Traitement d'Ivan Demidov: Patrick Roy donne une leçon à Martin St-Louis

Traitement d'Ivan Demidov: Patrick Roy donne une leçon à Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-11-03

Les médias montréalais parlent de course pour le trophée Calder.

Mais la réalité... est qu'il n'y a pas de course...

Il y a des soirs où les comparaisons deviennent inutiles. Des soirs où un joueur sort littéralement de la glace et redéfinit les standards.

Dimanche soir, à Long Island, Matthew Schaefer a livré un match qui entre déjà dans les livres d’histoire : deux buts, un record arraché à Bobby Orr, et une victoire arrachée dans les dernières secondes à Columbus.

À seulement 18 ans et 59 jours, le jeune défenseur des Islanders de Patrick Roy, a confirmé ce que plusieurs commençaient à murmurer : le trophée Calder n’est déjà plus une course. Il est en train d’être verrouillé.

On dit souvent que les défenseurs prennent du temps à se développer. Que la transition entre le junior et la LNH exige patience et maturité.

Matthew Schaefer, lui, semble ne pas avoir lu le manuel. À peine deux mois après avoir été repêché premier au total par les Islanders, il joue comme un vétéran de cinq ans de carrière. Dimanche, il est devenu le plus jeune défenseur de toute l’histoire de la LNH à marquer plus d’un but dans un même match, dépassant Bobby Orr.

Soixante ans d’attente effacés en 60 minutes.

Schaefer est déjà un défenseur complet, un général sur la glace. Il joue entre 24 et 26 minutes par rencontre, un chiffre qui, pour un joueur de 18 ans, est presque irréel.

À titre de comparaison, Ivan Demidov, qui impressionne tant à Montréal, est chanceux s'il dépasse les 14 minutes.

La différence est énorme. 

Après le match, Patrick Roy n’a pas caché son émotion. On aurait dit un entraîneur redevenu gamin.

« C’est le jeune le plus spécial que j’ai vu de ma vie », a-t-il confié sans détour.

« C’est tellement excitant. Je n’ai jamais vu un défenseur comme ça. »

Quand un homme comme Patrick Roy, triple vainqueur du trophée Conn Smythe, quadruple champion de la Coupe Stanley, dit ça, il faut comprendre que ce n’est pas de la flatterie gratuite. C’est la reconnaissance d’un phénomène.

Dans la tête de Roy, Schaefer n’est plus un projet. Il est déjà une fondation. Un joueur autour duquel on peut bâtir une franchise.

Et ça se ressent dans la manière dont il l’utilise. Schaefer est partout : première vague de power play, première paire défensive, dernières minutes de match, prolongation. Ce n’est pas un jeune qu’on protège. C’est un pilier qu’on exploite.

Si seulement Martin St-Louis pouvait faire confiance à Ivan Demidov de cette façon. On pourrait enfin avoir une vraie course pour le Calder.

Le parallèle avec Bobby Orr, justement, n’est pas seulement statistique. Schaefer incarne le défenseur moderne, capable de tout faire : défendre, transporter la rondelle, orchestrer le jeu en supériorité numérique et marquer.

Son premier but, un tir précis en avantage numérique, rappelle la fluidité d’un Cale Makar.

Son deuxième, en fin de match pour égaliser, avec le gardien retiré, illustre son sang-froid. Pas un geste précipité. Juste la lucidité de quelqu’un qui contrôle chaque détail du moment.

Grâce à son aura, les Islanders sont revenus de l'arrière en toute fin de match... pour l'emporter à la dernière seconde...

Et c’est bien là que réside la différence entre lui et les autres recrues : il ne subit jamais le jeu. Il le dicte.

À Montréal, Ivan Demidov fascine, émerveille, mais reste sous la gestion sans pitié de Martin St-Louis.

Le coach l’utilise avec parcimonie, souvent entre 12 et 13 minutes par match. Il le protège, il le fait apprendre à la dure.

À Long Island, Patrick Roy fait exactement le contraire : il jette Schaefer dans le feu, sans parachute. Et le kid y danse comme un vétéran.

