Mike Matheson est en train de faire sauter la banque.
Son début de saison électrisant, son temps de jeu délirant et sa condition physique légendaire en font l’un des défenseurs les plus précieux du circuit Bettman en ce moment.
Il mène le Canadien pour le temps d’utilisation moyen, il vient de jouer près de 30 minutes contre Columbus, et il a été le héros obscur cette saison.
Martin St-Louis a beau doser, il revient toujours à lui dans les moments critiques. Et les chiffres le confirment : Matheson est indispensable.
«Il a des jambes, il a un patin d’un joueur de 20 ans. Il a des poumons d’un joueu] de 20 ans», a affirmé Martin St-Louis.
«C’est pour ça que je travaille aussi fort. En dehors de la glace, après les pratiques, avant les pratiques, avant les matchs et après les matchs. Il n’y a pas vraiment de journée de congé pour moi. Ce sont des choses qui sont importantes à faire, peu importe le moment de ta carrière.» a affirmé Mike Matheson.
Mais ce qui inquiète les bureaux de Kent Hughes, ce ne sont pas les statistiques, c’est l’addition qui vient avec. Selon nos informations, le défenseur québécois ne veut rien savoir d’un contrat court. Il exige au minimum cinq ans, à un salaire d’au moins 7 millions de dollars par saison. Et c’est là que ça bloque.
Le CH, lui, offre quatre ans à 6,5 millions. Une offre jugée « sèche » par plusieurs observateurs. Hughes veut protéger son futur, maintenir de la souplesse pour les jeunes, et éviter de figer une partie du cap salarial sur un trentenaire, surtout qu'il devra re-signer Ivan Demidov dès l'été prochain.
Mais Matheson n’en démord pas. Il veut être payé à sa juste valeur. Et dans un marché en feu, ce montant n’est pas absurde. Brandon Montour, Jake Walman, Brady Skjei ont tous signé à plus de 7 millions. Matheson est un défenseur plus complet que tous ces défenseurs surpayés, et surtout, il est en meilleure forme physique que tous ces noms réunis.
«Dans toutes les situations, je suis prêt à faire n’importe quoi pour aider l’équipe à gagner. Des fois, c’est de jouer plus, d’autres fois un peu moins. J’essaie juste de faire de mon mieux avec ce que je suis capable de donner.» affirme celui qui veut son "cash".
Ce n’est pas une exagération : même Kristopher Letang, son ancien coéquipier à Pittsburgh, affirme qu’il est le joueur le plus en forme de la ligue. Il n’a pas de journées de congé. Il s’entraîne sans relâche. Il est une machine.
Et c’est ici que le drame se joue. Parce que pour payer Mike Matheson, le CH devra économiser ailleurs. Et la cible la plus évidente est un jeune : Zachary Bolduc.
La différence de destin est cruelle.
Bolduc, depuis son arrivée à Montréal, a tout perdu. À Saint-Louis, il jouait sur le top-6, sur le premier power play, et il produisait comme un futur 30 buts.
Il s’en allait vers un contrat de six ou sept ans, à raison de 6 à 7 millions par année.
Aujourd’hui, à Montréal, il était pris dans un rôle de soutien, privé de powerplay, et sous-utilisé. Il jouait dix minutes par match. Il était baladé d’un trio à l’autre. Et surtout, il est invisible dans les moments importants.
Le revoilà sur la première unité d'avantage numérique et sur le premier trio. Mais bien honnêtement, tout le monde s'attend à ce qu'il "choke"' sa chance comme au dernier match.
À ce rythme-là, il se dirige vers un contrat de transition à 3 millions par saison. Une chute de revenu brutale, estimée entre 18 et 24 millions sur un contrat de six ans.
Et ce n’est pas un hasard. Bolduc n’est pas un joueur moins talentueux. Il est simplement victime d’un système. À Montréal, Martin St-Louis a d’autres priorités.
Son début de saison en jouant avec des plombiers lui a coûté cher. Et cela a ruiné ses statistiques. Or dans le monde des négociations, seuls les chiffres comptent.
Il sera intéressant de voir si Bolduc va profiter de sa dernière chance... pour se remettre un peu d'argent dans les poches...
En coulisse, le lien est évident. Pour que le Canadien paie Mike Matheson à hauteur de 7 millions par saison, il faudra que des jeunes acceptent des contrats à rabais.
Et le plus vulnérable dans ce jeu, c’est Bolduc. Hughes va probablement lui offrir un pont de deux-trois ans, avec un salaire plafonné.
Et comme il n’aura aucun levier statistique pour se défendre, il devra accepter. C’est le paradoxe ultime : pour payer le joueur le plus en forme de l’organisation, on sacrifie le joueur le moins en forme.
Car oui, les préparateurs physiques ne se gênent plus pour le dire : Bolduc est arrivé dernier dans plusieurs tests physiques en septembre dernier. Il traîne la patte. Il n’a pas le moteur de Matheson. Il n’a pas la rigueur d’un professionnel vétéran. Et dans une organisation qui valorise l’excellence physique, cela coûte cher.
Mike Matheson ne vole pas son argent. Mais l’argent qu’il réclame est pris ailleurs. Et en ce moment, c’est Zachary Bolduc qui risque de se faire déposséder.
D’un rôle. D’un contrat. Et, ultimement, d’une carrière à la hauteur de son potentiel. Le Canadien aura peut-être gagné un défenseur top niveau. Mais il est en train de perdre un marqueur québécois prometteur. Et à long terme, ce genre d’équation peut ronger un vestiaire.
Mike Matheson veut son contrat. Zachary Bolduc veut sa chance. Et Montréal ne pourra pas offrir les deux à plein régime. La balance est en train de pencher.
À Bolduc de marquer en avantage numérique ou sur le premier trio. Car ce ne sera pas long que St-Louis va l'envoyer dans sa niche une fois de plus... pendant que Kent Hughes coupe son portefeuille...
