Les 14 minutes de la honte: Cole Caufield paye cher

Les 14 minutes de la honte: Cole Caufield paye cher

Par David Garel le 2025-12-15

Hier, c’était un test grandeur nature pour Cole Caufield… et le verdict fait mal.

Face aux Oilers, avec des dirigeants américains à l’écoute parce qu’on évaluait comment tu te comportes contre Connor McDavid (meilleur joueur du Canada), Caufield a joué à peine 14 minutes, l’un des plus faibles temps d’utilisation chez les attaquants.

Pendant ce temps, Jake Evans tournait près de 20 minutes dans un match serré, géré au millimètre, où chaque présence défensive comptait. Le message pour Bill Guérin : quand la partie devient lourde, le Canadien ne s’appuie pas sur Caufield. Point.

C’est exactement le film que Guérin revoit depuis un an. Depuis la Confrontation des 4 Nations, il martèle sa ligne dure: les rôles passet avant les points ou les buts, le hockey « old school », physique, capacité à survivre cinq contre cinq sans filet de sécurité, passe avant le jeu "soft".

Et surtout... le jeu défensif passe avant le jeu offensif...

Il l’a dit clairement, et son entourage le répète, « si tu ne frappes pas, les JO, c’est probablement pas pour toi ».

Or, hier, dans un match qui respirait la prudence, la gestion de risques et l’usure, le banc montréalais a redistribué les minutes vers ceux qui ferment le jeu. Aux yeux de Guérin, ça parle plus fort qu’un but un mardi de novembre.

On ne refera pas ici la cassette: Caufield marque, il est électrique, il peut renverser un match en une touche. Mais l’histoire Guérin-Caufield ne se joue plus sur l’extrait de buts. Elle se joue sur la fiabilité perçue.

Guérin a déjà écarté Caufield du 4 Nations en invoquant la physicité et la complémentarité des rôles. Et il traîne encore la mémoire de Prague 2024, ce Mondial terminé en quart de finale, entouré de rumeurs hors-glace que le boss d’USA Hockey n’a jamais avalées.

Sorties tardives après les matchs, retours très tard à l’hôtel, « afters » avec coéquipiers et amis, et invitation de fréquentations croisées sur Instagram et sur la application de rencontre, Caufield aurait ramené des jeunes femmes à l’hôtel pendant que Team USA filait vers l’élimination en quart de finale contre la Tchéquie.

Rien de tout ça n’a été confirmé officiellement par USA Hockey, et Bill Guérin ne l’a jamais nommé, mais dans l’écosystème de Team USA, le bruit de ces histoires a nourri l’étiquette de « party boy » et durci la ligne de Guérin sur l’engagement.

Rappelons aussi que Caufield, est allé au mondial 2024 comme des vacances, a fait l'impasse sur le mondial 2025 pour aller dans le sud, après l'élimination du CH aux mains des Capitals.

Guérin l'avait visé directement:

« Si un voyage dans les Caraïbes est plus important que le Mondial, vous n’êtes pas engagé ».

Guérin avait parlé de talent immense, mais une vie hors-glace qui l'inquiète, tout en affirmant que les joueurs américains qui snobent le mondial devraient avoir honte.

Il avait aussi parlé de confiance limitée envers Cole quand le match se referme.

Le pire pour Caufield, c’est que le contexte était idéal pour renverser la table. McDavid en face, vitrine parfaite, match au Centre Bell remporté sur la structure et l’attention aux détails.

Si tu forces ton coach à t’utiliser dans ces minutes-là, tu fais sauter un verrou dans la tête de Guérin. Ça n’est pas arrivé.

Le CH a gagné sans avoir besoin de lui, et ça conforte la thèse américaine: « on peut s’en sortir contre les meilleurs du monde sans lui donner les situations critiques ».

Pour une candidature olympique, c’est un constat qui fait mal. Surtout que Caufield a été le joueur le plus effacé de la rencontre.

Ajoute à ça la doctrine du moment chez Team USA: l’identité d’équipe d’abord. Guérin a vu sa sélection robuste frôle le titre au 4 Nations, puis les États-Unis gagner l’or au Mondial 2025 avec un noyau qui a avalé des minutes pénibles.

Quand arrive la discussion des « dernières chaises », on pose deux questions simples: est-ce qu’on ferme mieux avec lui, et où le placer si le top-six est déjà plein? Hier soir n’a offert aucun nouvel argument en faveur de Caufield.

Qu’on s’entende: il ne s’agit pas de dire qu’il a mal joué. Il s’agit de dire que, dans le seul langage que Guérin écoute, celui des minutes de confiance quand ça serre, il n’a pas pesé.

Et la perception, aujourd’hui, vaut autant que la feuille de pointage. Elle s’empile avec le reste: l’exclusion du 4 Nations, les messages constants sur la robustesse, l’idée que Team USA veut éviter de se faire dicter le ton physiquement par le Canada à Milan. Tout s’additionne, tout pointe dans la même direction.

Il reste deux semaines à Caufield pour faire changer d'idée Bill Guérin (31 décembre). Mais hier a fait mal... très mal...

La soirée a nourr la thèse Guérin. Et c’est ça, le vrai cauchemar: quand la meilleure scène pour faire changer d’idée le décideur se transforme en preuve contre toi.

Hier, le Canadien a prouvé qu’il pouvait battre McDavid en fermant toutes les portes. Et Caufield, lui, a regardé cette fermeture se jouer sans lui dans les minutes qui comptent.

Aux Jeux, on ne choisit pas des highlights, on choisit des habitudes. Celles qu’on a vues hier ne l’aident pas.