Le ton de Martin St-Louis, jeudi soir, a pris tout le monde de court. Quelques minutes après une humiliation de 7-0 au Centre Bell, contre les Stars de Dallas, l’entraîneur-chef du Canadien semblait presque amusé.
Souriant, parfois crampé, il a offert une prestation d’une légèreté déconcertante, réduisant ce qui venait de se passer à une « game bizarre ».
Arrivé en retard à la salle de presse, St-Louis a tout de suite donné le ton.
Luc Gélinas a même demandé s'il est allé prendre une "petite frette" pour décanter avant de rencontrer les journalistes.
"Non" a-t-il répondu avec un sourire lorsque questionné sur le délai. Il disait « devoir gérer la blessure d'Alex Newhook ». Mais le malaise était évident. (à voir dans l'extrait vidéo suivant)
Devant les journalistes, St-Louis a ressassé ses classiques :
« Ce n'est pas le fun de se faire laver de même à la maison, mais je trouve qu'on était meilleurs que ce que le score indique. C'était une game bizarre. »
Puis, Jeremy Filocas lui a demandé ce qu'il retenait comme leçons d'une telle raclée :
« Je ne veux pas te répondre ça à soir. Il faut que je regarde. »
François Gagnon lui a tendu une perche :
« Martin, souvent les coachs disent : mon club perd ce soir parce qu'on a gagné des games qu'on aurait dû perdre. As-tu peur que les mauvaises habitudes s'accumulent? »
St-Louis a esquivé : « Je ne sais pas. »
Lui qui, l’an dernier, était capable de faire preuve de transparence, de colère ou d’introspection, est maintenant figé dans un discours protecteur.
Protecteur envers ses joueurs, ses gardiens, ses décisions. Interrogé sur la confiance de son équipe :
« Je ne dirais pas qu'elle est basse. On est juste dans un petit creux. »
Sur la façon de retrouver l'exécution : « Une passe à la fois. Un jeu à la fois. »
Sur la décision de retirer Jakub Dobeš après cinq buts accordés sur 13 tirs :
« C'était la bonne chose à faire. Mais je ne suis pas inquiet pour leur confiance. Ils vont être corrects. »
Le score était pourtant sans appel : sept buts sur 19 tirs. Dobeš a été laissé à lui-même.
Et Montembeault, envoyé en relève, a laissé passer deux rondelles sur cinq tirs. Encore un but sur le premier tir. Décourageant.
Pourtant, St-Louis a continué de minimiser la déroute : « C'est une équipe opportuniste. C'est la game. C'est la ligue. »
Pardon? Le coach ne voit pas la gravité de la situation? Le CH a encaissé 12 buts à ses deux derniers matchs à domicile, une première depuis des années. Et St-Louis, au lieu de sonner l'alarme, nous dit que son groupe est « résilient » et qu'ils vont se « regrouper ».
Mais cette attitude commence à exaspérer. Car le message ne passe plus. Le powerplay est en chute libre. Les jeunes comme Demidov et Bolduc sont toujours dans sa niche. Les mêmes trios sont reconduits sans réglage. Juraj Slafkovsky est toujours chouchouté même s'il ne produit pas. Et maintenant, même après une humiliation, l'entraîneur refuse de nommer les problèmes.
Ce jeudi soir, Martin St-Louis a manqué une occasion. Une occasion de montrer qu’il déteste perdre. Une occasion de dire que ce n'est pas acceptable. Une occasion de démontrer qu'il est le capitaine du navire. Parce qu'à force de dire que tout est correct, c’est le message inverse qui passe : que tout est toléré.
Ce n’est pas seulement le rendement de Montembeault ou les larmes de Dobeš qui polarisent l’opinion publique à Montréal. C’est l’attitude d’un entraîneur-chef qui, à force de vouloir tout contrôler, finit par donner l’impression qu’il ne contrôle plus rien.
Quand un journaliste a osé évoquer son plan avec la blessure d’Alex Newhook, il a levé les yeux au ciel : « Veux-tu que je te donne mes trios, maintenant? »
La salle est devenue glaciale. Mais ce n’est pas de la colère légitime, c’est de la défensive automatique. Une posture d’homme assiégé, incapable de gérer la critique autrement que par la fuite ou l’agressivité passive.
Martin St-Louis a regardé sa feuille de statistiques pour fuir la question sur la performance de ses gardiens. Les yeux baissés, il a énuméré chaque but en les décrivant comme des missions impossibles pour ses deux passoires.
Resre que personne ne sait qui est le vrai numéro un à Montréal. Au final, c'est ni l'un, ni l'autre.
Pendant ce temps, "'Marty" nous dit de prendre ça cool. Tout va bien dans le meilleur des mondes...
