Le destin a frappé sans prévenir à Montréal.
La blessure d’Alex Newhook, une scène pénible, un joueur criant au sol, un vestiaire sous le choc, survient exactement au moment où un centre gaucher, spécialiste du désavantage numérique, combatif, frustré, affamé, complètement écœuré de Toronto, devient soudainement libre comme l’air.
David Kämpf, suspendu par les Maple Leafs, placé au ballottage, prêt à renoncer à une partie de son contrat et à repartir à zéro, se retrouve à la croisée des chemins.
Justement, la LNH semble avoir planté sur son chemin : Montréal, section gauche, besoin urgent au centre et surtout à l'attaque.
Depuis jeudi soir, tout tourne autour de deux dossiers : la terrifiante blessure de Newhook et la nouvelle fenêtre ouverte sur Kämpf.
Au Centre Bell, on parlait déjà de « décisions à prendre ». Martin St-Louis est arrivé en point de presse en retard, visiblement préoccupé, et tout le monde a compris qu’il discutait avec Kent Hughes pour voir les options afin de remplacer Newhook.
La perte du gaucher, qui joue à l'aile mais qui prenait quand même beaucoup de mises au jeu du côté gauche, vient littéralement fracasser la structure que Montréal tentait de stabiliser depuis trois semaines.
Dans un club où Suzuki, Dach et Kapanen sont tous droitiers, la blessure de Newhook fait s’écrouler le fragile équilibre que St-Louis répétait vouloir bâtir.
On ne compte pas Joe Veleno, gaucher, tellement il est invisible et ne sert à rien.
Et voilà qu’au même moment, David Kämpf rompt officiellement avec Toronto. Pas une petite friction administrative : une rupture totale. Il ne s’est pas présenté aux Marlies, a refusé de continuer dans la AHL, a été suspendu sans salaire, puis soumis au ballottage après avoir résilié son contrat dans une tension extrême.
Aucun club ne voulait absorber son contrat à 2,4 millions jusqu'en 2027, mais Kämpf a accepté de sacrifier ses millions devenir agent libre immédiatement, quitte à laisser énormément de l’argent sur la table.
Pourquoi ?
Parce qu’il veut prouver à Toronto qu’ils se sont trompés. L'attaquant a affirmé qu'il ne s'était jamais autant senti humilié dans sa vie, affirmant que la direction des Leafs avait vraiment manqué d'humanité dans son approche.
Et quelles villes, dans ce genre de scénario, deviennent instinctivement attractives pour un joueur blessé dans son orgueil ?
Celles qui peuvent lui offrir un rôle réel.
Celles où l’on cherche précisément ce qu’il sait faire.
Celles où il pourrait croiser son ancien club plusieurs fois par année.
Celle qui est la rivale numéro un de Toronto.
Bref : Montréal.
Le Canadien n’a pas la profondeur nécessaire pour absorber la perte de Newhook sans réagir. C’est ce que Brendan Gallagher a laissé entendre en parlant de la blessure :
« On va jouer sans lui pendant un petit bout de temps. » Ce « petit bout de temps » donne mal au coeur.
Tout indique que Newhook manquera plusieurs semaines. TSN parle en mois. Et c’est là que l’option Kämpf devient tellement logique.
Non, Kämpf ne transformera pas Demidov en fusée.
Non, il ne viendra pas jouer 18 minutes sur un deuxième trio offensif.
Mais il comble une lacune évidente : un centre gaucher capable de gagner des mises en jeu dans sa zone, de tenir un désavantage numérique, d’amener un vrai volume de travail défensif, de manger des minutes difficiles pour soulager Evans, qui approche déjà des chiffres absurdes en minutes d'infériorité numérique.
Personne n’en parle, mais Montréal joue avec le feu depuis le début de la saison. La blessure de Newhook expose le problème de manière cruel et sans pitié.
Le plus fascinant dans ce dossier, c’est la vengeance qui anime Kämpf.
Imagine-le quelques semaines après une signature à Montréal, premier match contre Toronto au Centre Bell, ambiance électrique, une foule qui adore ce genre de récit. Ce serait signe d'un film.
Et du côté de Kent Hughes ?
Une signature discrète, rapide, à court terme, salaire minimum, rôle précis… c’est exactement son genre de mouvement.
Montréal n’a pas souvent l’occasion d’ajouter un centre gaucher sans sacrifier un choix, un espoir ou un jeune joueur actif. La pression augmente. L’agenda le force. Et même St-Louis, discret, l’a laissé transparaître en conférence de presse : il voulait « évaluer les options.
Montréal peut-il se permettre de ne rien faire ?
La réponse, après la blessure de Newhook, est non.
