Montréal retient son souffle: une transaction réservée

Montréal retient son souffle: une transaction réservée

Par David Garel le 2025-09-13

Le Canadien retient son souffle après ce premier match des recrues.

Les rumeurs n’arrêtent jamais à Montréal. Depuis des semaines, les noms de Joshua Roy, Jayden Struble et Oliver Kapanen circulent comme des jetons de poker.

On les a vus passer dans des discussions avec les Bruins de Boston pour Pavel Zacha. On les a entendus mentionnés à Pittsburgh dans des scénarios pour Sidney Crosby. Et voilà qu’un poids lourd du journalisme nord-américain, Elliotte Friedman, vient d’allumer la mèche.

« Sidney Crosby : [les dirigeants du Canadien] Gorton et Hughes… est-ce qu’ils se disent qu’ils ne font rien avec tel joueur parce qu’ils pensent que ça pourrait les empêcher de conclure une transaction pour Crosby? » 

Cette phrase, lourde de sens, change la donne.

On le sait, le Canadien de Montréal a bel et bien tenté le coup avec les Bruins. Selon plusieurs sources, Kent Hughes a proposé un trio de jeunes (Joshua Roy, Jayden Struble et Oliver Kapanen) pour obtenir Pavel Zacha. Une offre sérieuse, qui prouve que le Tricolore est prêt à sacrifier des morceaux intéressants pour améliorer son centre.

Mais les Bruins ont refusé. Pas parce qu’ils n’aiment pas les joueurs montréalais. Simplement parce qu’ils n’étaient pas prêts à se départir de Zacha, encore perçu comme un atout important à Boston... du moins jusqu'à l'Action de grâce américaine.  Si les Bruins sont dans le fond de la cave, il sera échangé.

Cet échec, paradoxalement, a peut-être arrangé le Canadien. Car en gardant ces trois joueurs, il conserve ses munitions pour… plus gros.

Tout le monde sait que Sidney Crosby vit ses derniers mois à Pittsburgh. Les Penguins s’enfoncent dans une reconstruction inévitable.

Le capitaine, lui, veut encore jouer pour gagner. Montréal rêve de l’accueillir. Et si une transaction doit se produire, elle ne se fera pas pour un prix réduit.

Les Penguins vont vouloir des jeunes joueurs capables de s’intégrer immédiatement dans une nouvelle ère :

Joshua Roy, encore perçu comme un franc-tireur prometteur malgré une saison difficile la saison dernière.

Jayden Struble, défenseur robuste, fiable, parfait pour "fiter" une jeune brigade défensive dans le contexte d'une reconstruction.

Oliver Kapanen, qui vient de rappeler à tout le monde qu’il est capable de produire offensivement ce soir au Centre Bell (1 but), lui qui avait brillé avec Timrå IK (35 points en 36 matchs en SHL).

Et même Owen Beck, qui malgré ses difficultés demeure apprécié pour son jeu complet sur 200 pieds.

Tous ces noms circulent déjà. Tous sont disponibles. Mais plutôt que de les « gaspiller » dans une transaction pour Zacha, Hughes et Gorton préfèrent attendre le gros lot : Crosby.

La semaine dernière, Oliver Kapanen a envoyé un message clair à l’organisation. Énervé d’avoir été proposé à Boston, il a sorti l’une de ses meilleures performances dans l’uniforme du Canadien. Un but en avantage numérique. De l’énergie. Une présence offensive qu’on ne lui connaissait pas vraiment à Montréal.

Il a rappelé à tout le monde qu’il n’était pas qu’un simple joueur défensif. Qu’en Europe, il avait produit. Qu’il pouvait remplacer un Christian Dvorak parti sous d’autres cieux.

Son explosion tombe à point : elle augmente sa valeur sur le marché. Et à Pittsburgh, on pourrait très bien se dire qu’un jeune centre comme Kapanen, capable d’occuper un rôle de troisième trio immédiatement, s’intègre parfaitement dans une reconstruction.

Le cas Owen Beck est plus cruel. Déjà proposé aux Islanders dans la transaction qui a mené à Noah Dobson (avant que Mathieu Darche n’exige plutôt Emil Heineman), Beck se sait indésirable. Même à l’extérieur de Montréal, on ne le considère pas comme une pièce maîtresse.

Pour lui, entendre son nom à nouveau lié à un échange potentiel, cette fois à Pittsburgh pour Crosby, doit être un coup dur. Mais c’est la réalité : Beck n’est plus qu’un pion, utile parce qu’il est jeune, discipliné, et qu’il cadre avec l’image d’un centre fiable en reconstruction.

Le cas de Jayden Struble est encore plus délicat. À Montréal, il est respecté. Martin St-Louis aime sa robustesse, son implication physique. Mais dans une défense encombrée, où Lane Hutson, Kaiden Guhle, Mike Matheson, et Arber Xhekaj monopolisent déjà les places à gauche, Struble fait figure de victime désignée.

Avec un contrat modeste (2 ans, 1,4 M$), il est facile à bouger. Et il a une valeur réelle : Boston l’aime, Pittsburgh aussi. À chaque rumeur, son nom ressort.

Struble le sait. Il n’aura probablement pas de longue carrière à Montréal. Et entendre Friedman confirmer que l’organisation retient certains jeunes uniquement pour une éventuelle transaction Crosby doit être brutal. Car cela signifie que son sort est déjà scellé.

Tout s’explique.

Échec avec Boston pour Zacha.

Refus de bouger pour d’autres centres intermédiaires.

Retenue volontaire de jeunes joueurs.

Tout mène vers la même conclusion : le Canadien prépare le terrain pour Sidney Crosby.

Si Pittsburgh décide de vendre à la date limite des transactions, Montréal sera prêt. Avec Roy, Struble, Kapanen et Beck dans ses poches, Hughes a de quoi séduire les Penguins. N'oublions pas Kirby Dach non plus, qui est loin d'être intouchable et qui pourrait être un bon pari pour les Penguins.

Pas besoin de sacrifier un intouchable comme Hage ou Reinbacher. Pas besoin non plus de toucher aux jeunes vedettes défensives.

Elliotte Friedman, la voix la plus respectée dans les coulisses de la LNH, enflamme Montréal. Quand Friedman soulève une telle possibilité, ce n’est jamais par hasard.

S’il en parle, c’est qu’il a senti quelque chose. Qu’il a entendu des échos. Que le plan Hughes-Gorton de « retenir les jeunes pour Crosby » est réel.

Le Canadien a échoué avec Zacha, mais il n’a rien perdu. Au contraire : il a gardé ses munitions. Et ces munitions portent des noms bien précis : Roy, Struble, Kapanen, Beck sont tous disponibles.

Au final, Roy et Struble sont pratiquement assurés d'être échangés d'ici la date limite des transactions. Kapanen et Beck se livrent un duel pour savoir qui sera sacrifié.

Plutôt que de les dilapider dans une transaction secondaire, Hughes préfère attendre le moment décisif. La date limite des transactions 2026. Quand Sidney Crosby sera officiellement sur le marché.

D’ici là, chaque performance de Kapanen, chaque but de Roy, chaque mise en échec de Struble, chaque présence fiable de Beck pourrait devenir un argument de vente. Et quand le jour viendra, Montréal sera prêt.