Fuite dans les médias: Mike Matheson annonce sa déception envers Kent Hughes

Fuite dans les médias: Mike Matheson annonce sa déception envers Kent Hughes

Par David Garel le 2025-11-24

Il y a parfois des moments dans une saison où un détail, une phrase, un soupir, crée une onde de choc que personne n’avait anticipée.

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec Mike Matheson, qui est passé en l’espace de quelques jours d’« intouchable chez le Canadien » à « dossier brûlant qui inquiète tout le monde dans l’organisation ».

Et ce n’est pas un journaliste de seconde zone qui a allumé l’alarme : c’est Richard Labbé, de La Presse, qui a rapporté noir sur blanc que Matheson lui-même a admis qu’il n’y avait pratiquement aucune avancée, aucun contact sérieux, aucune discussion réelle concernant son prochain contrat.

Ouch. Le CH et Matheson ne négocient pas. Pas du tout.

Dans un marché aussi hypersensible que Montréal, une déclaration aussi sèche, aussi révélatrice, ne tombe jamais dans le vide.

Surtout pas lorsqu’elle concerne un défenseur qui, cette année encore, porte littéralement la brigade sur ses épaules.

Car il faut le dire : Mike Matheson a le gros bout du bâton. Il le sait. Son agent le sait. Kent Hughes le sait. Et Martin St‑Louis l’a confirmé à maintes reprises : Matheson est le joueur le plus en forme de l’équipe, celui qui a « le patin d’un gars de 20 ans » et « les poumons d’un joueur qui n’a pas encore compris qu’il vieillit ».

Bref, Matheson est indispensable. Et quand un joueur indispensable arrive à un an de l’autonomie complète, sans progression dans les négos, ça crée un malaise monumental.

Ce malaise s’est amplifié lorsque l’ancien joueur Antoine Roussel, maintenant panéliste respecté pour TVA Sports et Cogeco, a lâché une bombe inquiétante.

Selon lui, Mike Matheson pourrait aller chercher 9 millions de dollars par saison sur le marché des joueurs autonomes. Pas 6, pas 7, pas 7,5… 9 millions.

Ce chiffre a résonné dans tout le Québec, parce qu’il renverse complètement la table. Jusque-là, on parlait d’un contrat autour de 6 ans à 6,5 ou 7 millions par année pour que Matheson reste à Montréal en laissant un peu d’argent sur la table.

Mais si le marché lui promet 9 millions, et si l’on considère la rareté des défenseurs d’impact disponibles cet été, Matheson n’a absolument aucune raison d’accepter une baisse.

Et c’est là que le rapport de force commence à basculer.

Car à 32 ans, Matheson n’aura plus jamais une telle occasion. C’est son dernier gros contrat. Le dernier qui peut changer sa vie.

Celui où il doit maximiser chaque dollar. Il sort d’une saison exceptionnelle, il est utilisé à outrance par Martin St‑Louis, il est au sommet de sa valeur… et il appartient à un marché où les équipes cherchent désespérément des défenseurs capables de jouer 25 minutes par soir.

Le timing est parfait. Le CH, lui, n’a pas ce luxe. Matheson le sait. Ça explique probablement pourquoi il laisse subtilement filtrer son impatience en disant à un journaliste que rien n’avance. Dans la LNH, ce genre de message n’est jamais innocent.

Cette situation crée un autre problème: si les négociations n’avancent pas d’ici le printemps, Kent Hughes n’aura peut‑être pas d’autre choix que de réfléchir à une transaction.

Et c’est exactement l’idée qui commence à circuler. Pas parce que Montréal veut s’en débarrasser, mais parce que c’est un scénario que tu ne peux pas ignorer lorsque ton meilleur défenseur approche de l’autonomie complète, que les discussions stagnent, et que tu risques de le perdre pour rien.

Et c’est là qu’un nom revient dans la conversation : Adam Engström.

Jusqu’ici, tout le monde voyait Engström comme un rival futuriste de Kaiden Guhle pour un poste dans le top‑4. Un talent moderne, un patineur élite, un défenseur complet en construction.

