Manque de respect à la table des négociations: Lane Hutson perd patience

Manque de respect à la table des négociations: Lane Hutson perd patience

Par David Garel le 2025-09-25

Lane Hutson est pris en otage entre un DG manipulateur et un agent orgueilleux.

Ce devait être une signature de routine. Un jeune prodige du hockey, adulé à Montréal, choyé par ses entraîneurs, sur la première vague de l’avantage numérique, qui veut demeurer avec le Canadien à long terme.

Mais rien ne sera simple dans le cas de Lane Hutson. Parce qu’au centre de cette négociation censée unir le CH et sa future étoile, se joue une guerre froide aux enjeux bien plus profonds.

D’un côté, Kent Hughes, directeur général rusé, passé maître dans l’art de faire plier les joueurs à ses conditions.

De l’autre, Sean Coffey, représentant du clan Hutson, bien décidé à ne pas voir son client se faire avoir comme les autres.

Et au milieu… un jeune défenseur de 21 ans, qui voulait simplement jouer au hockey.

Tout part d’un chiffre : entre 9,2 et 9,5 millions $ par saison. C’est le minimum que l’agent Sean Coffey exige pour une entente de huit ans. Une valeur tirée d’un calcul bien précis : le pourcentage que représentera ce salaire dans la masse salariale de 104 millions $ projetée en 2026-2027, première année du contrat.

C’est la nouvelle norme, disent les agents. Brock Faber touche 8,5 M$, soit 8,9 % de la masse à 95,5 M$. Jake Sanderson, 9,15 %. Alors pourquoi Lane Hutson, qui domine déjà sur le jeu de puissance, qui a connu une progression fulgurante, qui est vu comme une future étoile offensive, qui a remporté le trophée Calder, toucherait-il moins, alors que le plafond explose?

Selon Coffey, demander 9,5 M$ est non seulement raisonnable, c’est logique. Le comparatif avec Luke Hughes, des Devils, est immanquable. Il coche les mêmes cases que Hutson : talent brut, mobilité, jeu de relance, statut de joueur autonome avec compensation, sans arbitrage ni droit à une offre hostile. Et il n’a toujours pas signé non plus.

L’industrie attend. Le contrat Hughes établira l’échelle salariale des nouveaux défenseurs offensifs, et Coffey veut que Hutson en profite.

Mais Kent Hughes refuse de se faire dicter la loi

Le problème? C’est que de l’autre côté, Kent Hughes ne veut rien savoir de ce 9,5 M$. Pas plus que du 9,2 M$.

Pour lui, la valeur cible est fixée : 8,5 millions $ par année. Pas un sou de plus.

Pourquoi? Parce qu’il refuse de créer un précédent. Parce qu’il veut continuer à dicter ses règles à ses joueurs. Parce que, dans son esprit, il est celui qui gagne toujours.

Et l’histoire lui donne raison.

Il a convaincu Samuel Montembeault de signer pour 3 ans à 3,15 M$ par saison, alors que plusieurs modèles de statistiques avancées évaluaent sa valeur à près de 9 millions par année. (The Athletic).

Il a forcé Cole Caufield à accepter 7,85 M$ par année, sous prétexte qu’il ne pouvait pas dépasser Nick Suzuki. Un jeu psychologique que même les agents les plus aguerris n’ont pas vu venir.

Il a obtenu Noah Dobson à 9,5 M$, alors que le défenseur vendait six années d’autonomie complète. Hutson n’en vendrait que trois.

C’est là que l’argument de Hughes devient stratégique : « Pourquoi paierais-je autant pour moins d’autonomie achetée? »

Chez les autres agents, la patience est à bout. Hughes, l’ancien des bureaux de Quartexx, est vu de plus en plus comme un DG manipulateur qui arnaque les siens.

Il connaît tous les angles morts, tous les leviers de négociation, toutes les astuces de persuasion. Et il en use sans aucune gêne, quitte à briser des ponts dans son ancienne industrie.

