C’était prévisible, mais ça ne rend pas la chose moins insultante.
Aujourd'hui, en ce 18 septembre 2025, TVA Sports a tenté de nous faire avaler une des plus grosses pilules de propagande médiatique depuis que Carey Price avait salué le Centre Bell en français avec un « Merci beaucoup » timidement chuchoté du bout des lèvres.
Cette fois, c’est Nick Suzuki qu’on place devant la caméra pour une « première entrevue en français », fièrement annoncée comme un moment historique par TVA et le Journal de Montréal.
Et pourtant, tous ceux qui ont deux yeux et un peu de jugeote ont compris qu’on venait d’assister à un exercice de marketing déguisé en entrevue.
C’est un montage. Un enregistrement à froid, découpé phrase par phrase, où Suzuki lit visiblement des phrases affichées à sa droite, avec des coupures nettes entre chaque segment.
Rien de naturel. Aucune fluidité. Aucune improvisation. Zéro échange.
Voici l'extrait qu'ils ont partagé sur les réseaux sociaux:
À vous de juger...
Voici un exemple parmi d’autres :
« C’est important pour moi, d’abord. J’aime beaucoup Montréal et je veux me sentir à l’aise ici. »
Ça semble beau sur papier. Mais dans la vidéo, chaque bout de phrase semble avoir été enregistré séparément.
Nick détourne les yeux, lit, puis s’arrête. On coupe. On recommence. On recolle les morceaux. Et on appelle ça une entrevue?
Ce n’est pas pour démolir Nick Suzuki.
Le gars fait des efforts, et ça, on lui lève notre chapeau. Il veut plaire aux partisans. Il veut représenter la culture québécoise. Il veut bien faire.
Ce n’est pas lui le problème. C’est toute la mise en scène autour.
C’est le traitement infantilisant des partisans.
Comme si on était trop naïfs pour remarquer qu’on s’est fait servir une récitation préfabriquée, emballée comme un moment d’authenticité.
TVA Sports le sait. C’est pas leur premier rodéo. Ils savaient exactement ce qu’ils faisaient.
On n’annonce pas une « première entrevue en français » avec autant de pompe sans s’assurer que le produit final tient la route.
Et pourtant, malgré tous les efforts de montage, de cadrage, et de mise en scène, ça ne passe pas. Ce n’est pas naturel. Ce n’est pas crédible. Et surtout, ce n’est pas une entrevue.
Le plus ironique, c’est que ce moment était censé marquer une évolution.
Une reconnaissance du rôle du capitaine dans une ville francophone.
Une façon de faire mieux que les Koivu, Price, Gionta et autres figures marquantes qui n’ont jamais su (ou voulu) aligner deux phrases en français.
Mais voilà qu’en tentant de faire mieux, TVA finit par faire pire. En prétendant offrir un moment de vérité, ils nous balancent un moment de théâtre.
Nick Suzuki a aussi lancé :
« Merci de votre support. Vous êtes les meilleurs fans au monde. »
Mais encore une fois, il ne le dit pas. Il le lit.
Ce n’est pas une déclaration du cœur. C’est une ligne préparée, récitée, apprise phonétiquement. Et ça se voit.
Est-ce qu’on doit quand même saluer le geste? Peut-être.
C’est un début. Peut-être que Suzuki prendra confiance avec le temps.
Peut-être qu’un jour, il donnera une vraie entrevue en français, spontanée, dans ses mots à lui. Ce jour-là, on sera les premiers à l’applaudir.
Mais ce n’est pas le cas ici.
Ce qu’on dénonce, ce n’est pas l’effort du joueur.
C’est la manipulation médiatique. C’est le cirque autour.
C’est Félix Séguin qui, dans un excès de patriotisme linguistique télécommandé, nous vend un moment de lecture comme un moment d’émotion.
Comme s’il croyait vraiment qu’on allait y croire. Comme si l’éthique journalistique s’arrêtait là où commence l’info-pub pour le CH.
La vérité, c’est qu’on est rendus à un point où toute tentative de communication du Canadien passe d’abord par un filtre marketing.
Chaque mot est calculé, chaque angle est contrôlé, chaque sourire est scripté. Et dans ce contexte-là, on ne peut plus parler d’entrevue. On parle de mise en marché.
Il faut arrêter de prendre les fans pour des valises.
Oui, on aime notre équipe. Oui, on veut croire à l’évolution de notre capitaine.
Mais on n’est pas dupes. On voit clair dans le jeu de TVA Sports.
On comprend très bien que cette vidéo n’était pas destinée à nous informer, mais à nous amadouer.
À nous faire dire : « Wow, il parle français! » alors qu’il ne fait que lire un texte.
Alors la prochaine fois, un conseil : donnez-nous du vrai. Donnez-nous une conversation. Donnez-nous du spontané.
Donnez-nous un Suzuki qui fait des fautes, qui cherche ses mots, qui rit, qui essaie. Parce que c’est ça, apprendre une langue. C’est ça, parler pour vrai. C’est ça qu’on veut voir.
Pas un clip de 60 secondes coupé au scalpel.
Pas une récitation aseptisée.
Pas une manipulation.
Merci quand même pour l’effort, Nick. Mais TVA Sports… vous nous devez mieux.
Misère...