Le pari risqué de St-Louis et Hughes : un coup de dés dangereux à Brossard

Le pari risqué de St-Louis et Hughes : un coup de dés dangereux à Brossard

Par André Soueidan le 2025-08-26

À Montréal, il y a des décisions qui sentent la stratégie… et d’autres qui sentent la roulette russe.

Et ce que Martin St-Louis et Kent Hughes semblent prêts à tenter avec le poste de deuxième centre frôle la folie.

Parce qu’au moment où la saison approche à grands pas, le Canadien n’a toujours pas de réponse claire à cette question cruciale : qui va seconder Nick Suzuki?

Depuis deux ans, on tourne en rond.

Kirby Dach devait être cette réponse.

Beau gabarit, talent indéniable, vision de jeu supérieure… mais un corps en papier mâché.

Dach est déjà revenu sur la glace à Brossard cet été, sous les regards curieux des partisans venus espionner les entraînements du Complexe CN.

Mais soyons francs : personne ne sait vraiment dans quel état il sera quand la saison va s’ouvrir.

Jouer quelques tours de patinoire en août, ce n’est pas la même chose que résister à 82 matchs de bagarre dans la LNH.

Et c’est là que St-Louis et Hughes ont décidé de jeter les dés sur la table. Leur coup risqué s’appelle Zachary Bolduc.

Bolduc, un Québécois de 21 ans qu’on a toujours imaginé comme ailier, pourrait se retrouver à porter le fardeau d’un rôle qui a brûlé plus d’un joueur avant lui : celui de deuxième centre du Canadien de Montréal.

Il y a dans cette idée un parfum de danger.

Parce que Bolduc n’a pas joué au centre depuis son junior.

Parce que dans la LNH, les mises au jeu ne pardonnent pas.

Parce que défendre en territoire adverse, ce n’est pas le même job que d’attendre une passe pour décocher un tir frappé.

Et surtout, parce qu’à Montréal, tout est scruté à la loupe. Une mauvaise séquence de dix matchs et on te colle une étiquette de flop à vie.

Mais d’un autre côté, ce coup de dés a quelque chose de séduisant.

Parce que Bolduc, à l’attaque, a ce flair de buteur qu’on ne peut pas fabriquer en laboratoire.

Avec un Ivan Demidov et un Patrik Laine qui ont passé l'été à s'aclimater à Montréal... Bolduc pourrait devenir le ciment de ce trio explosif.

Imaginez l’image : Demidov qui danse avec la rondelle, Laine qui arme son tir sur réception… et Bolduc qui crée l’espace, qui dérange les défenseurs, qui sème le chaos.

C’est cette vision-là qui nourrit le pari de St-Louis et Hughes.

Aujourd’hui, la profondeur du CH au centre ressemble à une vieille corde usée.

Jake Evans fait son boulot, mais dans sa chaise de quatrième centre.

Oliver Kapanen n’a pas encore l’expérience pour encaisser 18 minutes par match.

Alors oui, on en arrive à l’idée Bolduc. Parce que quand toutes les autres options sentent la panique, l’audace devient presque logique.

À Brossard, ce pari risque de devenir l’un des sujets les plus polarisants du camp d’entraînement.

Les partisans qui rêvent d’un CH enfin explosif offensivement vont y voir une étincelle excitante.

Ceux qui s’inquiètent de la défensive vont hurler au suicide tactique. Et St-Louis, lui, devra jongler avec les deux réalités.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Bolduc ne débarquerait pas comme un sauveur.

Il débarquerait comme un test. Comme un message clair envoyé à Kirby Dach : « On ne t’attend pas éternellement. »

Parce que si Dach revient et se blesse encore, le Canadien ne peut plus se permettre de retomber dans le trou du 2e centre fantôme.

Et quelque part, c’est aussi un message à Hughes lui-même.

Oui, il a tenté de frapper un coup de circuit cet été.

Oui, il a exploré des options comme Mason McTavish, Jordan Kyrou ou même Trevor Zegras dans les rumeurs.

Mais au final, rien n’a abouti. Et à quelques semaines de la saison, tout ce qu’il reste, c’est un lancer de dés à Brossard.

Il faut se demander : est-ce que ce coup risqué peut fonctionner?

La réponse, paradoxalement, est oui.

Parce que parfois, ce sont les décisions les plus folles qui changent le destin d’une équipe.

Qui aurait cru, il y a dix ans, qu’un joueur rejeté comme Alex Radulov allait devenir l’âme offensive du CH le temps d’une saison?

Qui aurait parié que Cole Caufield, un attaquant de 5’8, allait devenir la terreur des gardiens de la LNH?

Zachary Bolduc n’est peut-être pas un centre naturel.

Mais il est un joueur qui a du flair, qui a du cran, qui a l’étoffe pour tenter sa chance. Et surtout, il a la chance d’être entouré de deux talents générationnels qui peuvent masquer ses erreurs et maximiser ses forces.

Mais si ce pari échoue… attention. Parce que Montréal n’est pas Anaheim. Ce n’est pas Columbus.

À Montréal, un échec prend la forme d’une crise.

Les manchettes de journaux, les débats radio, les questions empoisonnées dans les points de presse… tout explose.

Et Hughes sait que cette année, il n’a plus droit à l’excuse de la reconstruction.

Avec un noyau aussi talentueux que Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Demidov, Hutson et Dobson, le temps des expériences improvisées commence à sentir le brûlé.

Ce qui rend le tout encore plus croustillant, c’est que les rivaux du CH observent.

Toronto, Boston, Tampa… tout le monde sait que si Montréal rate son pari au centre, la saison peut dérailler dès octobre.

Au final, ce qui se joue à Brossard en ce moment dépasse le cas Bolduc.

C’est une question de philosophie. Est-ce qu’on ose le risque, au nom de l’audace et de la créativité?

Ou est-ce qu’on attend, quitte à rater le train?

St-Louis a toujours prêché la liberté, l’instinct, le hockey joué avec cœur.

Hughes, lui, aime la planification froide et méthodique. Et c’est dans ce clash que naît ce pari insensé.

Le Canadien est à la croisée des chemins.

Soit Bolduc devient la trouvaille inattendue qui stabilise enfin le poste de deuxième centre, soit il devient le symbole d’un pari perdu qui hantera Hughes pour le reste de la saison.

Dans un cas comme dans l’autre, une chose est sûre : le coup de dés dangereux lancé à Brossard va faire parler de lui.

Parce qu’à Montréal, chaque décision résonne comme une onde de choc.

Et celle-ci pourrait bien décider si le CH goûte à nouveau aux séries… ou s’enfonce dans une nouvelle tempête de critiques.

Ouch...