« Il ne joue pas franc jeu. Il vend la promesse d’un projet à long terme, mais il presse les agents à signer vite, à rabais. » Cette phrase, glissée en coulisses par un représentant d’un autre client de Quartexx, résume bien le sentiment actuel.

Et Sean Coffey, en voyant le cas Lane Hutson, refuse de devenir la prochaine victime.

Le drame humain? Hutson veut juste jouer

Dans tout cela, Lane Hutson semble dépassé. Il veut jouer à Montréal. Il veut s’établir. Il n’est pas à l’argent, selon ce qui filtre de l’intérieur.

Il serait prêt à signer pour 8,5 M$, si ça pouvait faire taire la tempête.

Mais son agent ne veut pas. Et on le comprend.

Parce que si Coffey cède, c’est toute la nouvelle génération de défenseurs étoiles qui en paiera le prix. Le contrat de Hutson n’est pas qu’une signature : il sert de référence future pour des dizaines d’autres joueurs.

Et ça, Coffey ne peut pas l’ignorer.

Un autre élment est venu renforcer l’argument de Sean Coffey : la signature du gardien Dustin Wolf avec les Flames de Calgary. Sept ans, 7,5 millions $ par année.

Un gardien de 24 ans, choisi 214e au total en 2019, qui a émergé comme no 1 l’an dernier avec des statistiques de calibre élite : .910 d’efficacité, 2,64 buts alloués en moyenne, 29 victoires en 53 matchs.

Il a été finaliste au trophée Calder, exactement comme Hutson pourrait l’être en 2025-2026.

Et il touche 7,5 M$ pour sept ans. Même si le poste de gardien est reconnu comme plus difficile à remplacer. Même si Wolf a porté son club sur ses épaules. Même s’il était prêt à prendre un léger rabais pour rester.

Pour Coffey, cela signifie une chose : si Wolf vaut 7,5 M$, Hutson vaut 9,5 M$. Minimum.

Mais de l’autre côté, l’argument inverse se construit déjà. On dit que Wolf a accepté un compromis, qu’il aurait pu obtenir plus ailleurs, mais qu’il aimait Calgary, la stabilité, la vision du club.

Et certains à Montréal espèrent que Hutson imitera Wolf. Qu’il acceptera un contrat un peu en deçà de la valeur marchande, pour demeurer au centre du projet.

Tout le monde le sait. Tout le monde le dit. Le vrai point tournant, ce sera la signature de Luke Hughes.

Si les Devils lui offrent 9,5 M$ sur huit ans, Coffey gagnera son bras de fer. Kent Hughes n’aura aucune justification valable pour refuser la même chose à son propre Hughes… pardon, à son propre Hutson.

Mais si Hughes signe pour 8,75 M$, 8,8 M$, le rapport de force basculera.

C’est pour cette raison que le clan Hutson attend. Il ne veut pas signer trop vite et trop bas.

Et en attendant, le pauvre Lane Hutson répond aux journalistes d’un air mal à l’aise, répétant sans cesse que « ce n’est pas son rôle », que « ça regarde son agent », et qu’il veut juste se concentrer sur le hockey.

Mais depuis 48 heures, les clans se sont rapprochés. Et un scénario improbable commence à prendre forme : un contrat à 9 millions $ par année, sur huit ans.

Une entente pile au milieu. Une façon d’éviter l’affrontement public. Une manière d’assurer la paix, avant que le dossier ne devienne une distraction majeure.

Parce que si Hutson n’est pas utilisé sur la première unité de jeu de puissance cette saison, son rendement chutera. Et dans un monde où chaque point produit devient un levier de négociation, cela pourrait coûter très cher.

Aux poolers. Aux amateurs. À Hutson lui-même.

Ce contrat-là, s’il est mal négocié, changera le cours de sa carrière. Et à 21 ans, coincé entre un DG impitoyable et un agent inflexible, Lane Hutson en est venu à vivre une pression qu’il n’aurait jamais imaginée.

Bienvenue dans la LNH moderne