Les femmes de Jean Perron: une histoire de péchés

Les femmes de Jean Perron: une histoire de péchés

Par David Garel le 2025-07-23

Quand Alexandre Carrier a été échangé au Canadien de Montréal en décembre 2024, La Poche Bleue a sauté sur l’occasion pour discuter de cette transaction en premier.

Et comme souvent sur ce plateau, ce qui devait être une analyse de hockey a vite pris une tangente... humoristique...

Alain “Le Baron” Chantelois et Jean Perron, deux figures bien connues du paysage médiatique québécois, ont cru bon de commenter non seulement la transition sportive de Carrier, mais aussi la “réalité” de vivre à Montréal pour un jeune homme en couple.

« Ça va être quoi ? C’est un beau grand garçon. Ça va être l’empêcher de sortir après 11 heures, de respecter le curfew », avait lancé Chantelois sur un ton louche, laissant entendre que la tentation serait forte pour Carrier de s’abandonner aux plaisirs nocturnes de la métropole.

Et Jean Perron, fidèle à lui-même, a rajouté de l'huile sur le feu avec ce qui est désormais l’une des sorties les plus controversées du balado :

« Montréal, c’est la ville du péché, les boys… », avant de déraper vers un commentaire... inapproprié :

« T’es pas capable de sortir. Tout le monde court après toi pour un autographe, puis ils sont prêts à vouloir te signer des autographes sur leurs boules, puis tout ce que tu veux. Écoute, c’est de même à Montréal. »

Le malaise dans le studio était évident. Jean Perron venait de franchir une ligne avec des propos aussi vulgaires qu’inutiles, et Maxime Lapierre, fidèle à son style posé et professionnel, a tenté tant bien que mal de rattraper le tir.

Mais même sa spontanéité naturelle, sa capacité à injecter de l’humour dans les moments les plus tendus, n’ont pas suffi à faire disparaître le froid qui venait de tomber sur le plateau.

Lapierre, clairement mal à l’aise, a essayé de détourner la conversation en lançant une blague sur Noël et les sapins, dans un effort désespéré pour ramener le ton à quelque chose de plus acceptable.

« On parle de Noël, les sapins, c’est ça ? » demandait Lapierre pour effacer la blague des "boules".

Chantelois a aussi tenté une blague pour faire diversion :

« C’est des joueurs de bowling. »

Ce n’est pas la première fois que Jean Perron dérape en ondes, mais cette fois, même ses collègues ont semblé dépassés.

On sentait bien que personne ne voulait être associé à cette déclaration. 

Les propos de Perron, digne d’une autre époque, laissaient entendre qu’Alicia Lessard, la conjointe d’Alex Carrier, aurait de quoi s’inquiéter en voyant son homme débarquer à Montréal, terre de tentations, de "groupies" et de fanatiques.

Un jugement expéditif, sans fondement, basé sur des préjugés de la vieille école par rapport aux joueurs de hockeu et une ignorance évidente de la réalité du couple Carrier-Lessard.

Mais aujourd’hui, sept mois plus tard, ces propos résonnent comme une mauvaise blague. Non seulement Alicia n’avait rien à craindre… mais elle incarne à elle seule la classe, la force et l’intelligence qui réduisent au silence tous les doutes que ces commentateurs ont pu semer.

Alicia Lessard, c’est l’opposée parfaite du cliché véhiculé par Perron.

Médecin de famille. Cofondatrice d’une clinique pédiatrique publique à Côte-Saint-Luc. Une femme qui a mis sa carrière en veilleuse pour soutenir celle d’Alexandre, tout en assurant ses engagements professionnels à Montréal.

Alors que certains se demandaient si elle allait “tenir le coup” dans la jungle montréalaise, elle, elle faisait des allers-retours constants entre Nashville et Montréal pour soigner ses patients.

Sans se plaindre. Sans se victimiser. En gérant, avec rigueur et tendresse, une relation à distance dans les conditions les plus complexes.

Pas de nightlife. Pas de crise de jalousie. Pas de tabloid. Juste deux adultes fonctionnels, amoureux, unis. Un couple soudé par une décennie de sacrifices communs.

Et puis est arrivé le 18 décembre. L’échange. L’annonce. Le chaos.

