La chute de Samuel Montembeault : quelque chose s’est cassé dans le cœur du numéro 35

La chute de Samuel Montembeault : quelque chose s’est cassé dans le cœur du numéro 35

Par André Soueidan le 2025-10-25

Quelque chose s’est brisé dans le cœur du Centre Bell.

Pas un craquement de patin, ni un tir frappé raté. Non. Plutôt ce petit silence qui s’est installé dans le vestiaire, quand les journalistes ont appris que Jakub Dobes allait encore garder les buts ce soir.

Un troisième départ en quatre matchs. Et Samuel Montembeault ? Rien. Pas un mot. Pas une grimace. Juste ce regard éteint, celui d’un gars qui commence à comprendre que la fenêtre s’est refermée sans prévenir.

On parle d’un gars qui s’est battu pour le filet du Canadien dans les pires années de la reconstruction.

Qui s’est mangé les tirs, les critiques, les soirs de misère.

Et maintenant, au moment où le CH semble enfin s’élever… le numéro 35 est cloué au banc.

Dobes, 24 ans, joue pour un contrat. Pour un futur. Pour voler la place.

Montembeault, lui, est en train de perdre plus que des matchs : il est en train de perdre sa place dans l’histoire.

Les chiffres ne mentent pas...

Si c’était juste une histoire de feeling, on pourrait débattre. Mais les statistiques, elles, frappent comme une claque en plein visage.

Samuel Montembeault :

Fiche : 2 victoires, 3 défaites

Moyenne de buts alloués : 3,81

Pourcentage d’arrêts : .842

Jakub Dobes :

Fiche : 4 victoires, 0 défaite

Moyenne de buts alloués : 1,47

Pourcentage d’arrêts : .950

Y’a pas photo.

Montembeault, à 28 ans, devrait être dans son prime. Il devrait écraser la compétition. Mais c’est le kid de 24 ans qui enchaîne les victoires et vole le cœur du coach.

On ne va pas tomber dans le sensationnalisme gratuit. Montembeault est un pro. Un gars respecté. Un athlète qui a porté l’écusson avec fierté pendant les années de misère.

Mais la LNH ne pardonne pas.

La fin de saison dernière, il a joué blessé. Il s’est marié. Il a peut-être manqué de préparation.

La vie, les responsabilités, les blessures ... tout ça finit par te rattraper, même quand t’es un bon gars.

Et de l’autre côté du vestiaire, Dobes transpire la faim. Il veut son premier vrai contrat. Il sait que c’est peut-être là, maintenant, ou jamais.

Une perte de confiance silencieuse

On ne l’a jamais entendu se plaindre, Samuel. Pas même une fois. Mais ses performances, elles, parlent pour lui. Et ce n’est pas flatteur.

Personne ne remet en doute le professionnalisme de Samuel Montembeault.

C’est un gars respecté, sérieux, qui a toujours répondu présent dans les moments difficiles.

Mais cet été, les planètes ne se sont pas alignées. Une blessure en fin de saison dernière, un mariage, des allers-retours personnels…

Bref, son été n’a pas été celui d’un gardien en mission. Il n’a pas eu un camp catastrophique, loin de là, mais quand tu sens le souffle d’un jeune affamé comme Jakub Dobeš dans ton cou, t’as pas le droit à l’à-peu-près.

La préparation mentale, la routine, la structure, ça fait toute la différence quand l’écart est mince. Et en ce moment, l’écart commence à ne plus l’être.

Tu sens que l’équipe joue plus serrée devant Dobes. Tu sens que les défenseurs respirent mieux. Que le banc ne retient pas son souffle à chaque lancer. Ça change tout.

Et ce soir, contre les Canucks de Vancouver ... une équipe correcte, sans être terrifiante ... c’est encore Dobes qu’on envoie dans la mêlée. Encore lui, dans une division où chaque point compte.

Dans ce voyage dans l’Ouest, Montembeault n’a eu qu’un seul départ… contre la pire équipe possible : les Oilers d’Edmonton.

Une équipe qui aligne McDavid, Draisaitl, Bouchard, et qui vient de réveiller sa machine offensive.

Pendant ce temps, Dobes a eu droit aux duels contre les Flames et les Canucks, des clubs nettement plus prenables.

Si tu veux vraiment aider ton vétéran à rebondir, tu ne l’envoies pas à l’abattoir.

Mais si tu veux tester s’il est encore ton numéro 1, tu lui donnes ce match-là.

Et si t’es honnête avec toi-même, tu sais que Dobes aurait dû affronter les Oilers.

Parce que ton vrai gardien #1, en ce moment… c’est lui. Pas Samuel. Pas cette semaine.

Le CH, en ce moment, c’est un groupe jeune, rapide, affamé. Avec six victoires, trois défaites et un différentiel de +5, on sent que le vent tourne. Et dans ce vent-là, Montembeault n’a plus l’air d’un pilier… mais d’un figurant.

La fenêtre s’ouvre pour les Slafkovsky, Suzuki, Caufield, Hutson, Demidov... Dobes… et Samuel, qui a tant donné, regarde tout ça depuis le bout du banc. On le sent. Il le sent. Quelque chose s’est cassé.

Une place à rebâtir… ailleurs?

Il n’est jamais trop tard pour un gardien. Mais pour Montembeault, le message est clair : ce filet ne lui appartient plus. Pas pour l’instant. Peut-être plus jamais.

Le CH a peut-être déjà fait son choix, sans l’annoncer. Et si ce soir, Dobes brille encore, le choix sera gravé dans le béton.

Parfois, dans le hockey, ce ne sont pas les mots qui trahissent un joueur. C’est le silence du vestiaire, et le regard de celui qu’on ne nomme plus dans les plans.

La fenêtre du Canadien s’ouvre enfin… et Montembeault regarde par la vitre. 

On espère de tout coeur qu'il se replacera le plus rapidement possible...

Pour le Club... pour sa famille ...mais surtout ... pour lui... 

Misère...