Colère à Brossard: les journalistes explosent contre l'organisation du CH

Colère à Brossard: les journalistes explosent contre l'organisation du CH

Par David Garel le 2025-12-10

Le Canadien de Montréal peut bien prétendre que tout va bien, que le rappel de Jacob Fowler n’est qu’un « processus normal de développement », mais il faut être naïf pour croire une seconde que ce cirque improvisé n’a rien à voir avec la crise monumentale devant le filet.

Et à voir la scène chaotique qui s’est déployée mercredi matin à Brossard, il devient clair que l’organisation n’a pas seulement rappelé son jeune prodige : elle l’a protégé derrière un "cordon sanitaire" médiatique, comme si on transportait un diamant sous scellé plutôt qu’un gardien de 21 ans.

La frustration des journalistes était énorme, presque électrique. Tous, sans exception, voulaient parler au jeune Américain.

Tous savaient que sa présence dans le grand show était un moment charnière dans cette saison dysfonctionnelle. Il n’y avait qu’un problème : le CH a refusé toutes les demandes d’entrevue, prétextant qu’on ne savait même pas s’il allait garder les buts contre Pittsburgh.

Un argument tellement mince que les journalistes ont éclaté de rire en coulisses. On se souvenait très bien, par exemple, qu’Adam Engström avait parlé aux médias il y a deux semaines, alors qu’il n’était pas plus certain de jouer son premier match. Mais là, la réponse tombait comme un mur : « Non. Jacob ne parle pas. »

De toute façon, tout le monde sait qu'il sera le partant demain.

Ce n’est pas la faute de Chantal Machabée, et tout le monde le sait. Elle applique les directives. Et les directives étaient claires : Fowler ne doit pas parler, point.

On sentait presque la panique dans la façon dont tout était verrouillé. Et c’est précisément cette censure qui a enragé les journalistes.

Comme si cela ne suffisait pas, quand tous les médias ont demandé à parler à Kent Hughes, la réponse a été encore plus sèche :

« Le directeur général ne commente pas les rappels de la Ligue américaine. »

Le message : démerdez-vous avec Martin.

Et Martin, fidèle à lui-même, a livré ce qu’il sait livrer de mieux : un mélange de mépris poli, de demi-vérités, et de philosophie qui sert surtout à ne jamais répondre directement à la question.

Sur Fowler, il a déclaré qu’il était là parce qu’il le « méritait », que l’équipe voulait mesurer sa « progression », que l’organisation « continue de bâtir une équipe de championnat ».

Une formule qui, dans la bouche d’un coach qui vient de perdre 6-1 en se faisant traverser par Tampa Bay, sonnait presque comme une mauvaise blague.

Il a insisté pour dire que ce rappel ne constituait « pas un message », que Fowler n’arrivait pas « comme un sauveur », qu’il voulait simplement lui faire voir « la rapidité de la game, même à l’entraînement ».

Mais personne n’était naïf.

Personne ne l’est jamais quand deux gardiens viennent de se faire humilier le même soir et que l’un d’eux affiche le pire taux d’efficacité de la LNH.

Et surtout, personne n’a oublié cette phrase de St-Louis, glissée comme si de rien n’était, mais dont le sous-texte criait plus fort que le reste :

« Ça arrive à un moment où nos gardiens ont de la misère. »

Voilà. Tout est là. Tout ce cirque pour ne pas prononcer les noms, mais tout est dit.

Dans le vestiaire, les joueurs tentaient d’éteindre l’incendie. Gallagher, fidèle à son rôle de pompier émotionnel, répétait que l’ajout de nouveaux joueurs fait partie d’une saison de 82 matchs, qu’il y a de la compétition interne, que personne ne doit tenir sa place pour acquise, que l’équipe serait prête pour Pittsburgh.

Mais même lui n’arrivait pas à masquer l’inconfort. Les mots sortaient, mais les regards, eux, trahissaient le malaise.

Josh Anderson, lui, a tenté de redresser le narratif en rappelant que « c’est facile de blâmer les gardiens », que les problèmes viennent de la couverture, de la position, du manque de responsabilité dans le territoire défensif.

Des propos logiques, sensés, mais qui sonnaient surtout comme une tentative de rapiécer un navire qui prend l’eau de partout.

Et pendant que tous tentaient de jouer à cache-cache, la statistique honteuse revenait frapper Montréal comme une brique en plein visage :

Montembeault : pire taux d’efficacité de la LNH (.857).

Dobeš : 36e sur 48 (.887).

Les deux hommes masqués qui devaient stabiliser la reconstruction sont maintenant les deux plus grandes sources d’instabilité de l’organisation.

Et c’est pour ça que, soudainement, tout devient tendu. Les regards, les questions, les sous-entendus, les refus d’entrevue : on ne protège pas un joueur ordinaire ainsi. On ne barricade pas un simple rappel de routine. On ne refuse pas Kent Hughes pour une situation banale.

On protège un prodige.

On protège quelqu’un qui débarque dans une poudrière.

On protège un jeune gardien que Montréal refuse systématiquement d’exposer tant que les deux autres brûlent encore.

La tension est montée d’un cran ce matin.

Et Martin St-Louis, derrière ses phrases soigneusement polies, sait exactement ce qui est en train de se passer.

Les journalistes l’ont senti.

Les joueurs l’ont senti.

Fowler lui-même, qu’on a enfermé derrière un rideau médiatique, l’a senti.

Le statu quo est mort.

Le rappel de Fowler n’est pas une expérience.

C’est un signal.

Un virage.

Un aveu.

Montréal ne peut plus faire semblant. Qu'ils assument alors... et qu'ils commencent à traiter les journalistes de la bonne façon...