Tension entre Martin St-Louis et Maxim Lapierre: la revanche du coach

Tension entre Martin St-Louis et Maxim Lapierre: la revanche du coach

Par David Garel le 2025-12-26

Martin St-Louis n’a rien changé. Et c’est précisément pour ça qu’il gagne son duel avec Maxim Lapierre... par K-O technique.

Depuis des semaines, son système homme-à-homme est traité comme une honte publique par l'animateur de la Poche Bleue et de TVA Sports.

Lapierre n'était pas le seul. Plusieurs analystes ont parlé d'une obsession d’ancien joueur vedette déconnecté de la réalité de la LNH, un schéma tactique naïf qui exposerait inutilement ses gardiens, épuiserait ses défenseurs et transformerait chaque présence en exercice de survie.

Maxim Lapierre l’a démonté en direct à la télévision, séquence par séquence, avec la précision d’un ancien soldat des tranchées, parlant d’anarchie, de chaos, de cinq joueurs du même côté de la patinoire, de jeunes attaquants abandonnés à des duels impossibles et d’une organisation qui devrait, selon lui, être protégée contre son propre système:

Le procès semblait réglé. Verdict populaire : coupable.

Ce moment-là a été brutal pour Martin St-Louis, surtout parce que Patrice Bergeron a suivi pour envoyer le coach du CH sous l'autobus.

Ce ce n’était plus un ancien joueur devenu commentateur à chaud, ni un débat de plateau télé qui s’enflamme après une mauvaise séquence : c’était Patrice Bergeron, l’un des cerveaux défensifs les plus respectés de l’histoire moderne de la LNH, qui mettait publiquement en doute la viabilité même du man-to-man pur.

@lapochebleue « Si t'es contre Connor McDavid en man-to-man en zone défensive, à un moment donné tu te sens pas gros dans tes shorts si tu le sais qu'il y a personne qui va te supporter si jamais il te casse une cheville en faisant un p'tit move. » 😂🏒 #patricebergeron #bostonbruins #hockey #nhl ♬ son original - lapochebleue

Et voilà que Dale Hunter, l’un des entraîneurs les plus respectés du hockey nord-américain, vient dire exactement l’inverse en défendant Martin St-Louis indirectement et en validant, pièce par pièce, le fondement même de ce qui lui est reproché.

Hunter explique que le système homme-à-homme est simple, qu’il existe depuis des années, qu’il permet à des joueurs qui n’ont jamais évolué ensemble d’avoir des repères clairs rapidement, sans passer par des structures lourdes et complexes qui exigeraient des semaines d’automatismes.

Dans un contexte comme le Championnat mondial junior, où un groupe doit apprendre à fonctionner en quelques entraînements à peine, il n’y voit pas une faiblesse, mais une évidence.

Et soudainement, tout se renverse.

Si ce système est suffisamment simple pour être enseigné à des joueurs de 17 et 18 ans, si un entraîneur comme Dale Hunter, reconnu pour son hockey dur et structuré comme jamais, l’adopte sans hésitation, comment peut-il être irresponsable quand Martin St-Louis l’utilise avec des joueurs de la LNH?

Comment peut-il être qualifié de pourri, de chaotique, de destructeur par les médias québécois et les anciens joueurs?

C’est là que la « revanche » de St-Louis prend forme, même s’il ne dit rien. Il n’argumente pas. Il ne contre-attaque pas. Il continue.

Fidèle à lui-même. Fidèle à sa vision. Fidèle à cette idée, peut-être naïve aux yeux de certains, qu’un système n’est jamais meilleur que les intentions, la lecture et l’engagement de ceux qui l’exécutent.

Parce que c’est précisément ce que Hunter met en lumière, sans le vouloir : le système n’est pas un bouclier magique. Il ne protège personne si l’exécution s’effondre. Il ne pardonne pas la fatigue, les blessures, les lectures ratées, les demi-secondes de retard.

Et c’est exactement ce que Maxim Lapierre dénonçait. Non pas l’existence du homme-à-homme, mais sa fragilité quand les jambes ne suivent plus.

Alexandre Carrier l’a dit lui-même, presque malgré lui. Quand tout le monde est en santé, quand l’énergie est là, quand chacun sait exactement où aller, ça fonctionne.

Mais dès qu’un seul joueur hésite, tout le monde se regarde, personne ne protège personne, et le système devient impitoyable.

La vraie question n’est donc pas de savoir si Martin St-Louis a tort d’utiliser le homme-à-homme. La vraie question est de savoir s’il est capable de l'adapter selon l’état réel de son équipe sur une saison de 82 matchs.

Dale Hunter, dans un tournoi court, avec des jeunes frais, peut se permettre de jouer le tout pour le tout.

Martin St-Louis, dans une saison de 82 matchs, avec des gardiens fragilisés, une défensive jeune et des joueurs épuisés, marche sur une ligne beaucoup plus mince.

Mais la « revanche » est ailleurs.

Elle est dans le fait que le discours voulant que St-Louis ait inventé un système exotique, dangereux et unique ne tient plus.

Une douzaine d’équipes de la LNH utilisent des variantes similaires. Des entraîneurs respectés l’enseignent encore. Ce n’est pas une mode passagère ni une obsession personnelle. C’est un outil. Ni plus, ni moins.

Lapierre a raison sur une chose fondamentale : un entraîneur doit protéger son organisation. Mais Hunter rappelle, indirectement, que protéger une organisation ne signifie pas nécessairement reculer, se replier, attendre. Ça peut aussi vouloir dire responsabiliser, forcer les lectures, exiger une éthique de travail individuelle extrême.

C’est là que Martin St-Louis vit et mourra avec son système.

Pour le meilleur, quand l’équipe est compacte, alerte, connectée, quand les erreurs individuelles sont rares et que le gardien voit les tirs venir de loin.

Pour le pire, quand une seule erreur devient une chance de marquer, quand les jambes lâchent, quand le mental flanche et que la poursuite individuelle se transforme en désordre collectif.

À partir de maintenant, la pression change de camp.

Ce n’est plus « ton système est mauvais ».

C’est « ton système exige une perfection que ta formation actuelle n’est peut-être pas toujours capable de livrer ».

Mais Martin St-Louis s'en contrefous. Il va amener sons système jusqu'à sa tombe.