On savait qu’il était supérieur à Struble sur le plan du talent brut. On savait qu’il avait éclipsé bien des espoirs à Laval. On savait que sa progression allait forcer une décision à gauche. Mais jamais personne n’avait envisagé que cette décision pourrait toucher… Matheson.

Mais soudain, la question se pose.

Engström a le profil exact du défenseur moderne que Montréal veut développer : mobilité, relance, créativité, attaque, sang‑froid.

Il a été rappelé par le Canadien non pas pour « boucher un trou », mais pour être vu, évalué, testé, intégré au grand tableau.

Son rappel est arrivé exactement au même moment où le CH annonçait la signature d’Alexandre Texier et où l’organisation préparait un long voyage dans l’Ouest américain.

C’est là qu’on a compris que la situation bougeait. Ce n’était pas un rappel banal. Et avec toutes les équipes intéressées aux défenseurs gauchers du CH (Blues, Predators, Islanders, Flyers) Engström est devenu un élément stratégique dans un casse-tête complexe.

Mais ce qui change tout, c’est cette nouvelle dynamique où Matheson est soudain, lui aussi, un dossier incertain.

Parce que si Matheson exige vraiment 6 ans à 7 millions et que le marché lui offre mieux… que fait Montréal? L’organisation ne peut pas donner 8 ans ou 9 millions à un défenseur de 32 ans.

Pas en plein cœur d’une reconstruction. Pas quand tu as Lane Hutson, David Reinbacher, Guhle, Engström, Struble et Xhekaj dans le pipeline.

Pas quand tu dois bientôt payer Demidov, Slafkovsky et d’autres jeunes. Pas quand les contrats à long terme à 9 millions deviennent rapidement toxiques.

Et pourtant, perdre Matheson gratuitement serait catastrophique.

C’est pourquoi l’idée d’une transaction n’est plus un tabou. Pas un objectif. Pas une rumeur gratuite. Une possibilité, réelle, logique, dictée par la situation contractuelle.

Les Blues de Saint‑Louis ne veulent pas reconstruire. Ils veulent un retool. Ils cherchent un défenseur gaucher top‑4 depuis des mois. Ils ont fait leurs devoirs à Laval.

Ils ont envoyé Peter Chiarelli observer Engström. Ils sont mêlés à toutes les discussions. Nashville aussi. Les Islanders, frappés par la blessure longue durée de Romanov, sont désespérés. Le marché des défenseurs gauchers explose.

Jayden Struble est aussi épié par toutes ces équipes.

Et dans ce marché, Matheson, en n’ayant aucune discussion avec Montréal, devient soudain un dossier à analyser autrement.

Ce qui inquiète encore plus, c’est la communication subtile mais très calculée de Matheson. Lorsqu’un joueur dit publiquement que les négociations « n’avancent pas » ou qu’il n’y a « rien à rapporter », c’est un message clair.

Il sait exactement ce qu’il fait. Cela met de la pression sur le CH. Cela active les équipes adverses. Cela prépare le terrain pour un bras de fer.

Dans un monde idéal, Matheson signe à Montréal. Tout le monde souhaite ça. Lui aime la ville. L’organisation l’admire. Les partisans l’ont adopté après l'avoir traité de tous les noms la saison dernière.

Mais la réalité financière de la LNH est brutale. Si Montréal offre 6,5 millions et que deux ou trois équipes offrent 8,5 ou 9… le cœur ne gagnera pas contre la raison.

C’est pour ça que cette situation est si inquiétante : parce qu’elle dépasse le simple cadre des négociations. Elle redéfinit l’équilibre de la brigade. Elle accélère les questions de hiérarchie. Elle force l’organisation à considérer l’impensable : préparer l’ère post‑Matheson.

Et quand un DG en reconstruction voit son défenseur numéro un approcher l’autonomie sans aucune avancée, il ne lui reste que deux options : signer, ou échanger.

Pour la première fois, la deuxième option n’est plus farfelue.

Et ça, pour Montréal, c’est un coup de tonnerre.