Mauvaise surprise pour Mike Matheson: la première offre de Kent Hughes fait mal

Mauvaise surprise pour Mike Matheson: la première offre de Kent Hughes fait mal

Par David Garel le 2025-10-26

David Pagnotta n’a pas toujours la réputation d’être le mieux branché du circuit. Même dans les coulisses de la LNH, on le surnomme parfois avec un sourire moqueur : le “phisher” de rumeurs, celui qui lance des lignes à l’eau dans l’espoir que quelque chose morde.

Mais cette fois, son information a fait bondir tout le Québec hockey. Selon ses sources, la première offre contractuelle déposée par le Canadien de Montréal à Mike Matheson serait non seulement inférieure aux attentes… elle serait carrément provocante.

Une insulte déguisée en proposition. Trois ans. Entre 6,25 et 7 millions de dollars par saison. C’est tout. Un contrat-pont pour un vétéran de 31 ans qui joue les meilleures minutes de sa carrière, qui trône parmi les meilleurs défenseurs de la LNH depuis le début de la saison, et qui rêve, à juste titre, de décrocher un contrat à long terme dans son dernier virage professionnel.

Trois ans, c’est un message. Un avertissement. Une manière très directe pour Kent Hughes de dire :

« On te respecte, mais on ne construira pas l’avenir autour de toi. » En langage de négociation, c’est ce qu’on appelle une offre de départ froide, sèche et sans pitié.

 Une posture stratégique destinée à refroidir les ardeurs de l’autre camp. Et dans le cas de Matheson, ça passe mal. Parce que sur le marché des joueurs autonomes, les projections sont claires : le défenseur québécois pourrait obtenir un contrat de six ans, à au moins 7 M$ par saison.

Certaines équipes seraient même prêtes à aller jusqu’à 8 M$. Les Kings de Los Angeles seraient prêts à payer la lune. Et ils sont loin d'être les seuls.

Hughes le sait. Il ne vit pas dans le déni. Mais il a une méthode bien à lui, qu’on commence à mieux comprendre. Il commence toujours plus bas que la valeur réelle. Il avait fait le même coup à Lane Hutson, avec une première offre totalement inadéquate, avant que l’intervention de Rob Hutson et des agents sérieux ne vienne recadrer les négos.

Et maintenant, c’est Mike Matheson qui goûte à la médecine Hughes. Une médecine amère, mais stratégique. Car en envoyant une offre de 3 ans, entre 6,25 et 7 M$, Hughes vise autre chose : il veut tester la patience, la résistance, l’attachement.

Il veut voir si Matheson est prêt à sacrifier les dollars pour rester au Québec. Il veut voir s’il est “achetable” ou “engageable”.

Mais cette posture risque de braquer le clan Matheson. À 31 ans, Mike n’a plus dix saisons devant lui. Il veut la sécurité, le respect et la reconnaissance.

Il veut un contrat de six ans. Pas un pont de trois ans qui l’amène à 35 ans, avec zéro garantie pour la suite. Pour son agent Philippe Lecavalier, ce type d’offre est non seulement décevant, elle est dangereuse pour la relation.

Elle signifie que le CH ne voit pas Matheson comme une pierre d’angle, mais comme un vétéran utile… à durée limitée.

Ce n’est pas ce qu’il voulait entendre. D’autant plus qu’il joue présentement comme un stud. Il performe au niveau d’un Kris Letang à son apogée.

Il est dominant dans sa zone. Il transporte la rondelle avec autorité. Il joue 25 minutes par soir sans broncher. Et il fait tout ça dans son marché natal, devant les siens, avec une rigueur exemplaire.

L’offre de 3 ans? C’est brutal. Et David Pagnotta, malgré sa réputation contestée, a frappé un nerf. Sa publication a été repris par toutes les plateformes montréalaises en quelques heures. Non parce qu’il était exclusif, mais parce qu’il confirmait ce que plusieurs craignaient : Kent Hughes joue dur. Très dur.

Et ce n’est pas tout. Ce geste s’inscrit dans une stratégie beaucoup plus large. Le CH envoie un message : ici, même les vétérans locaux doivent accepter de “prendre pour l’équipe”. Le slogan est clair : on veut bâtir pour durer, pas surpayer pour plaire.

Et si Matheson n’embarque pas, d’autres le feront. Le message est d’autant plus fort que Martin St-Louis lui-même avait lancé en conférence de presse, il y a quelques jours, une phrase lourde de sous-entendus :

« On doit tous apprendre à apprendre. » Cette formule, floue en apparence, prend maintenant un tout autre sens. C’était un signal. Une balle adressée à Matheson. Apprendre à accepter son rôle. Apprendre à négocier autrement. Apprendre à s’adapter aux nouvelles réalités salariales.

Renaud Lavoie, lui, confirme que la situation est plus tendue qu’on l’imagine. Selon le journaliste de TVA Sports, le directeur général du Canadien a tout intérêt à convaincre Matheson de signer à long terme, mais les pourparlers ne sont même pas entamés.

Et le fossé est profond.

« Si on lui donne un contrat de six ans, d’après moi, il y aura une signature assez rapidement, si le montant dépasse les 6 millions $ », a lancé Lavoie, tout en avertissant que s’il faut plutôt parler de quatre ans, « ça coûtera un peu plus cher ».

Car la logique est sans pitié :

« Plus on lui donne d’années, moins le salaire moyen sera élevé. Et moins on lui accorde des années, plus le salaire moyen grimpera. »

Lavoie va même plus loin. Il estime qu’un contrat de cinq ans autour de 7 M$ par saison pourrait représenter le compromis parfait.

Une passerelle acceptable pour les deux camps. Et il rappelle aussi que Matheson a déjà été représenté par Kent Hughes à l’époque où ce dernier était agent.

Il y a donc un lien de confiance, un historique commun. Un respect mutuel. Ce qui rend cette froideur initiale d’autant plus choquante pour plusieurs observateurs.

Car si le Canadien ne réussit pas à garder Matheson, malgré une telle relation, malgré une telle production, malgré un tel leadership… quel message cela envoie-t-il à tous les autres vétérans de la LNH?

D’autant plus que les performances de Matheson crient pour lui. Auteur du but décisif en prolongation contre Calgary mercredi, marqueur crucial contre Vancouver samedi, il affiche un différentiel de +7, dans un club qui a remporté 7 de ses 10 premiers matchs.

Martin St-Louis s’appuie sur lui comme sur une pierre angulaire. Il n’est pas remplaçable. Il est l’un des moteurs du succès actuel. Et pourtant, on commence les discussions avec une offre qui ressemble plus à une provocation qu’à une invitation.

La balle est dans le camp de Hughes. Mais la pression monte. Car plus Matheson joue bien, plus le public va se ranger de son côté. Et plus on va scruter chaque geste de la direction. La stratégie de froid calcul a ses limites.

À Montréal, on aime les gars qui veulent rester. Encore faut-il leur tendre la main. Kent Hughes est l'ancien agent de Matheson. Parions qu'il aurait demandé un contrat de 6 ans et 7 millions de dollars par année...