Il y a des moments où un journaliste fait son travail avec une telle précision, une telle audace, que ça devient un exemple à suivre pour toute une profession.
Hier soir, François Gagnon a donné une leçon de journalisme à tous ceux présents dans la salle de presse.
Il n’a pas eu peur d’affronter Martin St-Louis, de le confronter à sa plus grande erreur du match : envoyer Michael Pezzetta sur la glace dans les 30 dernières secondes de la première période, face au meilleur trio des Jets.
Voici l'extrait vidéo où le journaliste confronte le coach:
On connaît la suite. Winnipeg a marqué à 0,5 seconde de la fin. Ce but a complètement changé la dynamique du match.
Montréal, qui résistait tant bien que mal, a vu le vent tourner. Ce choix inexplicable de St-Louis a coûté momentum, énergie et contrôle du match au Canadien.
Dans une salle remplie de journalistes qui n’osaient pas poser les vraies questions, François Gagnon a été le seul à se lever. Le seul à avoir le courage d’interroger Martin St-Louis sur cette décision aberrante.
Pourquoi envoyer Pezzetta, un joueur que tu as jugé trop mauvais à jouer pendant 37 matchs cette saison?
Pourquoi lui donner ce temps de glace à un moment aussi critique alors que tu ne lui fais pas confiance?
Pourquoi, en pleine course aux séries, ne pas protéger ton équipe?
Personne n’avait osé poser ces questions. Personne, sauf François Gagnon.
La réponse de St-Louis? Un aveu déguisé.
Martin St-Louis, d’habitude si tranchant et moqueur avec des journalistes comme Martin McGuire ou Simon-Olivier Lorange, n’a pas eu la même attitude face à Gagnon.
Il n’a pas eu recours au mépris, au nez levé au ciel ou aux réponses sarcastiques. Il a simplement coupé court.
Quelques mots défensifs : « Non, je ne pense pas. »
Et fin de la conférence de presse. Un silence lourd. Un moment où tout le monde a compris que Gagnon venait de frapper un point sensible.
St-Louis ne voulait pas répondre, parce qu’il savait qu’il n’avait aucune bonne justification.
Il a avoué à demi-mot que son équipe n’avait « pas bien joué le cadran », mais il a refusé d’assumer que son choix de joueur était une erreur.
Une erreur de coaching inexcusable.
Les faits sont pourtant clairs. Michael Pezzetta a disputé son 13ᵉ match de la saison… sur 50 possibles. Il a été laissé de côté 37 fois. Chaque fois qu’il joue, il est limité à trois, quatre, cinq ou six minutes de temps de glace, maximum.
Et c’est lui que St-Louis décide d’envoyer avec 30 secondes à faire contre le premier trio des Jets?
Cette séquence a changé tout le match. À ce moment-là, le Canadien était en train de survivre. Il fallait protéger le pointage, ne pas donner un dernier élan aux Jets avant l’entracte.
De un, St-Louis aurait pu et dû habiller Raphaël Harvey-Pinard au lieu de Pezzetta.
De deux, il aurait dû envoyer n’importe quel autre joueur plus fiable défensivement que le plombier mal-aimé du CH.
Mais non. Il a opté pour Pezzetta. Un choix incompréhensible qui a coûté cher.
Et pourtant, aucun autre journaliste dans la salle n’a osé relever cette erreur.
Si St-Louis s’est permis de mépriser Martin McGuire et Simon-Olivier Lorange à plusieurs reprises, il n’a pas osé manquer de respect à François Gagnon.
Pourquoi? Parce que Gagnon est un vétéran respecté dans le monde du journalisme sportif. Il ne cherche pas le sensationnalisme, il ne tente pas d’humilier l’entraîneur. Il pose des questions justes, nécessaires, et légitimes.
Et hier, en une seule question, il a mis en lumière une erreur de coaching monumentale.
Ce moment a mis en évidence un problème fondamental dans la couverture du Canadien : trop peu de journalistes osent vraiment confronter Martin St-Louis.
Que ce soit par peur des représailles ou par excès de complaisance, beaucoup évitent les questions inconfortables. Ils préfèrent les banalités, les analyses de surface.
Mais le rôle des médias n’est pas de servir de courroie de transmission pour l’entraîneur. C’est de demander des comptes.
Et hier, François Gagnon a montré à tous les journalistes présents comment ce travail doit être fait.
Conclusion : Le journalisme sportif a besoin de plus de François Gagnon.
Si Martin St-Louis a coupé court à la conférence de presse après cette question, ce n’est pas parce que la question était mauvaise. C’est parce qu’elle était excellente.
François Gagnon a fait ce que tous les journalistes devraient faire : poser les vraies questions, même quand elles dérangent.
Chapeau. Hier, il a prouvé que le journalisme sportif a encore des figures capables de dire les choses comme elles sont. Tous les autres journalistes présents dans la salle devraient en prendre note.
Et pour Martin St-Louis? Il peut essayer d’éviter la question, mais il ne pourra jamais fuir l’évidence : il a fait une grave erreur.
Si le coach a coupé court à la conférence de presse après cette question, ce n’est pas parce que la question était mauvaise. C’est parce qu’elle était excellente.
Pendant que Martin McGuire se demande pourquoi il est toujours ridiculisé par le coach, il devrait prendre des notes sur la manière dont François Gagnon mène ses entrevues.
Pendant ce temps, Martin McGuire devait regarder ça en se demandant : pourquoi moi, je me fais rejeter à chaque fois, mais pourquoi François Gagnon, lui, peut poser une question critique et obtenir un semblant de respect?
Pourquoi, à chaque fois que McGuire tente d’interroger St-Louis, il se fait remettre en place avec mépris?
Pourquoi, quand Simon-Olivier Lorange essaie de le pousser dans ses retranchements, il se heurte à des réponses froides et sarcastiques?
Un seul mot : le respect.
Martin St-Louis respecte François Gagnon.
Martin St-Louis ne respecte pas Martin McGuire et Simon-Olivier Lorange.
La différence est frappante. Gagnon pose les vraies questions, mais il le fait avec un ton juste, sans chercher à créer un drame.
McGuire, de son côté, a cette habitude de poser des affirmations déguisées en questions, de tendre des pièges que St-Louis détecte à des kilomètres.
St-Louis, dans son style bien à lui, ne cache pas ce qu’il pense des journalistes. Il méprise ceux qu’il juge incompétents ou trop insistants.
Et il respecte les meilleurs.
Gagnon est bel et bien l'un des meilleurs journalistes du Québec.
AMEN.