal: Kent Hughes écrit l'histoire

Nikita Kucherov à Montréal: Kent Hughes écrit l'histoire

Par David Garel le 2025-09-15

À Montréal, on parle d’Ivan Demidov comme d’un phénomène depuis que Kent Hughes a écrit l'histoire en le "volant" au 5e rang en 2024.

À Chicago, Anaheim et Columbus on pleure encore l’erreur de l’avoir ignoré. Et dans le reste de la LNH, un nom revient sans cesse lorsqu’on tente de cerner le talent du jeune Russe du Canadien : Nikita Kucherov.

Mais voilà : cette comparaison commence à déranger. Pas parce que Demidov n’est pas aussi bon. Au contraire. Mais parce que Kucherov… refuse catégoriquement d’y participer.

Plusieurs journalistes russes ont tenté de tendre la perche à Nikita Kucherov au sujet de son jeune compatriote. Des propos simples, du genre :

« Que penses-tu du jeune Demidov ? », ou « Te reconnais-tu un peu en lui ? ».

La réponse? Le mépris. Le silence. L’arrogance.

Kucherov n’a pas voulu donner de “love”, comme on dit. Aucune tape dans le dos. Aucune reconnaissance. Aucune fierté nationale. Rien.

Parce que Kucherov ne supporte pas qu’on lui colle quelqu’un dans les pattes. Surtout un autre Russe. Et surtout un joueur aussi aimé et rassembleur que Demidov.

Ce contraste de personnalité est en train de devenir un véritable thème central dans la narration autour de Demidov.

Pendant que Montréal s'excite devant son joyau, les Blackhawks de Chicago sont rongés par le remords. Ils ont laissé passer Demidov au deuxième rang du repêchage 2024 pour choisir Anton Levshunov, un défenseur sans éclat et sans aucun "swag".

Et chaque fois que le nom de Demidov est associé à celui de Kucherov, c’est une douleur de plus pour les fans des Hawks.

Parce qu’ils ne voient pas seulement ce qu’ils ont raté au niveau du talent… mais aussi au niveau de l’attitude, du charisme, de la magie.

C’est ce qui fait toute la différence. Ivan Demidov est l’opposé total de Nikita Kucherov. Le premier est souriant, généreux, chaleureux avec les fans, les médias, ses coéquipiers. Le deuxième est un iceberg : distant, cynique, égocentrique.

Demidov ne fait pas seulement de la magie sur la glace. Il est aimé.

Zachary Bolduc a été le premier à jeter de l’huile sur le feu :

« Honnêtement, c’est le joueur le plus talentueux avec lequel j’ai joué. Il fait carrément ce qu’il veut avec la rondelle. »

Puis c’est Noah Dobson qui a enchaîné :

« Pour un joueur si jeune, il est déjà tellement talentueux. Il continuera de s’améliorer, ce qui est effrayant. Il reste sur la glace pendant des heures, on a parfois du mal à le faire partir. »

Et enfin, Nick Suzuki :

« Il déborde de talent. Il apprend très rapidement. Il travaille fort. »

Des éloges unanimes, sincères, constants. Le contraire de Kucherov, qui n’a jamais fait l’unanimité dans un vestiaire, malgré ses exploits statistiques.

Kucherov a toujours rejeté toute forme de rivalité ou de comparaison. Il n’a jamais voulu être comparé à Ovechkin, ni même à Panarin, et encore moins à Kaprizov. Alors, quand on lui colle le nom de Demidov sur la peau… il voit rouge.

Mais c’est peut-être justement ce rejet qui met en lumière à quel point Demidov est spécial.

Car s’il est vrai que Demidov a les mains, la vision et l’instinct de Kucherov, il a aussi l’intelligence émotionnelle de Nick Suzuki et l’attitude de Patrice Bergeron.

Il inspire la confiance. Il attire les gens autour de lui. Il fait rêver.

Imaginez un instant : Kucherov, après avoir battu le CH en finale de la Coupe Stanley, assis torse nu, bière à la main, méprisant les partisans du Canadien en conférence de presse. Du pur Kucherov.

Maintenant, imaginez Demidov dans une telle situation. Impossible.

Demidov est respectueux.

Il respecte le sport. Il respecte ses coéquipiers. Il respecte les fans. Il respecte le logo.

C’est peut-être pour ça que la comparaison avec Kucherov commence à irriter ceux qui aiment vraiment le hockey.

Et à Chicago, le ressentiment grandit.

Chaque fois que Demidov est comparé à Kucherov, les fans se rappellent qu’ils auraient pu avoir la version améliorée de Kucherov dans leur alignement.

Un joueur avec les mêmes qualités offensives, mais sans l’arrogance.

Un joueur qui aurait pu faire rêver Connor Bedard… et créer l’un des duos les plus explosifs de l’histoire moderne de la LNH.

Mais non.

Ils ont Levshunov. Un défenseur sans aucun swag. Qui représente le choix d’un DG (Kyle Davidson) qui pourrait bien perdre son emploi à cause de cette erreur.

On pourrait dire la même choses des Ducks et du DG Pat Verbeek, qui ont préféré sélectionner Beckett Sennecke, mais cet attaquant est tellement talentueux que la pilule est plus facile à avaler.

Du côté de Columbus et de Don Waddell, sélectionner Cayden "J'ai mal au dos" Lindstrom à la place de Demidov est une véritable catastrophe.

Pendant ce temps, à Montréal, c’est l’extase.

Demidov fait vendre des chandails par milliers, il fait lever le Centre Bell, et il réconcilie les fans avec la notion même de talent brut.

Son match au tournoi des recrues contre les Jets de Winnipeg a été une démonstration de puissance : un but, deux passes, des feintes électrisantes, et une foule en délire.

Et s’il n’a pas joué le match suivant, ce n’était pas pour cause de blessure.

C’était par précaution. Pour éviter le drame. Pour le protéger.

Parce que Demidov est déjà précieux.

Et on se rappelle que l’an dernier, Patrik Laine s’était blessé bêtement dans un match inutile. Pas question de reproduire l’erreur.

Demidov entame sa première saison complète dans la LNH en tant que favori pour le trophée Calder, remis à la meilleure recrue du circuit. Et avec raison.

Il a l’instinct d’un vétéran, la créativité d’un artiste, l’endurance d’un passionné. Et une rareté dans le sport professionnel : la joie.

Il aime ce qu’il fait. Il le montre. Il le partage.

Et ça, c’est ce qui le distingue définitivement de Kucherov.

Il est peut-être temps d’arrêter de comparer Ivan Demidov à Nikita Kucherov. Oui, les deux sont Russes. Oui, les deux sont ultra-talentueux. Oui, les deux peuvent dominer une patinoire comme peu de joueurs savent le faire.

Mais l’un méprise les autres. L’autre les élève.

L’un fuit les projecteurs quand ce n’est pas pour les insulter. L’autre les utilise pour faire rêver.

L’un est un égoïste de génie. L’autre, un génie généreux.

Ivan Demidov n’est pas le nouveau Kucherov. Il est la meilleure version possible de ce que Kucherov aurait pu être… s’il avait eu du cœur.

Et pour ça, Montréal peut déjà se frotter les mains.