Les 13 minutes de la honte: Martin St-Louis envoie Ivan Demidov dans sa niche

Les 13 minutes de la honte: Martin St-Louis envoie Ivan Demidov dans sa niche

Par David Garel le 2025-10-08

Grosse défaite. Grosse claque. Grosse gifle. 

Appelez-la comme vous voulez, mais l’échec du Canadien de Montréal à Toronto pour ouvrir la saison 2025-2026 (5-2) laisse un goût amer.

Un match qui devait lancer le CH sur une note d’optimisme… et qui finit par exposer, au grand jour, les limites d’un système, d’une stratégie et d’un coach qui semble avoir perdu ses repères dans l’alignement.

Martin St-Louis n’a pas eu le “guts”.

On lui reprochait déjà ses messages flous, ses alignements ambigus et sa gestion par “feeling”. Mais mercredi soir, ce n’est pas du “feel”, c’est de l’improvisation.

St-Louis avait promis un avantage numérique en deux unités égales : une unité 1A et une unité 1B. Dans les faits, on a surtout vu la même unité incapable de générer une seule menace crédible pendant les deux opportunités du Canadien en avantage numérique. 0 en 2. Deux occasions gaspillées.

Et où était Ivan Demidov? Où était Patrick Laine? On les avait promis, on les avait positionnés, mais dès qu’il fallait capitaliser… on les a oubliés.

Quand tu annonces un powerplay 1A/1B et que tu refuses de l’utiliser comme tel, tu viens de mentir à ton vestiaire.

Demidov, utilisé sur un trio de pauvre avec Newhook et Oliver Kapanen à 5 contre 5, a été ignoré dans tous les sens du terme.

Le Russe n’a joué que 13 minutes et 21 secondes. Treize minutes. Pour un joueur qui devait être l’une des pierres angulaires de cette offensive. C’est inacceptable. 

Martin St-Louis prétend vouloir l’intégrer progressivement, mais cette stratégie ressemble de plus en plus à une tentative de le casser psychologiquement, comme on a vu avec d’autres jeunes avant lui.

Il n’a pas vu le powerplay, il a été cantonné à un rôle effacé, et pourtant, chaque fois qu’il touche la rondelle, il se passe quelque chose. Le public le voit. Les analystes le disent. Mais le coach l’ignore. Pourquoi?

Pour envoyer un message? Pour le “mériter”? C’est un coup de frein brutal à un joueur qui a besoin de confiance, pas de chaînes.

Incompréhensible. St-Louis a-t-il eu peur de les exposer trop tôt? A-t-il voulu miser sur la continuité d’un groupe qui, déjà l’an dernier, n’avait pas de mordant en powerplay?

Une chose est claire : ça n’a pas marché.

Noah Dobson a connu un bon match. Solide sur ses patins, efficace en relance, mais toujours ce problème qui revient : la mollesse dans les batailles. À moins qu'on le trouve positivement "smooth".

Mais on ne peut rien lui reprocher ce soir.

Reste que le Canadien devra trancher rapidement sur son rôle. Car pour l’instant, on sent un malaise entre son profil et l’identité défensive que St-Louis cherche à implanter.

Le moment clé du match? Mike Matheson qui voit son bâton fracassé à la ligne bleue. Lane Hutson, en panique et complètement perdu en repli, qui perd son bâton pour aucune raison. Résultat : Matthew Knies s’échappe, Montembeault fait le premier arrêt, mais Knies reprend le rebon pour la remettre à Morgan Rielly. 3-2 Leafs. Fin de match.

Oui, c’est un bâton brisé, puis un bâton perdu. Oui, c’est malchanceux. Mais selon Hutson, c'est de sa faute. Et Martin St-Louis l'a confirmé. C'était bel et bien de sa faute.

Et la tienne Marty?

Retour en arrière. Dès la première minute du match, Toronto ouvre la marque. Ce qui choque? La gestion de la mise au jeu.

Kirby Dach sort du cercle, et c’est Zachary Bolduc, gaucher, qui prend la mise au jeu à la droite de Montembeault. À la place de Brendan Gallagher.

Pourquoi Bolduc? Pourquoi ce changement improvisé? Résultat : Tavares gagne la mise au jeu, Nylander tire, McMann dévie. 1-0 Leafs. Et Martin St-Louis est vu, sur le banc, visiblement frustré.

Mais frustré contre qui? Ses joueurs ou ses propres décisions?

Depuis plusieurs jours, St-Louis martèle que Slafkovsky a les outils pour devenir un joueur d’impact. Sur le plan physique, oui. Mais sur le plan créatif?

Slafkovsky n’a pas la créativité nécessaire pour "driver" une première unité d’avantage numérique. Pas encore. Pas contre Toronto. Pas dans ce contexte.

Et pourtant, Demidov et Laine étaient sur le banc.

Autre problème majeur : Martin St-Louis n’a jamais modifié ses trios. Même en troisième période, même à 3-2, même quand le CH n’arrivait pas à créer de momentum offensif. Aucune réorganisation. Aucune tentative de combinaisons.

Le Canadien est une équipe jeune. Une équipe mobile. Mais une équipe qui manque de plan B.

C’est exactement ce qu’on a vu.

Samuel Montembeault, lui, a Jacob Fowler dans la tête. Il sait qu'il n'est pas le gardien d'avenir de cette équipe. Trois buts sur 26 tirs. Il n'a pas fait les arrêts qu’il devait faire.

Mais en face, le CH a manqué de finition. Et on a senti un manque de confiance.

Dans la tempête, deux jeunes ont brillé :

Oliver Kapanen, avec son premier but en carrière en désavantage numérique. Intelligence, lecture du jeu, exécution. Prometteur.

Zachary Bolduc, pour son premier but dans l’uniforme du CH. Présence au bon endroit, au bon moment.

Mais ça ne suffit pas. Pas dans un match où ton powerplay est stérile, où tes décisions de coaching sont contestées, et où ta profondeur offensive n’est pas exploitée.

Quand on regarde le match froidement, c’est une défaite tactique. Une défaite de gestion. Une défaite de banc. Le CH avait les éléments pour être compétitif. Il avait même les chances.

Mais St-Louis n’a pas osé.

Il n’a pas fait jouer Laine.

Il a caché Demidov.

Il n’a pas changé ses trios.

Il a misé sur un powerplay inefficace.

Il n’a pas ajusté après le 3-2.

Et ça, c’est sur lui.

Le CH poursuit son voyage à Detroit jeudi, puis à Chicago samedi. Deux matchs contre des adversaires accessibles.

Mais si Martin St-Louis veut éviter la tempête, il doit réagir. Vite. Il doit envoyer un message clair à ses jeunes. Il doit donner une vraie chance à ses joueurs de talent. Il doit coacher.

Car cette fois, la défaite porte son nom. Et la prochaine pourrait aussi.