Déconfiture de Logan Mailloux: ses coéquipiers brisent le silence

Déconfiture de Logan Mailloux: ses coéquipiers brisent le silence

Par David Garel le 2025-10-16

À Saint-Louis, les critiques pleuvent. Et Logan Mailloux est devenu la cible de toutes les frustrations.

Après seulement quatre matchs dans la LNH avec les Blues, le défenseur de 22 ans est littéralement en train de s’effondrer sous la pression.

Un différentiel de moins 7, des erreurs coûteuses, une couverture médiatique impitoyable, une comparaison inévitable avec Zachary Bolduc et maintenant, même sa famille est attaquée sur les réseaux sociaux.

Devant ce déferlement, ses coéquipiers ont décidé de briser le silence. Les leaders des Blues sont sortis publiquement pour le défendre, dénonçant les critiques démesurées et rappelant que Mailloux n’est qu’au début d’un processus. C’est rare. C’est puissant. Et ça en dit long sur la tempête que traverse le jeune homme.

Tout a basculé mercredi soir, après une défaite humiliante de 8 à 3 contre les Blackhawks de Chicago. Mailloux s’est retrouvé sur la glace pour quatre des huit buts adverses, commettant des erreurs sur deux d’entre eux.

Le lendemain matin, les réseaux sociaux étaient en feu. Des partisans de Saint-Louis exigeaient son renvoi immédiat à Springfield. Des mèmes, des vidéos moqueuses, et même des commentaires dégradants sur sa famille ont commencé à circuler.

À Montréal, où Mailloux traîne encore une réputation sulfureuse, les sarcasmes se sont multipliés. Des fans du CH, qui voient Zachary Bolduc enflammer le Centre Bell, ont pris un malin plaisir à rappeler que « Kent Hughes avait eu raison ». Une phrase a fait le tour des forums et des groupes de discussion :

“Mailloux ne tiendrait même pas dans la ligue américaine en ce moment.”

Ou...

“Le karma le punit au nom de sa victime en Suède.”

Mais au cœur du vestiaire des Blues, c’est une autre vérité qui s’exprime. Un attachement. Un soutien. Une volonté de protéger un coéquipier en détresse.

C’est le capitaine Brayden Schenn qui a pris la parole le premier, dans un point de presse particulièrement émotif :

« Il y a beaucoup de pression sur lui venant de l’extérieur. Je crois en Logan Mailloux. Nous croyons en Logan Mailloux, et l’organisation aussi. Ce n’est pas un échange à un contre un. C’est un plan à long terme. Il a disputé seulement quatre matchs avec nous. C’est une nouvelle organisation, un nouvel entraîneur, un nouveau système. Il apprend le métier, il va devenir un très bon joueur pour longtemps. »

C’était un appel au calme, presque désespéré. Schenn sait ce que c’est que d’être pointé du doigt dans une ville de hockey passionnée. Et en endossant publiquement Mailloux, il a aussi tenté d’éteindre l’incendie. Mais c’est une tâche colossale.

Quelques minutes plus tard, c’est Colton Parayko, le vétéran défenseur de 6’6”, qui a enchaîné :

« Tu le regardes patiner, lancer, il est constant, il est solide. Aucun doute là-dessus. J’ai hâte de le voir grandir et devenir dominant. On le pense tous. En fin de compte, c’est un effort collectif. Nous portons tous ce chandail ensemble. »

Parayko sait très bien que Mailloux lui ressemble. Gabarit imposant. Tir foudroyant. Énorme pression. Il n’a pas parlé pour faire joli. Il a tenté de rappeler à tout le monde que Logan Mailloux n’est pas une erreur d’organisation. C’est un projet. Et parfois, les projets prennent du temps.

