Martin St-Louis a longtemps bénéficié d'une immunité quasi sacrée auprès des partisans et des médias québécois.
Sa transition de joueur légendaire à entraîneur-chef a été marquée par une période de grâce, où ses décisions étaient rarement remises en question.
Mais cette époque semble révolue. Avec l'arrivée de Patrik Laine au sein du Canadien de Montréal, St-Louis n'a plus d'excuses : il doit désormais se battre pour une place en séries éliminatoires.
La pression sur St-Louis ne vient pas seulement des attentes élevées des partisans, mais aussi du Journal de Montréal, qui ne manque pas de souligner l'importance cruciale de cette saison pour l'entraîneur.
Le temps dira si Kent Hughes a fait un bon coup en mettant la main sur Laine, un pari risqué mais nécessaire. Avec peu d'options disponibles sur le marché, Laine était l'unique joueur d'élite accessible.
Cependant, sa réputation est entachée par des blessures récurrentes et des problèmes de santé mentale, ayant même conduit l'attaquant à rejoindre le programme d'aide de la Ligue nationale lors de la dernière saison.
Reste que cela n'est pas un excuse pour St-Louis. Il se doit de faire fonctionner l'attaquant.
Malgré ces inquiétudes, Laine présente trois atouts de taille pour St-Louis. À 26 ans, il est à l'apogée de sa carrière. Son talent de marqueur est incontestable, et son gabarit impressionnant de six pieds cinq pouces et 215 livres en fait un atout redoutable le long des rampes et devant le filet adverse.
Hughes aurait certes préféré que les Blue Jackets de Columbus retiennent une partie du salaire de Laine, mais c'était à prendre ou à laisser. Et de toute façon, cela ne joue en rien dans les devoirs de St-Louis.
St-Louis pourrait toujours se plaindre que le Canadien a sacrifié Jordan Harris, un jeune défenseur fiable que St-Louis préférait à Arber Xhekaj, mais vulnérable face à la compétition féroce des autres défenseurs montant en puissance dans l'organisation.
Harris, un joueur apprécié pour son engagement tant sur la glace que dans la société, laissera certainement un vide dans le vestiaire et dans le coeur de St-Louis, mais il était le sacrifice nécessaire pour obtenir Laine.
L'arrivée de Laine change radicalement la dynamique offensive du Tricolore. Si St-Louis décide de conserver intact le premier trio composé de Juraj Slafkovsky, Nick Suzuki et Cole Caufield, la présence de Laine offre désormais une profondeur que l'équipe n'avait pas la saison dernière.
Ni Brendan Gallagher ni Josh Anderson n'avaient pu combler l'absence de Slafkovsky et Caufield lorsqu'ils étaient blessés.
Laine apportera également une nouvelle dimension à l'attaque massive de St-Louis, offrant une présence physique supplémentaire devant le filet adverse.
Bien qu'il ne soit pas réputé pour sa hargne, Laine n'a pas besoin de jouer les durs ; son rôle sera de mettre à profit son physique pour maximiser ses propres habiletés et celles de ses coéquipiers.
Pour Laine, cette transaction représente un nouveau défi. Jouer à Montréal, l'un des plus grands marchés de hockey, peut devenir une source de motivation qui relancera sa carrière.
Si St-Louis réussit à tirer le meilleur de Laine, le Canadien pourrait enfin se retrouver parmi les équipes de l'Association de l'Est en lutte pour une place en séries au printemps.
Jusqu'à l'arrivée de Laine, une telle ambition n'était qu'un rêve lointain pour les dirigeants du Canadien. Désormais, c'est une réalité évidente, et St-Louis n'a plus le luxe de l'erreur.
Avec l'arrivée de Patrik Laine au sein du Canadien de Montréal, les propos de Réjean Tremblay en fin de saison prennent une résonance encore plus forte.
Tremblay avait souligné avec justesse les failles du coaching dd St-Louis de la saison passée :
"C’est justement cet aspect qui sera à améliorer grandement la saison prochaine. Martin St-Louis a trouvé toutes les formules de la poésie du 17ème siècle pour expliquer les défaites et louanger les efforts de ses gamins. Mais c’est connu que les calinours font rarement des guerriers vainqueurs."
Ces mots résonnent comme une mise en garde pour St-Louis. L'époque où il pouvait se réfugier derrière des discours poétiques, des justifications bienveillantes et des leçons de vie à 2 sous est bel et bien révolue.
Avec Laine dans son arsenal, St-Louis n'a plus d'excuses. Les attentes sont claires : le Canadien doit se battre pour une place en séries éliminatoires, et pour cela, il faudra montrer un visage bien plus combatif que celui de la saison dernière.
Tremblay l'a dit sans détour :
"Je pense qu’en octobre, on va enfin voir le vrai Martin St-Louis. Le grand compétiteur, le grand gagnant que j’ai connu comme joueur."
Ce commentaire souligne une vérité que bien des partisans commencent à murmurer. St-Louis ne peut plus se permettre de jouer à l'animateur de pastorale, distribuant des accolades et des encouragements sans pour autant exiger des résultats concrets.
En effet, comme l'a si bien noté Tremblay, "les calinours font rarement des guerriers vainqueurs." Pour transformer cette équipe en une force capable de rivaliser dans l'Association de l'Est, St-Louis devra puiser dans le compétiteur féroce qu'il était en tant que joueur.
Le temps des discours doux est terminé ; l'heure est venue pour Martin St-Louis de montrer qu'il est non seulement un coach inspirant, mais aussi un leader impitoyable sur le chemin de la victoire.
Les prochains mois seront cruciaux pour St-Louis. Laine offre une opportunité unique de redéfinir le style de jeu du Canadien, mais cette transformation ne pourra s'opérer que si l'entraîneur en chef abandonne ses manières douces pour incarner le guerrier qu'il était sur la glace.
En octobre, tous les regards seront tournés vers lui, car plus que jamais, il est temps de passer des mots aux actes.
"Je ne pense pas qu’il va jouer une année de plus à l’animateur de pastorale."
Réjean Tremblay n'aurait pu mieux dire...