On aurait compris Lane Hutson d'avoir un match difficile, lui qui a dû passer une nuit blanche.
Son frère Cole venait d’être étendu sur une civière la veille au championnat du monde junior, atteint derrière la tête par un tir terrifiant.
Un moment glacial qui a figé le temps... qui a fait paniquer toute une famille...
A frightening scene as Cole Hutson was taken off on a stretcher after being struck by a puck against Switzerland.
— Spittin' Chiclets (@spittinchiclets) December 28, 2025
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Mais malgré tout cela, Lane s’est présenté au match du Canadien contre le Lightning comme un héros. Il a joué 28 minutes et 13 secondes. Il a affronté Nikita Kucherov, Brayden Point et compagnie… avec le cœur à vif.
Mais c’est après la rencontre que le jeune défenseur du Canadien a vraiment craqué. Pour la première fois depuis le drame (évité), Lane Hutson a brisé le silence.
« C’était vraiment épeurant à voir. T’sais, tu veux jamais voir quelqu’un se blesser dans un match. Encore moins ton frère… Mais bon, heureusement, il va bien maintenant. »
La voix tremblait. Le regard fuyant. Derrière la façade d’un athlète professionnel de 21 ans se cachait un grand frère qui a eu la peur de sa vie.
« Mes parents étaient là-bas. Je les ai appelés tout de suite, environ dix minutes après que c’est arrivé. J’étais en panique, comme n’importe qui l’aurait été. Mais il allait bien. Il a fait tous les tests, tout ça… Il est correct. Juste très endolori. »
On aurait pu s’arrêter là. Mais Hutson a tenu à revenir sur l’image bouleversante qui a ému tout le monde : Cole Eiserman, le meilleur ami de Cole Hutson, à genoux sur la glace, tenant le gant de son coéquipier, attendant un signe.
« Je ne suis pas à BU (Boston University) avec ces gars-là, mais tu vois à quel point ils tiennent les uns aux autres. Je suis content que quelqu’un comme lui ait été là pour lui, quand moi j’étais pas là. C’est vraiment spécial. »
Une entrevue qui donne la chaire de poule:
Cole Eiserman : « J’ai pu respirer quand il m’a serré la main. »
Lui aussi a parlé. Encore ému, la voix cassée.
« Je n'étais plus un joueur de hockey à ce moment-là. J’ai pu commencer à respirer quand il a été capable de serrer ma main. Je lui ai dit que j’étais là pour lui peu importe ce qui allait arriver. »
Eiserman et Cole Hutson sont amis depuis l’enfance. Ils ont grandi ensemble à Boston, patiné ensemble, pleuré ensemble, rêvé ensemble. Et hier, ce rêve aurait pu basculer de la pire des façons.
« Je le connais depuis qu’il était le petit “Hutty”. Il a toujours été comme ça. Il est le même gars depuis qu’on a sept, huit ans. C’est une amitié pour la vie. Il va toujours rester l’un de mes meilleurs amis. »
Même le vétéran coach Bob Motzko n’a pu cacher son émotion :
« C’est ce que font les amis. Cole (Eiserman) n’était pas sur la glace, mais il a couru pour aller le supporter. Ces images-là, elles veulent tout dire. »
Heureusement, la peur a cédé la place au soulagement. Cole Hutson a reçu de bonnes nouvelles à l’hôpital et a pu rejoindre ses coéquipiers dans la soirée.
« Il souriait. Il était positif. Ça nous a fait du bien de le revoir. Il sera évalué quotidiennement, mais on espère le revoir contre la Suède. »
Ironie du sort, c’est ce même Lane Hutson qu’on voyait patiner avec des enfants de NDG sur une patinoire extérieure, les 24 et 25 décembre dernier, avec Ivan Demidov.
Eiserman l’a vu aussi. Il a souri.
« C’est exactement Lane. Il va patiner n’importe où. S’il y a une patinoire, il va y être. »
Et quand on lui demande de comparer les deux frères :
« Ils sont différents. Cole est plus grincheux. Lane, lui, a un cœur d’enfant. Il adore jouer. Il adore le hockey. »
Le Canadien a perdu 5-4 en tirs de barrage contre Tampa Bay. On a vu un grand frère qui n'a pas dormi de la nuit... jouer plus de 28 minutes de jeu.
Lane Hutson... nous touchera toujoura droit au coeur...