Mais pendant que ses coéquipiers parlent de potentiel, les chiffres, eux, parlent d’effondrement. Mailloux a obtenu 0 point, a été sur la glace pour 7 buts contre et aucun pour. Il joue en moyenne 12:47 minutes par match, ce qui reflète clairement une perte de confiance du personnel d’entraîneurs.

Et pendant ce temps, Zachary Bolduc, celui pour qui Mailloux a été échangé, flambe à Montréal : 4 points en 4 matchs dont 3 buts, une énergie contagieuse, une complicité immédiate avec ses coéquipiers et une foule qui l’adore. Le contraste est cruel.

À Saint-Louis, on parle déjà d’une des pires transactions de Doug Armstrong. Sur X, un message a été retweeté plus de 14 000 fois en une soirée :

« Bolduc est déjà une vedette. Mailloux est un cauchemar sur patins. Merci Kent Hughes. »

Et c’est ce climat toxique qui a poussé les vétérans du vestiaire à sortir de leur silence.

Ce qui choque le plus dans cette affaire, ce n’est pas tant la critique sportive, mais la violence personnelle. Plusieurs messages en ligne ont visé la famille de Mailloux, certains allant jusqu’à évoquer son scandale passé pour justifier son rejet et clamer qu'il a été mal éduqué.

Des partisans ont même interpellé sa sœur sur Instagram, lui envoyant des messages haineux. Selon certaines sources proches du vestiaire, la mère de Logan Mailloux aurait songé à fermer ses comptes sociaux cette semaine, submergée par l’hostilité.

Dans un vestiaire de la LNH, ce genre d’attaque est perçu comme une ligne rouge franchie. C’est pourquoi la réaction des coéquipiers a été aussi vive, aussi claire.

Ce que les joueurs Blues essaient de dire, c’est qu’il faut séparer le joueur de 22 ans de la caricature qu’il est devenu en ligne.

Oui, il commet des erreurs. Oui, il semble perdu parfois. Mais il patine avec puissance, son tir est dévastateur, son Q.I. offensif est supérieur à la moyenne. Ce n’est pas un joueur fini. C’est un jeune homme sous pression. Trop de pression. Trop vite.

Il faut le dire clairement : c’est la pire chose qui pouvait arriver à Mailloux. Lui qui cherchait un nouveau départ, une ville moins médiatisée que Montréal, un contexte plus stable… se retrouve au centre d’une ville en furie, d’une équipe qui perd, d’un échange qui choque, et d’un narratif médiatique qui le détruit.

Peu importe ce qu’on pense de lui, c’est tragique sur le plan humain. Et même ses détracteurs le reconnaissent maintenant : il n’était pas prêt pour ça.

À 22 ans, alors que d’autres défenseurs de sa cuvée comme Owen Power, Luke Hughes ou Simon Edvinsson sont déjà solidement établis dans leur top 4, Mailloux semble dériver, sans repères, sans boueé de sauvetage.

La logique veut qu’il soit bientôt envoyé à Springfield dans la ligue américaine. Pas comme punition, mais comme sauvetage émotionnel. Un reset. Un retour à l’essentiel. Là-bas, sans projecteurs, sans réseaux sociaux, sans huées, il pourrait retrouver ses repères.

Parce qu’en ce moment, il joue contre lui-même. Et aucun joueur ne peut survivre longtemps dans cet état. Son propre capitaine l’a reconnu :

« Il y a beaucoup de pression. Trop. Et ça ne vient pas de l’interne. »

Ce qu’on retiendra de cette semaine noire, c’est peut-être cette image : celle d’un vestiaire uni autour d’un jeune homme en crise. Oui, Logan Mailloux est en difficulté. Oui, les critiques sont parfois fondées. Mais ses coéquipiers refusent de l’abandonner.

Et dans un monde aussi cruel que la LNH, où la performance est souvent la seule monnaie d’échange, cette solidarité mérite d’être soulignée. C’est rare. C’est précieux. Et c’est peut-être la seule chose qui sauvera la carrière de Logan Mailloux.