Leçon d'humilité: le message de Martin St-Louis à Patrick Lagacé

Leçon d'humilité: le message de Martin St-Louis à Patrick Lagacé

Par David Garel le 2025-12-25

On vient d'assister la leçon publique la plus éclatante de ce début d’année.

Voir que l’homme qui, pendant près de deux ans, a incarné l’arrogance médiatique la plus assumée. Martin St-Louis a appris plus vite que Patrick Lagacé ce qu’est véritablement l’humilité, ce qu’est l’écoute, ce qu’est la capacité de se replacer devant un public qui n’en peut plus d’être traité comme un élève attardé.

Parce qu’au moment précis où le coach du Canadien, longtemps perçu comme un maître dans l’art de répondre de haut, de ridiculiser, voire d’humilier ceux qui osaient l’interroger, semble avoir compris que son attitude contribuait à briser son capital de sympathie, Patrick Lagacé, lui, continue d’incarner le personnage médiatique le plus crispé, le plus méprisant, le plus incapable de reconnaître ce que tant d’auditeurs, tant de lecteurs, tant d’anciens admirateurs lui reprochent désormais ouvertement.

La comparaison est brutale… mais elle est inévitable.

Car la chute de Patrick Lagacé, autant éditoriale que morale, est documentée dans les chiffres, dans les cotes d’écoute, dans cette désaffection massive du public qui, hier encore, acceptait ce ton professoral comme une marque de rigueur, mais qui, aujourd’hui, n’y voit plus qu’une posture vidée de substance... et remplie de mépris.

Trois parts de marché perdues pour le 98,5 FM en un an; dix mille auditeurs évaporés dans sa seule case du matin; un glissement inexorable derrière ICI Première, derrière Patrick Masbourian, bientôt derrière Mario Dumont et QUB.

Un effondrement dont le symbole le plus éloquent n'est même plus statistique : c'est cette entrevue glaciale avec Guillaume Lemay-Thivierge, où tout ce que le public réclamait, une simple reconnaissance que des paroles avaient pu blesser, s'est heurté à ce mur d'indifférence et de condescendance dont Lagacé s’entoure dès que quelqu’un tente d'aborder son impact réel sur les autres.

Et c’est là qu'il faut regarder du côté du Canadien de Montréal.

Parce que Martin St-Louis, lui, a fini par entendre le message.

Oui, il a été méprisant. Oui, il a fusillé des journalistes du regard. Oui, il a répondu avec condescendance, particulièrement aux francophones, comme si expliquer était une perte de temps et admettre une erreur un acte de faiblesse.

Oui, son attitude dégageait le même froid que celui qu’on retrouve dans les échanges les plus rigides de Patrick Lagacé. Mais à force de critiques publiques, à force d’observer son propre capital d’amour s’effondrer, St-Louis a compris une vérité dont Lagacé semble toujours se défendre : l’humilité n’affaiblit pas un homme en position d’autorité: elle l’élève.

Et l'ancien VP de Quebecor et nouveau patron de BPM Sports, Sylvain Chamberland l’a dit mieux que personne dans cette phrase qui devrait être tatouée sur toutes les portes de salles de nouvelles :

« L’humilité ramène la vie à ce qu’elle est. »

Selon Chamberland, les médias étaient terrorisés par Martin St-Louis:

« Il y a clairement une relation de crainte. Les journalistes ont peur. Peur de se faire ridiculiser, peur que la clip leur revienne dans la face. »

Mais le coach du CH a entendu la critique et s'est transformé. Ce que St-Louis a fini par saisir, c’est que la ligne entre compétence et arrogance est fine, et qu’une fois franchie, elle crée non pas du respect, mais de la distance.

ll a compris qu’éclairer un journaliste, c’est plus noble que le ridiculiser; qu’expliquer un système, c’est plus utile que le défendre comme une religion; qu’écouter une critique, ce n’est pas s’agenouiller, mais reconnaître que le monde autour de soi existe, respire, ressent.

Patrick Lagacé, lui, semble coincé dans l’époque où il faut écraser son prochain pour se remonter soi-même.

Mais cette époque est morte.

Les chiffres la confirment, les critiques la soulignent, le public la sanctionne.

Et son entrevue avec Guillaume Lemay-Thivierge n’a pas révélé un journaliste en introspection : elle a exposé un homme campé sur ses positions, incapable d’un seul mouvement intérieur, d’un seul geste vers l’autre, d’un seul « je comprends » ou « je vois ce que tu veux dire ».

Ce fut un moment révélateur... et terriblement décevant.

Parce que lorsqu’un homme blessé vient devant toi, non pas pour régler des comptes, mais pour dire qu’il a souffert, qu'il a été atteint, qu’il a été marqué, tu as deux choix : construire ou enfoncer son prochain.

Lagacé a choisi de . De nier. D’affirmer qu’il n’avait pas besoin de pardon, comme si ne pas en avoir besoin signifiait que l’autre en avait moins le droit.

Cette rigidité, cette incapacité à reconnaître l’impact de ses propres mots, est précisément ce qui avait enterré Martin St-Louis en novembre de cette saison infernale.

La différence, c’est que St-Louis a corrigé la trajectoire en décembre.

Lagacé persiste à la défendre.

Et si la vie a une manière bien à elle de ramener les vaniteux sur terre, les sondages de Numeris jouent en ce moment le rôle de réalité crue : le public décroche, et quand le public décroche, c’est toujours parce qu’il se sent trahi dans quelque chose de profond: un manque d’empathie, une absence d’écoute, un mépris perçu, une rigidité irréconciliable.

Patrick Lagacé devrait prendre exemple sur Martin St-Louis.

Sur sa capacité à accepter que l’arrogance ne mène qu’à l’isolement. Sur son passage vers l’empathie. Sur sa prise de conscience que le public ne tolère plus qu’on lui parle comme à un enfant.

Sur cette idée que la crédibilité ne vient jamais uniquement de la certitude, mais aussi du doute que l’on accepte de porter.

Parce qu’un jour, comme St-Louis l’a vécu, comme tous les communicateurs le vivront, Lagacé aura besoin de la bienveillance de ce même public qu’il a longtemps traité avec distance et qui le quitte de plus en plus.

Et ce jour-là, s’il n’a jamais appris l’humilité, il découvrira à quel point un micro ne protège personne, et à quel point la solitude médiatique est brutale lorsqu’elle succède à un règne exercé sans empathie.

Le coach a changé son ton avant que le marché ne lui arrache son micro.

Patrick Lagacé ferait bien d’écouter ce message venu du vestiaire.

L’humilité est parfois la seule planche de salut.