Le ciel tombe sur la tête d’Alexis Lafrenière

Le ciel tombe sur la tête d’Alexis Lafrenière

Par Marc-André Dubois le 2025-05-09

Le malaise à New York devient intenable : le nom d’Alexis Lafrenière a été évité comme la peste par les journalistes… et ça parle fort.

Le ciel est tombé sur la tête du Québécois lors de la présentation de son nouveau coach.

La conférence de presse de Mike Sullivan comme nouvel entraîneur-chef des Rangers de New York aurait dû être un moment de renouveau, une prise de parole claire sur les grands chantiers à venir.

Mais ce qui s’est produit jeudi relève presque de la comédie noire. Au cœur d’une organisation en crise, un nom a été soigneusement évité. Un nom qui brûle toutes les lèvres à New York, mais que personne n’a osé prononcer dans la salle : Alexis Lafrenière.

Il faut être de mauvaise foi pour ne pas y voir un malaise monumental.

Alors que Sullivan répondait poliment à des questions sur Brennan Othmann et Gabe Perreault — deux jeunes prometteurs, mais encore verts — le silence autour de Lafrenière était assourdissant. 

Le joueur de 52 millions. Le premier choix au total. Le Québécois de Saint-Eustache. Rien. Pas un mot. Pas une question. Comme s’il n’existait plus.

Lorsque Mike Sullivan a affirmé avoir parlé à tous les joueurs de l’effectif dans les trois jours précédant sa conférence de presse, il a voulu projeter l’image d’un entraîneur engagé, déjà impliqué dans la gestion humaine de son vestiaire.

« J’ai parlé à tous les joueurs de l’effectif ces trois derniers jours », a-t-il déclaré. Mais chose curieuse : lorsqu’est venu le temps d’évoquer la jeunesse de l’équipe publiquement, il n’a cité que Brennan Othmann et Gabe Perreault.

Aucun mot sur Alexis Lafrenière, pourtant le jeune le plus expérimenté du groupe et le joueur québécois le plus médiatisé de l’organisation.

C’est vrai, Sullivan a bel et bien parlé à Lafrenière. Il l’a même inclus dans son bilan privé. Mais dans sa déclaration publique, il a préféré mettre l’accent sur ceux qui viennent à peine d’arriver, et passer volontairement sous silence le cas du premier choix au total de 2020. 

Dans le contexte actuel où les rumeurs de transactions entourant Lafrenière explosent, ce silence contrôlé agit comme un signal lourd de sens : Lafrenière ne fait peut-être plus partie du plan.

Dans une ville où chaque mot est pesé, chaque posture analysée, l’absence de mention de Lafrenière résonne bien plus fort que tous les beaux discours sur « le caractère dans le vestiaire » et « l’importance de mériter sa place ».

Ce que les journalistes n’ont pas dit en dit long. Et dans un marché aussi impitoyable que Manhattan, le non-dit est souvent plus explosif que le dit.

Il n'y a plus aucun doute possible : Lafrenière est déjà considéré comme un joueur en partance.

On parle de rumeurs qui prennent feu.

Ce silence tombe à un moment où les rumeurs de transaction entourant Lafrenière atteignent un niveau critique. Selon des sources internes aux Rangers, Chris Drury explore activement le marché, sachant très bien que la clause de non-échange du contrat de Lafrenière ne s’active qu’en 2026-2027. C’est maintenant ou jamais pour en tirer quelque chose.

Et qui d’autre que Jeff Gorton, l’homme qui l’a repêché en 2020, pour venir le chercher?

À Montréal, l’intérêt est réel. Mais les négociations tournent mal sur un point : les Rangers exigent Juraj Slafkovsky. Et là, c’est non. C’est même non catégorique.

Le prodige slovaque, perçu par le CH comme un futur leader offensif, est intouchable. Gorton et Kent Hughes n’ont pas fait tout ce chemin pour sacrifier leur perle rare contre un joueur dont la valeur est au plus bas.

Mais alors, que faire?

Si Slafkovsky est hors de question, Logan Mailloux pourrait devenir la nouvelle tête d’affiche d’un échange. Le défenseur droitier a du potentiel, mais il est coincé dans la hiérarchie.

Ajouter Mailloux avec l’un des deux choix de première ronde du CH (16e ou 17e), et on commence à parler. Peut-être que Kent Hughes devra même sucrer l’offre avec un joueur comme Joshua Royl ou un jeune vétéran comme Jake Evans.

Lafrenière vaut-il encore ça?

C’est LA question.

On parle d'un produit défectueux ou mal utilisé?

Il est facile de taper sur Lafrenière. Sa saison décevante (45 points, 17 buts) fait tâche après une campagne précédente encourageante à 28 buts.

Mais il est tout aussi clair qu’il n’a jamais été utilisé comme un premier choix devrait l’être. Coincé dans le deuxième ou troisième trio, rarement sur la première vague du powerplay, il a été géré comme un espoir de bas-étage plutôt qu’un joueur de concession.

Ce n’est pas un hasard si Mike Sullivan, pourtant réputé pour sa capacité à faire exploser les jeunes (voir Guentzel et Rust à Pittsburgh), a omis volontairement de parler de Lafrenière. Il sait. Il sent. Lafrenière n’est plus dans les plans.

Et le CH?

Imaginez un instant une équipe avec Lafrenière et Demidov sur le premier trio. Du poids, du flair, du hockey IQ. Imaginez Panarin se frotter à Demidov en octobre prochain, pendant que Lafrenière s’éclate à Montréal avec un coach qui veut le voir réussir.

Ce n’est pas un fantasme. C’est un scénario de plus en plus réaliste.

Montréal a les munitions.

Les choix 16e et 17e sont une monnaie d’échange extrêmement précieuse cette année. 

Gorton le sait. Et il a la possibilité de sortir un ancien premier choix de sa torpeur et de l’amener dans un marché qui rêve de rédemption québécoise.

C’est maintenant ou jamais.

Car plus les jours passent, plus les Rangers affichent leur désespoir. Ils ont besoin d’un reset. Un shake-up. Et ils sont prêts à liquider leur ancien joyau s’ils peuvent obtenir une relance immédiate en retour.

Mais qu’ils ne s’attendent pas à soutirer Slafkovsky

Pendant ce temps, le malaise est devenu révélateur.

Le silence autour de Lafrenière jeudi n’était pas une erreur. C’était un oubli stratégique. Un aveu de non-appartenance. Et les Rangers ne le méritent pas. Ils ne méritent pas un joueur aussi talentueux, aussi humble, aussi professionnel. Ils ont tout gâché.

Et maintenant, ils veulent s’en débarrasser sans se salir les mains.

À Montréal, ce qu’on voit, c’est un joueur encore récupérable. Un talent brut, mal poli, mais bourré de potentiel. Un gars qui n’a besoin que d’un rôle clair, d’un système cohérent, et d’un entraîneur qui lui donne les clés au lieu de le punir en silence.

Mike Sullivan peut bien parler d’Othmann et de Perreault. Le vrai feu brûle ailleurs. Et s’il continue d’ignorer Lafrenière, le brasier va s’étendre jusqu’à Longueuil.

Les journalistes new-yorkais ont manqué leur shot. Ils auraient pu poser LA question. Ils ont choisi l’évitement. Le résultat? Le malaise est total. Le message est envoyé. Lafrenière est un fantôme à Manhattan.

Mais il pourrait redevenir une étoile à Montréal.

Et ça, c’est un scénario que Jeff Gorton connaît par cœur.