Logan Mailloux est entré dans la tête de David Reinbacher

Logan Mailloux est entré dans la tête de David Reinbacher

Par André Soueidan le 2025-05-08

On l’oublie parfois, mais dans une organisation en pleine reconstruction comme celle du Canadien de Montréal, les marges sont minces, les évaluations constantes, et les places limitées.

Chaque match devient un examen. Chaque moment passé sur la glace est analysé, décortiqué, comparé.

Et dans ce contexte où l’avenir se joue à coups de détails, David Reinbacher traverse une séquence inquiétante.

Repêché au cinquième rang au total en 2023, le défenseur autrichien devait s’imposer tranquillement comme l’un des futurs piliers de la ligne bleue montréalaise.

On voyait en lui un droitier rare, intelligent, capable d’évoluer dans toutes les situations.

Mais pendant que Reinbacher cherche encore ses repères à Laval, Logan Mailloux, lui, les a déjà trouvés.

Et il avance. Vite.

Depuis le début des séries éliminatoires de la Ligue américaine, Mailloux est en train de surclasser Reinbacher sur tous les plans.

Utilisé sur la première unité d’avantage numérique, impliqué dans les moments cruciaux, il a même marqué un but décisif contre les Monsters de Cleveland.

Sa progression est tangible. Sa confiance est visible. Et son jeu prend de l’ampleur.

Pendant ce temps, David Reinbacher patine dans l’ombre.

En quatre matchs, il n’a toujours aucun point. Son différentiel de +1 est neutre. Il a cumulé quatre tirs et quatre minutes de pénalité. Mais surtout, il n’est pas utilisé en avantage numérique.

Pas une seule fois.

Il forme un duo défensif avec Adam Engström, dans un rôle davantage défensif, parfois effacé.

Ce n’est pas catastrophique. Ce n’est pas un désastre. Mais pour un joueur repêché aussi haut, c’est franchement décevant.

Et il y a plus inquiétant : l’écart entre les deux commence à se creuser.

Logan Mailloux, qui a 22 ans, démontre une maîtrise de plus en plus évidente de son environnement.

Il joue avec conviction. Il accepte les responsabilités qu’on lui confie. Il est en train de convaincre le personnel hockey qu’il mérite un vrai regard pour une place dans la LNH dès la saison prochaine.

David Reinbacher, lui, a 20 ans. Deux années d’écart qui comptent, surtout dans un développement aussi complexe que celui d’un défenseur.

Mais même en tenant compte de l’âge, il est évident que le rythme de progression de Reinbacher est lent. Trop lent.

Et ce qu’on constate, c’est que Logan Mailloux est en train d’entrer dans sa tête.

Il suffit de regarder les matchs. Reinbacher ne joue pas mal. Il ne commet pas d’erreurs flagrantes.

Mais il joue sans intention. Sans conviction. Il subit le jeu au lieu de l’imposer.

Il faut aussi rappeler qu’il revient d’une blessure au genou, survenue à la fin de la saison régulière.

Peut-être que cette blessure l’embête encore.

Peut-être que sa mobilité est affectée.

Mais dans un sport comme le hockey professionnel, les circonstances ne changent pas l’évaluation.

Reinbacher devait s’imposer comme l’un des meilleurs défenseurs du Rocket dès son arrivée.

Il devait dominer, ou du moins imposer son style. Il ne le fait pas. Et pendant ce temps, Mailloux le dépasse.

On peut comprendre la stratégie de Pascal Vincent.

Protéger Reinbacher, lui laisser le temps. Mais les faits sont là.

Reinbacher est aujourd’hui vu comme un défenseur de troisième paire dans un club-école.

Et pendant ce temps, son coéquipier direct s’impose dans les unités spéciales.

Le message est clair.

À Laval, Mailloux joue comme un homme pressé de monter.

Reinbacher, lui, donne l’impression d’un joueur encore en adaptation.

Et ce constat n’échappera pas à Kent Hughes et Jeff Gorton lorsqu’il viendra le temps de faire le tri, cet été, en vue du prochain camp.

Ce n’est pas une guerre ouverte entre les deux.

Ce n’est pas un duel formel.

Mais les comparaisons sont inévitables, surtout lorsqu’on parle d’un 5e choix au total qui peine à s’imposer face à un jeune défenseur de 22 ans qu’on considérait, il n’y a pas si longtemps, comme un projet à long terme.

Mailloux est en train de forcer la main du Canadien.

Et Reinbacher, lui, regarde. Il regarde les minutes. Il regarde les unités spéciales. Il regarde les médias. Il regarde les réactions du banc. Et à un moment donné, ça entre. Ça s’installe.

La pression monte. Et la réalité s’impose : il est en train de se faire dépasser.

Reinbacher n’est pas perdu. Il a encore tout devant lui. Il possède des qualités rares, un gabarit imposant, une bonne lecture du jeu.

Mais il va devoir accélérer. Il va devoir réagir. Parce que le train ne l’attendra pas.

Et en ce moment, ce train, c’est Logan Mailloux qui est en train de le conduire.

Misère...