Marco Rossi à Montréal: Kent Hughes a pris sa décision

Marco Rossi à Montréal: Kent Hughes a pris sa décision

Par Nicolas Pérusse le 2025-08-09

Marco Rossi à Montréal?

Le dossier est réglé, tranché net par Kent Hughes. Et ce n’est pas une rumeur, ni un dossier à surveiller. C’est une porte fermée à double tour et le directeur général du Canadien n’a pas hésité une seconde à jeter la clée.

Rossi, 23 ans, sort pourtant de la meilleure saison de sa carrière avec 60 points, dont 24 buts. Repêché 9e au total en 2020, il est encore jeune, encore prometteur. Mais ça, c’est sur papier. Dans la réalité, le joueur autrichien a montré ses limites là où ça compte vraiment : en séries.

Relégué au quatrième trio, coincé derrière Joel Eriksson Ek, Ryan Hartman et Frédérick Gaudreau, il a dû se contenter d’un maigre 11 minutes de jeu par match. Pas exactement le profil d’un centre qui fait gagner des rondes éliminatoires.

Et c’est là que Kent Hughes tranche. Depuis son arrivée, il répète qu’il veut bâtir une équipe capable de survivre au hockey de printemps. Pas juste participer, mais imposer son rythme. Ça demande des joueurs capables d’encaisser, de se battre dans l’enclave, de se salir les mains dans les coins. Rossi, à 5 pieds 9 pouces, ne colle pas à cette vision.

Les chiffres sont cruels. Dans toute la LNH, parmi les 96 centres du top-3 des équipes cette saison, aucun ne mesurait moins de 5 pieds 10 pouces… sauf Rossi. Et même lui n’a pas joué comme un centre d’impact. Les séries sont impitoyables pour les joueurs de son gabarit, surtout au centre. Un ailier peut parfois s’en sortir. Un centre doit affronter les plus gros, les plus méchants, nuit après nuit.

À Montréal, on a déjà Cole Caufield, 5 pieds 7, mais avec un courage et une intensité qui compensent son gabarit. Surtout, Caufield est ailier. Le centre, c’est un autre métier. C’est celui qui va chercher la rondelle derrière son filet, qui bloque devant son gardien, qui se bat pour l’espace au cœur de la glace. C’est une position où la taille et la robustesse ne sont pas un luxe, mais une nécessité.

Nick Suzuki, à 5 pieds 11 et 207 livres, gagne ses batailles malgré un gabarit qui n’impressionne pas sur papier. Rossi, lui, est plus léger, moins imposant et n’a pas montré cette capacité à dominer physiquement.

Et puis il y a le nerf de la guerre : l’argent. Le Wild lui aurait offert 25 millions pour cinq ans cet hiver. Refusé. Rossi vise 7 millions par saison. Sept millions pour un joueur qui a encore tout à prouver, qui n’a jamais été un centre numéro un, qui n’a pas imposé son jeu en séries.

Pour donner une idée, ce montant est celui que des joueurs comme Jesper Bratt ou Jordan Kyrou ont obtenu… des joueurs qui produisent année après année à un rythme d’élite. Rossi, lui, n’a qu’une saison complète derrière la cravate, et déjà il se place dans cette catégorie salariale. Aux yeux de Hughes, c’est un signe clair : le joueur ne s’évalue pas à sa juste valeur.

C’est aussi un risque que le Canadien n’a aucune intention de prendre. L’équipe sort tout juste d’une période où les petits gabarits talentueux mais vulnérables se sont multipliés. Avec Caufield, Lane Hutson et bientôt Ivan Demidov, le quota est plein. Hughes le sait : il ne peut pas bâtir autour d’une succession de joueurs que les équipes adverses pourront neutraliser physiquement en avril.

Certains diront que Rossi est costaud pour sa taille, à 182 livres. Peut-être. Mais ce n’est rien comparé aux Barkov, Dubois, Lowry, Hertl ou Eichel qui dictent le jeu au centre en séries. Le Canadien veut rivaliser avec ces équipes-là, pas juste les regarder passer.

Alors non, il n’y aura pas de surprise. Pas d’échange de dernière minute. Pas de coup de théâtre. Rossi ne mettra pas les pieds au Centre Bell comme joueur du Canadien. Même à 5 millions, Hughes aurait passé son tour. À 7 millions, il raccroche avant la fin de la conversation.

Ce n’est pas une question d’aimer ou non le joueur. C’est une question de plan. Et dans ce plan, chaque pièce compte. Ajouter un centre de petit gabarit au salaire gonflé, c’est bâtir sur des fondations fragiles. Hughes préfère attendre le bon profil, même si ça prend plus de temps.

Rossi ira ailleurs. Il trouvera peut-être un club qui croit qu’il peut mener un top-6 au centre malgré sa taille. Peut-être qu’il connaîtra du succès. Mais à Montréal, on a déjà vu ce film. Desharnais. Hudon. Byron. Et chaque fois, la conclusion a été la même : en séries, ça ne tient pas.

Le Canadien veut tourner la page. Passer à une ère où, quand la glace rétrécit et que les coups se multiplient, ses joueurs ne reculent pas. Rossi n’entre pas dans ce portrait.

Fin de l’histoire. Kent Hughes n’a pas juste dit non. Il a dit non pour aujourd’hui, pour demain, et pour toujours.

À ses yeux, Marco Rossi ne sera jamais le centre qui mènera Montréal en séries.

Et pour lui, c’est tout ce qui compte.