Le destin cruel de Martin St-Louis place ses pieds au Mont-Tremblant.
Celui qui a marqué des buts décisifs avec tant de style sur l'avantage numérique se retrouve aujourd'hui coincé dans la montagne à Mont-Tremblant, non pas pour profiter de l'air pur et des paysages à couper le souffle, mais bien pour tenter de réparer l'attaque à cinq des Canadiens de Montréal, véritable trou noir du hockey moderne.
Ironie du sort, ce même Martin St-Louis, qui a jadis snobé les méthodes rigides de Guy Boucher, doit maintenant sauver la mise... seul, sans le stratège en qui tous voyaient la solution miracle.
Guy Boucher, cet éternel absent dans le coeur de St-Louis. L'homme de la situation selon certains, le sauveur manqué qui aurait pu, en un claquement de doigts, transformer cette attaque massive en une machine bien huilée.
Mais non, St-Louis persiste et signe : pas de Boucher dans son équipe, et tant pis si l'avantage numérique continue de sombrer. C’est à croire que la rancune est plus tenace que le bon sens.
Et voilà que St-Louis ramène son groupe à Tremblant, ce lieu chargé d'histoire où, il y a plus d'une décennie, un certain Guy Boucher imposait sa discipline militaire et ses séries de push-ups interminables.
On raconte que ces méthodes avaient poussé un certain capitaine St-Louis à bout, jusqu’à demander le renvoi de Boucher.
Alors, voir notre coach revenir ici, armé de ses nouvelles idées pour redresser l'attaque massive, c'est presque triste... ou franchement cocasse.
Faut-il en rire ou en pleurer? L’homme qui refuse d’engager l’expert du "power play" se retrouve isolé dans les montagnes, entouré de ses adjoints qui, soyons honnêtes, ne semblent pas avoir la recette magique non plus.
Mais que voulez-vous, St-Louis préfère visiblement avancer en solo, même si l’attaque à cinq du Canadien n’a toujours pas marqué un seul but en 25 tentatives depuis le début du camp. Pas grave, semble-t-il, tant qu’il garde sa fierté intacte.
Et puis, soyons réalistes, on n’efface pas un souvenir aussi amer que celui de 2011 d’un coup de bâton. À l’époque, Boucher régnait en maître, et St-Louis, bien qu’idole des foules, n'était qu'un joueur frustré par des méthodes qu'il jugeait dégradantes.
Aujourd'hui, c'est lui le maître à bord, mais à quel prix? Il aurait pu faire appel à l’homme qui connaît le mieux les subtilités du jeu de puissance.
Au lieu de ça, il choisit de retourner à Tremblant, peut-être pour conjurer le sort, peut-être par orgueil.
Mais attention, Martin St-Louis, la montagne est traîtresse, et les fantômes du passé ne disparaissent pas si facilement.
Quant à Guy Boucher, il doit bien sourire quelque part en voyant St-Louis galérer avec ce maudit avantage numérique.
Car, au final, si les résultats ne suivent pas, tout le monde finira par se demander : et si St-Louis avait simplement mis son ego de côté pour engager l’homme qui aurait pu tout changer?