Pendant que Jean Perron insinuait, à peine quelques jours plus tard, qu’Alicia allait découvrir “la ville du péché”, elle, elle vivait le plus grand moment de sa vie de couple. Car pour la première fois en neuf ans, elle allait passer Noël avec sa famille et celle d’Alexandre réunies.

Dans le podcast Sans restriction de Kevin Raphaël, diffusé en juillet 2025, Alicia revient avec émotion sur ce moment unique :

« C’était pendant le temps des Fêtes… mon père et ma mère sont séparés, mais ils étaient tous là. Avec la famille d’Alex. Et là, la chanson de Coldplay est partie… Fix You… et on a tous pleuré. »

Ce n’était pas un moment de doute, d’anxiété ou de peur. C’était un moment de plénitude. De gratitude. D’accomplissement.

Pendant que d’autres s’imaginaient qu’Alicia allait vivre l’enfer en suivant son conjoint dans un “marché difficile”, elle vivait le rêve d’une vie, celui d’avoir réussi à tout concilier : sa carrière, son amour, sa famille.

Et soyons clairs : ce n’est pas seulement elle qui inspire. Alexandre Carrier, de son côté, n’a jamais donné le moindre signe de vouloir jouer les vedettes ou de céder aux excès du statut de joueur du Canadien.

Ce n’est pas un gars de bar. Ce n’est pas un gars de scandale. C’est un joueur humble, discipliné, apprécié de ses coéquipiers et des partisans.

Il parle avec émotion de ses présences au Centre Bell, de son premier but, de l’ovation du public pour une bonne intervention défensive. Il est resté le même, peu importe la ville. Un défenseur sobre, fiable, sans flafla. Un coéquipier modèle.

Et surtout : un conjoint amoureux.

Alicia raconte qu’il fait toujours un "eye contact" avec elle pendant l’hymne national. Qu’ils se regardent dans les gradins, comme un rituel. Comme un lien invisible entre la glace et la vie. Un geste doux. Silencieux. Puissant.

Voilà le genre d’homme que Montréal a accueilli.

Et voilà pourquoi les commentaires de Perron et Chantelois prennent le champ aujourd'hui.

La vérité, c’est qu’Alicia Lessard n’a pas eu à s’inquiéter. Elle est elle-même une figure imposante de la scène médicale montréalaise. Elle n’est pas dans l’ombre d’Alex Carrier. Elle chemine à ses côtés.

Et aujourd’hui, tout le Québec la découvre : brillante, articulée, humaine, drôle. Elle parle de sa clinique avec passion. Elle parle de sa vie de couple avec lucidité. Elle parle de Montréal comme de son port d’attache.

Elle ne craint pas Montréal. Elle est Montréal.

Et ceux qui pensaient que cette ville allait les briser se sont lourdement trompés.

Alors, que reste-t-il des commentaires de La Poche Bleue ?

Une démonstration que les mentalités doivent évoluer.

On ne peut plus, en 2025, réduire la réalité d’un "couple hockey" à des peurs de “tentation” et des stéréotypes sexistes. On ne peut plus, en 2025, parler de Montréal comme d’un terrain de chasse.

Car la réalité, c’est que Montréal a accueilli l’un des plus beaux duos du sport québécois.

Un joueur humble. Une médecin exceptionnelle. Un couple amoureux. Une famille unie. Un projet commun. Une maison à bâtir. Une salle de hockey à aménager. Des enfants, peut-être. Une pièce remplie de chandails encadrés. Des souvenirs.

Et au centre de tout ça : le respect.

Jean Perron et Alain Chantelois avaient peur de voir un jeune homme perdre le nord en débarquant à Montréal.

Ils ont vu un homme s’élever.

Ils avaient peur que sa conjointe se sente menacée, déstabilisée.

Elle est devenue une figure publique inspirante.

Ils pensaient à la tentation. Alicia et Alex pensaient à la famille.

Ils parlaient de nightlife. Alicia parlait de sa clinique.

Ils s’inquiétaient… pour rien.

La prochaine fois qu’un joueur québécois est échangé à Montréal, espérons qu’on saura mieux le présenter. Qu’on parlera de son hockey, de sa force mentale, de son équipe. Et qu’on saura, surtout, respecter la femme exceptionnelle qui se tient à ses côtés.