Lamborghini jaune: Patrik Laine crée la commotion

Lamborghini jaune: Patrik Laine crée la commotion

Par Marc-André Dubois le 2025-08-16

Il fut un temps où Patrik Laine incarnait parfaitement l’image du jeune millionnaire flamboyant.

En 2020, une photo avait marqué les esprits : sa Lamborghini jaune stationnée fièrement lors de son passage en Finlande.

Une voiture tape-à-l’œil, criante de confiance et de provocation, comme si l’attaquant voulait hurler au monde entier qu’il appartenait à l’élite.

Cette image, restée dans la mémoire collective, résume à elle seule le contraste entre le passé de Laine et l’homme qu’il est devenu.

Cet été, lors de son tournoi de golf caritatif organisé à Nokia avec son compatriote Aleksander Barkov, ce n’était plus la même personne que l’on voyait.

Bien sûr, Laine est resté un joueur vedette qui attire les regards, mais le "show off" d’autrefois avait laissé place à un calme nouveau.

Entre deux coups de driver et des sourires sincères, il rayonnait surtout par sa sérénité. Les profits du tournoi étant destinés à soutenir la santé mentale des jeunes, l’événement prenait une signification bien plus profonde que la simple vitrine mondaine.

Car derrière le sourire, il y a le vécu d’un homme qui sait ce que signifie tomber au plus bas.

On se souvient tous de cette saison où Laine a disparu des radars. Officiellement blessé, mais en réalité rongé de l’intérieur par un mal plus vicieux : l’épuisement mental.

Le décès de son père l’avait laissé à la dérive, incapable de trouver du sens, prisonnier de ses nuits blanches et d’habitudes destructrices.

Loin des projecteurs, il s’était réfugié dans des comportements d’évasion, jusqu’à perdre goût à ce qui faisait son identité : le hockey.

Dans un rare moment de lucidité, il a pris la décision courageuse d’entrer dans le programme d’aide de la Ligue nationale.

À ce moment-là, plus rien ne comptait sinon retrouver un équilibre, une paix intérieure qui lui échappait depuis trop longtemps.

C’est cette fragilité assumée qui rend son retour encore plus marquant. Aujourd’hui, Laine ne se cache plus. Il parle ouvertement de ses blessures invisibles, de ses traversées du désert, et il agit concrètement.

Son initiative “From Us to You”, créée avec sa conjointe, témoigne de cette volonté de transformer la souffrance en moteur de changement.

Son tournoi de golf, désormais associé à la cause de la santé mentale, est devenu le symbole de cette résilience.

Loin de la Lamborghini jaune qui incarne un passé prétentieux, mais "mal dans sa peau", c’est une nouvelle image qui s’impose : celle d’un homme debout, qui utilise son nom et sa notoriété pour tendre la main à ceux qui vivent dans l’ombre.

À Montréal, on constate déjà l’impact de ce virage. Laine s’entraîne presque tous les jours à Brossard. On le décrit plus souriant, plus investi, plus proche de ses coéquipiers.

Il n’hésite pas à répéter qu’il veut rester ici, qu’il est prêt à s’impliquer à long terme et signer un contrat à rabais, qu’il n’a plus besoin d’artifices pour se sentir à sa place.

Sa confiance n’a plus besoin d’être jaune et rutilante comme une Lamborghini ; elle est désormais intérieure, solide, bâtie sur le fait d’avoir survécu au pire.

La scène de Nokia, cet été, résume tout : un Laine qui tape des balles de golf sous le soleil finlandais, qui rit avec Barkov, qui serre des mains d’enfants, et qui sait, au fond de lui, qu’il revient de très loin.

Ce n’est plus le même homme que celui qui se présentait autrefois comme un prodige insouciant, roulant dans une voiture de luxe pour se convaincre qu’il avait réussi.

C’est un joueur mûri par la douleur, grandi par la franchise de ses épreuves, et surtout transformé par le courage de les affronter.

Et c’est précisément ce nouveau Patrik Laine que Montréal s’apprête à découvrir pour de bon. Pas seulement un buteur d’élite, mais un survivant qui n’a plus peur de montrer ses cicatrices.

