Martin St-Louis envoie un message cinglant à Kent Hughes

Martin St-Louis envoie un message cinglant à Kent Hughes

Par André Soueidan le 2025-01-12

Il y a des moments dans une organisation où le coach, volontairement ou non, prend les devants pour envoyer un message.

Pas à ses joueurs. Pas à ses assistants. Mais directement à son patron.

Et il semblerait que Martin St-Louis, à sa manière bien à lui, ait fait exactement cela.

La conférence de presse de Kent Hughes plus tôt cette semaine avait pourtant comme but de calmer le jeu.

Hughes avait tenté de recadrer les attentes des journalistes en affirmant que l’objectif de faire les séries n’était pas une priorité officielle.

Une déclaration sage et diplomatique, sauf que sur la glace, Martin St-Louis avait déjà préparé une réponse bien différente.

Depuis quelques semaines, on sent une énergie différente chez les Canadiens de Montréal. Une équipe qui, soyons honnêtes, n’avait rien à envier à une boussole brisée en début de saison.

Entre les défaites humiliantes contre les Capitals à Halloween – St-Louis avait alors déclaré que ses joueurs s’étaient « vomis dessus » – et la monotonie des performances sans saveur, on n’avait pas vraiment de quoi s’enthousiasmer.

Mais voilà que cette même équipe est revenue à la vie. Et ce, d’une manière qui ne peut être interprétée que comme un défi direct lancé par St-Louis à la direction.

Les Canadiens jouent avec intensité, constance, et ce qu’on pourrait appeler un esprit de « va te faire voir » face à leurs adversaires.

« La recette commence enfin à prendre », a affirmé St-Louis après le match contre les Stars de Dallas, où Montréal a soutiré un point précieux.

En soi, ce n’est pas un commentaire particulièrement explosif, mais replacé dans le contexte, il révèle une attitude bien plus ambitieuse que celle affichée par Kent Hughes lors de son bilan.

Hughes avait rappelé que l’objectif restait une progression à long terme. Mais si on observe bien, l’approche de St-Louis suggère tout le contraire : pourquoi attendre demain quand on peut gagner aujourd’hui?

Le message de St-Louis se traduit sur la glace, et ça dérange. « Chaque fois que la rondelle est mise en jeu, vous devez mériter de gagner ce match-là », a-t-il martelé.

Une déclaration qui sonne presque comme un reproche voilé à la philosophie de patience prônée par Hughes.

En d'autres mots : « Je ne suis pas ici pour perdre volontairement et espérer un meilleur choix au repêchage. Je suis ici pour gagner. »

Et les chiffres soutiennent son point. Depuis le début de décembre, les Canadiens affichent une fiche de 7-2-1 dans leurs 10 derniers matchs, rivalisant avec des équipes comme les Golden Knights de Vegas, l'Avalanche, les Caps et maintenant les Stars.

Le Centre Bell vibre à nouveau, et les partisans scandent même des « Monty ! » pour Samuel Montembeault. Ce n’est pas une équipe qui agit comme une bande de perdants en attente d’un miracle au repêchage.

Et parlant de Montembeault, sa renaissance illustre bien cette dualité entre les stratégies de St-Louis et Hughes. Hughes, de son côté, a apporté de la stabilité en rappelant Jakub Dobes comme auxiliaire.

Une décision logique qui a permis à Montembeault de souffler et de retrouver son niveau.

Mais c’est sous St-Louis que Montembeault a véritablement pris son envol. « Tous les gars sont impliqués », a déclaré l’entraîneur après un match exténuant contre les Stars.

« C’est contagieux. » Cette contagion semble avoir transformé une équipe amorphe en une formation qui croit maintenant qu’elle peut rivaliser avec les meilleurs.

Mais est-ce que Kent Hughes est prêt à suivre cette cadence? Là est toute la question. Lors de sa conférence de presse, Hughes a tenté de tempérer l’enthousiasme en disant : « Je ne pense pas qu’on va dévier du plan dans le sens que le plan, c’est de construire une équipe capable de compétitionner pour un championnat pour des années. »

Traduction : ne vous emballez pas, on n’ira pas sacrifier l’avenir pour un mirage de séries éliminatoires cette année.

Pourtant, avec chaque victoire, l’approche de St-Louis semble entamer un bras de fer subtil avec cette stratégie prudente.

Hughes est allé jusqu’à souligner : « On a encore beaucoup à apprendre. On est contents qu’on joue mieux, mais je ne veux pas fêter. »

L’idée que « rien n’est encore accompli » contraste fortement avec une équipe qui se bat chaque soir comme si sa vie en dépendait.

Et puis, il y a la question du vestiaire. Hughes a fait allusion à l’émergence d’une culture dans l’équipe, un changement évident selon lui. « Je dirais qu’il y a une certaine culture qui est en train d’être établie dans la chambre. Dès que c’est établi, ça se passe d’une année à l’autre », a-t-il affirmé.

Mais soyons honnêtes : ce type de culture ne s’établit pas dans un vacuum. Cela vient d’un leader, et ce leader, c’est St-Louis.

Il a pris un groupe jeune et parfois immature et en a fait une équipe qui se tient debout. Il a redéfini les attentes.

Alors que Hughes cherche à maintenir le cap sur la reconstruction, St-Louis semble insister sur le fait que le futur, c’est maintenant.

Ce bras de fer subtil entre le coach et le DG pourrait se jouer jusqu’à la date limite des transactions.

Hughes a laissé entendre qu’il n’écartait pas l’idée de mouvements stratégiques, mais qu’il voulait éviter de sacrifier l’avenir. « On a des actifs actuellement qui seront joueurs autonomes à la fin de l’année », a-t-il dit, en évoquant la possibilité de négocier des prolongations de contrat pour certains, mais aussi d’échanger des vétérans.

Une stratégie mesurée, mais qui pourrait envoyer un message ambigu à une équipe qui a appris à gagner.

Et c’est là que le message cinglant de St-Louis prend tout son sens.

Il ne s’agit pas de mots explicites ou d’une confrontation directe. Il s’agit d’une déclaration implicite, transmise par le biais de performances sur la glace et de commentaires comme : « On essaie vraiment de bâtir une constance. »

St-Louis ne demande pas à Hughes de renier ses principes ou de jeter le plan par la fenêtre. Il demande simplement à son DG de regarder l’équipe, de voir ce qu’il a devant lui, et de prendre une décision : allez-vous continuer à construire, ou allez-vous les laisser courir?

Ce n’est pas une question rhétorique. Les prochaines semaines détermineront si le Canadien reste dans la course ou si Hughes décide de ralentir le rythme.

Une chose est certaine : Martin St-Louis a déjà pris sa décision. Il ne ralentira pas.

À suivre ...