Martin St-Louis envoit un message sans nuances à Zachary Bolduc

Martin St-Louis envoit un message sans nuances à Zachary Bolduc

Par André Soueidan le 2025-12-06

Dire que Zachary Bolduc nage en pleine zone grise serait mentir.

Martin St Louis vient d’effacer la palette de peinture au complet et lui a tendu un seul choix de couleur : noir ou blanc.

Aucune subtilité. Aucune nuance. Aucune excuse.

Le jeune a été directement visé dans les commentaires du coach, même si personne n’a osé prononcer son nom devant les caméras.

Mais pour ceux qui écoutent vraiment les conférences de presse et qui comprennent comment un entraîneur parle à un joueur sans lui parler, le message était si clair qu’on aurait dit un coup de surligneur fluorescent.

La fameuse zone grise.

Celle que St Louis n’arrête pas de répéter qu’il faut éliminer.

Celle qui, comme par hasard, a coïncidé cette semaine avec les deux pires matchs de Bolduc en termes d’utilisation.

Trois présences seulement en troisième période contre les Sénateurs.

À peine 7 minutes 54 secondes le lendemain contre les Jets. Un joueur qu’on veut développer? Peut-être. Un joueur à qui on envoie un ultimatum pas très discret? Absolument.

Alexandre Carrier a mis le doigt dessus quelques heures avant le match à Toronto.

Ce n’était même pas subtil. Il a expliqué que le Canadien laissait trop de trous en zone défensive, qu’il fallait arrêter d’être constamment en un contre un, qu’il fallait créer du surnombre et surtout, qu’il fallait enlever tout questionnement lorsque les joueurs sont sur la glace.

Quand un défenseur prend le temps d’expliquer que personne ne doit hésiter, que chacun doit savoir où aller, c’est rarement une observation générale.

C’est une flèche déguisée vers ceux qui hésitent. Et au cours des derniers matchs, personne n’a davantage symbolisé l’hésitation que Bolduc.

Puis St Louis lui-même est venu enfoncer le clou.

En parlant de son système, l’entraîneur a affirmé :

« Quand c’est noir ou blanc, tout devient clair et prévisible. Le travail devient beaucoup plus facile. »

Et quelques secondes plus tard, comme si ce n’était pas assez limpide :

« Il faut être plus efficace dans notre zone. Il y aura toujours un peu de gris, mais il faut le limiter le plus possible. »

Ce ne sont pas des paroles innocentes. Ce sont les mots d’un coach qui en a assez de voir certains joueurs perdre leur homme, ou simplement ne pas lire le jeu assez vite.

Un coach qui cherche à identifier publiquement la source du problème sans tomber dans la confrontation directe.

Un coach qui, sans nommer personne, a jeté un énorme projecteur sur le jeune attaquant d'une centaine de matchs d’expérience qui peine à survivre dans un système homme à homme où les lecteurs lents se font dévorer vivants.

Le contraste est frappant quand on regarde ce qui s’est passé dans la même conférence de presse.

St Louis a passé du temps à défendre d’autres joueurs, à expliquer la complexité des ajustements, à rappeler la patience nécessaire.

Mais lorsqu’il a été question de Bolduc, la phrase clé a été une autre :

« C’est un jeune joueur qu’on tente d’amener là où on sait qu’il peut aller. C’est un excellent joueur offensif, mais il doit continuer de travailler sur son jeu défensif. Il va y arriver. »

Traduction en langage non-politique : offensivement, ça va. Défensivement, il est loin du compte.

Et la patience a une limite quand le système repose sur la précision, la vitesse de réaction et l’élimination de la zone grise. Le système de St Louis est une machine qui punit la moindre hésitation.

Bolduc hésite. Le système le dévore.

La direction ne veut pas le dire trop fort, mais la situation devient préoccupante.

Ce n’est plus seulement une question de matchs difficiles. C’est une tendance. Une tendance qui a forcé un entraîneur réputé pour protéger ses jeunes à envoyer un message public.

Une tendance qui a poussé un joueur comme Carrier à parler ouvertement des trous défensifs.

Une tendance qui inquiète même les vétérans, qui doivent compenser les erreurs d’un coéquipier qui perd fréquemment son homme dans le système.

L’ironie, c’est que Bolduc démontre parfois de brillantes séquences.

Des flashs où on comprend pourquoi le Canadien l’a acquis, pourquoi son potentiel excite tant d’observateurs.

Mais dans un système basé sur la rigueur, les flashs ne suffisent pas.

On demande de la constance. On demande du noir ou du blanc.

Pas du gris.

Et dès que Bolduc retombe dans le gris, St Louis retire son nom de la rotation, coupe son temps de glace et envoie un message silencieux, mais tranchant.

Le plus fascinant, c’est que le coach ne veut pas blâmer la jeunesse de l’équipe.

Il refuse les excuses. Il refuse les béquilles.

« Ce n’est pas une excuse », a-t-il lancé quand on lui a parlé du manque d’expérience.

Et c’est précisément pour cette raison que la pression se tourne vers Bolduc : parce qu’il ne bénéficie pas du bouclier habituel offert aux jeunes.

On vient d’assister à un changement de ton. Un changement de méthode. Un changement d’attentes.

Le message à Bolduc? Le temps des apprentissages en douceur est terminé.

Le système ne va pas s’adapter à toi. Tu dois t’adapter au système. Et vite. Sinon, tu vas regarder beaucoup de troisièmes périodes du banc.

La zone grise, c’est terminé. Les joueurs qui flottent entre les deux, dans ce système-là, se font exposer. Et en ce moment, personne ne se fait exposer plus clairement que Zachary Bolduc.

Zachary Bolduc vient tout juste de recevoir son premier vrai ultimatum professionnel.

Ouch...