Tout allait bien… jusqu’à ce que Jean-Charles Lajoie lance la question de trop.
Et là, plus rien ne pouvait l’arrêter. Le plateau d’JiC s’est transformé en champ de mines, et Michel Bergeron a tout fait sauter.
Devant des milliers de téléspectateurs, Le Tigre n’a pas simplement grogné : il a craché le feu.
Une défaite de 7 à 2 contre une équipe D des Maple Leafs?
À domicile? Pour lui, c’était plus qu’une honte. C’était une trahison. Ce soir-là, Bergeron n’a pas commenté un match… il a vidé son sac, en direct, comme si chaque mot pouvait réveiller une équipe déjà assommée.
Une défaite de 7 à 2 en match préparatoire, ça peut sembler banal pour un spectateur distrait.
Mais pas pour Michel Bergeron. Pas pour ce vieux lion qui a vu des générations entières se faire huer ou acclamer au Centre Bell. Lui, il en a vu d’autres. Mais ce qu’il a vu jeudi soir contre les Maple Leafs, c’était trop.
« Hier, c’était une disgrâce », a-t-il lancé, le regard noir, la mâchoire serrée. Il n’a même pas attendu la question. Le ton était donné. Et dans la salle, on aurait pu entendre une rondelle tomber.
Le CH affrontait une équipe “D” de Toronto. Pas la B, pas la C. La D.
Et ils se sont fait humilier. « Je ne pourrais même pas te nommer cinq joueurs qui étaient en uniforme pour les Leafs hier soir », a martelé Bergeron.
Il n’exagérait pas. Même les plus fidèles abonnés d’Elite Prospects ont eu besoin de googler quelques noms sur la feuille de match.
Mais c’est surtout le silence qui l’a fait sortir de ses gonds.
Le silence dans l’organisation. « J’aimerais que quelqu’un dans l’organisation, que ce soit Gorton, Hughes, Martin, arrive et dise “hey, c’est assez là!” » a-t-il crié, en tapant presque du poing sur la table.
C’est ce silence qui tue. Ce silence qui, dans le vestiaire, devient complaisance. Et pour Michel Bergeron, il n’y a rien de pire.
À ses yeux, cette prestation molle et vide de sens était un affront direct à l’histoire du club. À l’identité montréalaise. À ceux qui paient 250 $ pour voir un match préparatoire.
Il a parlé comme un homme qui saigne encore le bleu-blanc-rouge.
Et puis il y a eu la phrase qui a tout fait basculer : « Quand je coachais, les matchs préparatoires à domicile, c’était primordial. »
Dans cette phrase, il y avait tout. La nostalgie. La colère. La fierté. Et surtout, l’abîme entre deux époques. Parce que ce qui se passe en ce moment à Montréal, c’est peut-être la fin de quelque chose.
La fin d’un respect minimal pour l’écusson. La fin d’un code d’honneur non écrit.
Puis est venue la flèche, décochée droit au cœur de Juraj Slafkovsky. Une flèche empoisonnée, parce qu’elle ne venait pas d’un troll de salon, mais d’un monument vivant du hockey québécois :
« J’entendais Slafkovsky dire après le match “j’espère qu’on va apprendre de cette défaite”. Tu vas apprendre quoi? Ça fait quatre ans que t’es dans la ligue! J’ai de la misère. »
Silence en studio. Même JiC n’osait plus rire.
Parce qu’on avait quitté la zone du divertissement. On était dans la vérité brute. Dans l’exaspération d’un homme qui, à 89 ans, voit son sport se transformer sous ses yeux… et pas pour le mieux.
Et ce n’est pas tout.
Il a parlé du deuxième trio du Canadien comme d’une unité déjà à sec. Il a laissé entendre que l’équipe n’avait aucun plan cohérent. Que personne ne voulait dire les vraies affaires.
Et c’est là que la panique s’est installée.
Parce que quand Michel Bergeron explose, ce n’est pas juste un moment viral. C’est un signal.
Un code rouge pour les partisans. Un avertissement lancé à ceux qui croient que tout va bien, que la reconstruction est sur les rails, que Martin St-Louis contrôle la situation.
Non, tout ne va pas bien. Oui, la situation échappe au contrôle. Et non, Michel Bergeron n’est pas prêt à se taire.
Ce qu’on a vu hier soir, c’est le dernier bastion de la vieille garde qui refuse de mourir en silence. C’est un cri du cœur d’un homme qui a tout donné à ce sport, et qui refuse de voir le CH devenir un club de participation.
Il y a quelques années encore, on l’aurait traité de dépassé.
De dinosaure. Mais aujourd’hui, avec cette équipe qui perd son identité, qui banalise la défaite, qui sacrifie le feu sacré sur l’autel de la patience, Michel Bergeron est plus pertinent que jamais.
Et quand est venu le temps de parler de David Reinbacher, Michel Bergeron n’a pas mâché ses mots.
Le Tigre a lancé, l’air de rien, qu’il n’était pas sûr que Reinbacher allait faire le club un jour.
Pas plus. Pas moins. Et c’est ça qui frappe. Quand un vétéran comme Bergeron dit ça, en direct, devant tout le Québec, c’est pas une prédiction… c’est une sentence.
Ça sent le bust, et ça commence à se voir.
Pendant que Hutson impressionne, que Xhekaj dérange, Reinbacher, lui, est dans le flou. Blessé. Fragile. Effacé.
Pis là, t’as Bergeron qui vient valider à voix haute ce que tout le monde chuchote depuis des mois.
Celle d’un désenchantement.
Celle d’un public qui commence à en avoir marre des promesses.
Qui commence à comprendre que sous les discours fleuris de Jeff Gorton et les phrases inspirantes de Martin St-Louis, il y a parfois un vide.
Ce vide, Michel Bergeron l’a pointé du doigt. Brutalement. Sans gants blancs. Comme un boxeur de la vieille école.
Et pendant un instant, on a tous eu peur. Peur que ce soit son dernier coup d’éclat.
Peur que ce cri soit le chant du cygne d’un homme qui n’a plus rien à perdre.
Peur que ce moment de panique à TVA Sports soit le dernier souffle d’un hockey québécois en voie de disparition.
Mais non. Le Tigre n’est pas fini. Il vient juste de se réveiller.
Et si le CH croit pouvoir ignorer ça, il se trompe.
Parce que Michel Bergeron n’est pas qu’un analyste. C’est une boussole. Une mémoire vive. Une alarme incendie.
Et aujourd'hui, cette alarme a retenti à TVA Sports.
Est-ce que quelqu’un va l’écouter?
Et pendant que les jeunes du CH tentent de trouver des excuses à une défaite gênante, Michel Bergeron, lui, refuse de se taire.
Il ne radote pas : il résiste. Il ne s’éteint pas : il rugit. Le problème, c’est que plus il parle, plus on se rend compte qu’il est le dernier à encore y croire.
Le dernier à hurler quand tout le monde dort.
AMEN