Un homme qui a laissé la Lamborghini jaune derrière lui, parce qu’il a compris que le vrai luxe, c’est la paix intérieure retrouvée.

“J'ai enfin pu m'entraîner comme il faut” pour la première fois depuis des années, je suis en santé, physiquement et mentalement, et il j'aime ma vie à Montréal où j'ai passé l’été à patiner presque chaque jour depuis début juillet."

On est loin des hivers brumeux où l’on cachait une rechute derrière des “symptômes grippaux”.

Le contraste le plus fort? Il l’a lui-même assumé. Deux étés à blanc: l’avant-dernier, à peine trois semaines d’entraînement avant la saison; le dernier, un mois et demi tout au plus, coincé par la convalescence d’une opération à l’épaule. Pour finalement se blesser gravement au genou.

Résultat : de l’essoufflement, du jeu 5v5 qui s’éteignait (il s’en moque lui-même en espérant “en mettre quelques-uns à cinq contre cinq” cette fois), mais quand même 20 buts et 33 points en 52 matchs, avec une production massive en avantage numérique.

Ce n’était pas rien, c’était juste insuffisant pour lui. Ce qu’il dit à Nokia, c’est que cette fois, l’essence est dans le réservoir.

“J’ai pu m’entraîner à fond depuis mai. C’est une autre base de départ.”

La santé mentale n’est plus un sujet tabou dans sa bouche. Il confie avoir frôlé l’abandon, au point de le dire en face à son DG et à ses agents.

Il a aussi parlé hockey, sans fuite, sans drame. Statut UFA dans un an? Ça lui glisse dessus :

“Dans mon cas, rumeurs ou pas, c’est pareil. On va s’amuser; les succès vont venir si on fait le travail et si l’équipe gagne.”

Il sait que la business fait partie du métier, peu importe qu’il reste six ans ou zéro sur un contrat, son nom circule. Mais il a choisi où mettre son énergie : dans les heures de glace à Brossard, dans la répétition, dans cette chimie visible avec Demidov qui a éclaté les scrimmages 3-contre-3 (et qui, soyons honnêtes, redessine déjà les cartes pour la rentrée).

Tout le monde voyait Bolduc avec Demidov et Dach. Laine sera bel et bien celui qui commencera l'année avec le Russe.

Et puis il y a Montréal. Il le dit sans emphase : il vit presque à l’année en Amérique du Nord, sa femme Jordan est bien ici, il y trouve plus de tranquillité qu’en Finlande (où chaque soupir devient une manchette).

Il a même décroché des symbolesqui lui collaient à la peau. Parce que, oui, la Lamborghini jaune fait partie de l’histoire (cette photo iconique de 2020 qui était la caricature de son ancien personnage : flamboyant, bruyant, fraîchier).

Ce week-end, il a remis cette image à sa juste place : un souvenir. Aujourd’hui, il dit ne plus posséder une seule voiture de grand luxe, ni Lambo, ni Ferrari, ni McLaren et rouler en véhicules prêtés quand il en a besoin.

Hum. Il a quand même signé un "deal" avec Genesis au Québec. Il demeure dans le luxe... mais pas dans l'extravagance.

La phrase qui tue :

 “On s’en fiche, tant qu’on va de A à B.” C’est tout sauf anodin : il ne performe plus pour l’image, il travaille pour le hockey… et pour sa paix.

Il change tout pour la suite. Parce qu’un Laine en santé + préparé depuis mai + ancré à Montréal + connecté à Demidov = une variable que personne ne voulait vraiment recalculer au printemps… mais qu’il faudra assumer en octobre.

Oui, ça force la main de Martin St-Louis. Oui, ça resserre la bataille pour les ailes du top 6. Et oui, ça déplace le centre de gravité du CH : quand ton sniper retrouve ses jambes et sa tête, tu ne le caches plus derrière une excuse tactique pour le "bencher".

Laine a rangé la Lambo et rallumé le moteur. Le bruit a changé, la vitesse non. Et à Montréal, ça s’entend déjà.