C’est tout le paradoxe entre les deux philosophies : St-Louis veut façonner Demidov, Roy veut libérer Schaefer. Le résultat est cinglant.

Schaefer domine déjà la LNH avec cinq buts et dix points en douze matchs. Il joue le quart de toutes les minutes des Islanders. Il est premier pour le temps de glace moyen chez les recrues (22:21 par match). Il mène l’équipe à la relance. Et il fait tout ça sans trembler.

Demidov a beau avoir 3 buts et 7 passes pour 10 points en 12 matchs, son impact sur le jeu est à des années lumières de son rival.

Demidov, de son côté, impressionne par son talent pur, sa créativité, ses passes millimétrées. Mais il n’a pas encore ce rôle central. Le Russe doit attendre que Martin St-Louis lui ouvre la porte du premier trio ou qu'on finisse par aller chercher ce satané 2e centre.

Car ce n'est pas avec Oliver Kapanen et Alex Newhook que tu gagnes un Calder. Schaefer, lui, a déjà les clés du royaume.

Il faut aussi reconnaître la part de Patrick Roy dans cette ascension. L’ancien gardien a retrouvé, à Long Island, une flamme qu’on croyait éteinte. Son équipe joue avec du coeur, alors que tout le monde les enterrait. 

Les Islanders jouent maintenant au-dessus de 500 et n'ont pas dit leur dernier mot.

La chimie entre Schaefer et Roy se ressent. Leur lien est déjà incroyable. Roy voit en lui le joueur qu’il aurait aimé avoir devant lui à l’époque : un défenseur capable de tout absorber et de tout relancer.

Cette relation entraîneur-joueur est peut-être la plus déterminante du début de saison dans la LNH. Pendant que d’autres clubs hésitent à donner les clés à leurs jeunes (bonjour Martin St-Louis), Roy a choisi d’y aller à fond. Et il est récompensé.

Les médias montréalais continuent de pousser le narratif d’un duel entre Ivan Demidov et Lane Hutson pour le Calder.

Mais la réalité, froide et chiffrée, est ailleurs. Matthew Schaefer, à 18 ans, vient d’entrer dans une autre dimension. Il ne se contente pas de produire, il transforme une équipe moyenne en force compétitive.

Les Islanders, après un départ hésitant, viennent de remporter deux matchs consécutifs grâce à lui. Il est le moteur, la voix et le visage d’une formation qui place sur ses épayles.

D’ailleurs, il est le premier joueur des Islanders à être nommé recrue du mois depuis Barzal, en 2018.
S’il reste en santé, Schaefer va écraser la compétition. Un défenseur qui bat des records de Bobby Orr, qui joue plus de 22 minutes par soir et qui mène son équipe offensivement, ça ne s’est pas vu depuis des décennies.

Ce n’est pas un hasard si Patrick Roy lui-même l’a comparé à Cale Makar après la rencontre. Les deux ont cette même aisance à contrôler la rondelle en mouvement, cette fluidité qui rend la défense offensive, cette confiance presque insolente dans les moments critiques.

Roy l’a dit avec un sourire :

« Je n’ai jamais vu un défenseur de cet âge-là jouer avec autant d’instinct. »

Et c’est exactement ce que tout le monde ressent : Schaefer joue comme un Makar de 18 ans. 

Pour le Canadien et ses partisans, cette montée en puissance du jeune Ontarien est un rappel brutal : la LNH ne pardonne pas la prudence.

Pendant que Martin St-Louis protège Demidov, d’autres entraîneurs laissent leurs prodiges voler. Et c’est peut-être là que se joue la différence entre un bon joueur et une superstar immédiate.

Demidov a tout pour être spectaculaire. Mais il devra convaincre son entraîneur de lui faire confiance autant que Roy le fait avec Schaefer. Sinon, le débat du Calder risque de se régler bien avant Noël.

À Montréal, on continue de rêver de voir Ivan Demidov soulever le Calder. À New York, on est déjà en train de trouver la place du trophée dans le hall d’entrée du UBS Arena. Et, franchement, difficile d’y voir une injustice.