Le silence parle parfois plus fort que les mots. Et jeudi, en conférence de presse, Martin St-Louis n’a pas juste répondu à une question sur Kirby Dach.
Non. Il a ouvert une porte. Une grande, gigantesque porte vers l’abandon. Et ce, sans même s’en rendre compte.
Le Canadien de Montréal a confirmé ce que tout le monde redoutait : Kirby Dach passe à nouveau sous le bistouri.
Même genou. Même scénario. Même cauchemar. Il y a un an, le jeune attaquant regardait la saison s’envoler sans pouvoir rien y faire. Cette fois-ci, c’est encore pire.
Parce que quand ça arrive une première fois, on parle de malchance. Une deuxième? On commence à parler de destin brisé. Et dans cette ligue, les joueurs en porcelaine, ça ne passe pas.
Mais le plus troublant dans cette histoire, ce n’est pas tant la blessure. Ce n’est pas le fait que le jeune de 23 ans doive encore passer six mois à se battre contre son propre corps.
Non. Le vrai drame, il s’est joué dans une salle de presse du Centre Bell. Parce que lorsqu’on a demandé à Martin St-Louis s’il comptait garder Dach dans l’environnement de l'équipe, comme il l’avait fait l’an passé…
Il aurait pu répondre simplement :
« Bien sûr qu’il fait partie de l'équipe. »
Mais non. Il a préféré dire qu’il ne savait pas c'était quoi les plans. Il ne savait pas ce qui allait arriver avec Kirby. Il ne savait pas comment la situation allait être gérée.
« Je ne sais pas exactement ce qu’il va faire la prochaine semaine. Je suis sûr qu’on ne l’oubliera pas. »
Et c’est là que tout a basculé.
Parce que ce genre de non-réponse, c’est une réponse en soi. Une réponse qui sent la fin, qui transpire l’impatience, qui laisse entendre que le coach a déjà tourné la page.
Le projet Kirby Dach : mission avortée?
Quand Kent Hughes a envoyé Alex Romanov aux Islanders dans une transaction à trois équipes pour récupérer Dach des Blackhawks, on nous a vendu une histoire de rédemption.
Une deuxième chance. Un ancien troisième choix au total qui allait finalement éclore à Montréal sous le magistère de St-Louis.
Et honnêtement, ça avait bien commencé. Kirby, c'était un tank sur la glace. Un gros bonhomme capable de protéger la rondelle, de faire des jeux, de dominer en offensive. Mais son corps, lui, n’a jamais voulu suivre.
Une première blessure. Une saison brisée. Une réhabilitation. Un retour. Et l’espoir.
Jusqu'à ce que son genou droit dise encore une fois : « Non. »
Et maintenant? Maintenant, on a un jeune joueur qui n’a pratiquement pas joué en deux ans et qui devra encore tout recommencer à zéro.
Dans la LNH, ça n’a rien de banal. Parce que les gars continuent à avancer, les jeunes poussent, les places se comblent.
Et quand on se réveille deux ans plus tard, on est parfois un joueur oublié. Un autre nom dans la longue liste des promesses non tenues.
Et c’est là qu’on revient à Martin St-Louis.
Le regard de St-Louis en dit long
On aime bien dire que Martin St-Louis est un coach de joueurs. Un gars proche de ses troupes, un motivateur, un enseignant.
Mais ce matin, dans ses yeux, on a vu quelque chose d’autre. Quelque chose qui ressemble à de la lassitude.
On peut comprendre. Un coach doit bâtir une équipe avec les joueurs disponibles. Il ne peut pas perdre du temps à espérer un miracle. Et dans sa réponse, c’est exactement ce qu’on a ressenti : une absence d’espoir.
Parce que quand tu crois encore en un joueur, tu ne te laisses aucune porte de sortie. Tu le soutiens, tu l'intègres, tu fais en sorte qu’il ne disparaisse pas du groupe.
Mais ce n’est pas ce qu’il a fait.
Il a laissé planer un doute.
Et dans le monde du hockey, un doute, c’est souvent le premier clou dans le cercueil d’une carrière.
Qu’est-ce qui attend Kirby Dach?
Kirby va se battre. Il va travailler. Il va récupérer. C’est un guerrier. Mais la vérité brutale, c’est que rien ne lui garantit une place avec le CH l’an prochain.
Et si Martin St-Louis n’y croit plus, qui va croire en lui?
Le pari de Kent Hughes était noble. Kirby Dach était supposé être un morceau clé de la reconstruction. Mais aujourd’hui, il ressemble de plus en plus à un projet avorté.
Un autre talent que les blessures auront condamné avant même qu’il puisse décoller.
Peut-être qu’il y aura un miracle. Peut-être qu’il reviendra plus fort, plus dominant, plus étoffé.
Mais pour la première fois depuis son arrivée à Montréal, une chose est claire : Kirby Dach est seul.
Et il va devoir prouver à tout le monde qu’il peut encore exister dans cette ligue.
Misère ...