La vérité sort enfin: Matvei Michkov ne veut pas jouer pour Martin St-Louis

La vérité sort enfin: Matvei Michkov ne veut pas jouer pour Martin St-Louis

Par Marc-André Dubois le 2025-05-17

Dans un monde où les jeunes joueurs sont choyés, dorlotés, ménagés à l’extrême par peur de les froisser, Matvei Michkov est une anomalie.

Il n’a pas besoin d’un entraîneur qui lui donne la main. Il n’a pas besoin de quarante compliments pour tolérer une critique. Il n’a pas besoin d’un « safe space ». Il veut un champ de bataille. Il veut un coach qui crie, qui tape du pied, qui brasse. Parce que lui-même est fait de cette étoffe.

Voilà pourquoi Matvei Michkov ne voulait rien savoir du Canadien de Montréal. Ce n’était pas une question de pays, de langue, de climat ou de taxes.

C’était une question de mentalité. Michkov est un joueur forgé dans la dureté du système russe, un compétiteur qui carbure à l’intensité brute, pas aux tapes dans le dos.

Il ne voulait pas d’un entraîneur “player’s coach” comme Martin St-Louis, perçu dans certains cercles comme trop conciliant, trop paternel, trop "soft" pour le forger comme il fallait.

Pour Michkov, un coach qui vous appelle par votre prénom dans le vestiaire, qui mise sur l’émotion avant la discipline, qui refuse de “mettre au banc” ses favoris — c’est un coach qui vous ralentit.

Et ça, Michkov l’a compris très tôt dans son parcours. Il savait que pour devenir une star dans la LNH, il devait être brassé, confronté, poussé dans ses retranchements.

C’est exactement ce qu’il a trouvé avec John Tortorella. Un homme franc, parfois dur, mais honnête. Quelqu’un qui ne vous caresse pas dans le sens du poil, mais qui vous élève à coups de vérités crues. Montréal, avec sa culture de bienveillance et son fameux “country club” d’amis qui se couvrent mutuellement, ne représentait pas cette école de rigueur que Michkov recherchait. Il voulait un environnement où l’on gagne ou l’on crève. Pas un jardin d’enfants.

Et c’est exactement pour ça qu’il a adoré John Tortorella.

Oui, oui, le même Tortorella qu’on accuse depuis 15 ans d’être incapable de coacher la nouvelle génération. Le même Torts qu’on dit dépassé, trop old school, trop intense.

Celui-là même qui a cloué Michkov au banc à quelques reprises, qui a foudroyé ses manœuvres spectaculaires du regard, qui l’a brassé dans les médias avec ses fameuses lignes assassines.

Mais savez-vous quoi?

Michkov a aimé ça.

Pas juste toléré. Aimé.

« Torts, c’était le meilleur entraîneur que je pouvais avoir pour commencer ma carrière. »

Cette déclaration, il ne l’a pas faite du bout des lèvres. Il l’a livrée avec un calme glacial, une lucidité brutale, dans une entrevue donnée à RG.org. Aucune fuite. Aucune amertume. Juste de la reconnaissance.

Parce que Michkov n’est pas comme les autres.

À 20 ans, il en impose déjà comme un vétéran. Il connaît ses qualités, ses défauts, ses excès, ses fulgurances. Il sait qu’il est spécial. Et il veut un entraîneur capable de le regarder dans les yeux. Pas un coach de garderie. Un général.

« Dès le premier jour, il m’a tout expliqué clairement et il a toujours été honnête avec moi », dit-il au sujet de Tortorella.

Ce n’est pas une phrase anodine. Dans un univers où les vestiaires sont remplis de sous-entendus, de non-dits, de fausses promesses et de promesses creuses, la clarté est une arme. Et Tortorella l’a utilisée comme il utilise tout : frontalement.

Deux forts caractères. Deux alpha. Deux volcans.

Mais au lieu d’exploser en guerre ouverte, Michkov et Torts ont développé un respect mutuel. Ça a brassé, oui. Des disputes. Des désaccords. Des confrontations. Mais toujours face à face.

« Il m’a dit : “Je sais que tu es un gars avec du caractère. J’aime ça. Tu joues avec passion. Je suis pareil. Parfois, ça veut dire que nous ne serons pas d’accord.” »

Voilà. C’est dit.

Tortorella a vu en Michkov un reflet de lui-même. Une rage de vaincre. Une intensité brute. Un feu intérieur. Ce que beaucoup d’entraîneurs cherchent à dompter, Tortorella a cherché à canaliser.

Et Michkov, au lieu de se refermer, a grandi. Il a appris. Il a produit.

26 buts. 63 points. 80 matchs. Pas une petite saison pour un kid de 20 ans. Surtout dans un club aussi dysfonctionnel que les Flyers.

Mais voilà. Le règne de Torts est terminé. Place à Rick Tocchet.

Et là, on vous le dit tout de suite : Michkov va adorer.

Parce que Rick Tocchet, ce n’est pas un entraîneur « soft ». Ce n’est pas un « players’ coach » dans le sens mielleux du terme. Ce n’est pas un marchand de glace aux fraises. C’est un ancien bagarreur avec un sens du hockey chirurgical. C’est un dur avec du cœur. Un exigeant avec une vraie vision. Un meneur.

Et ça, c’est exactement ce qu’il faut à Michkov. Parce que Michkov, à l’instar des grands, ne veut pas juste jouer. Il veut gagner.

Il l’a dit sans détour : « Je suis tanné de perdre. »

Après une seule saison. Une seule. Et il est déjà dégoûté par l’odeur de la défaite. Il ne veut pas attendre trois ans. Il ne veut pas faire partie d’un énième « projet de reconstruction ». Il veut des résultats. Maintenant.

Mais pour gagner, il le sait, il faut de la structure. De la discipline. 

Et c’est pour ça qu’il prie, du haut de ses 20 ans, pour qu’on ne lui coupe pas ses ailes avec des systèmes trop rigides. Qu’on ne transforme pas son jeu créatif en casse-tête défensif.

« J’espère seulement avoir de la liberté sur la glace. Quand je me sens limité, je commence à me concentrer sur les mauvaises choses. »

C’est une alerte. Un message à Tocchet. Mais aussi une confession. Parce que Michkov, comme tous les joueurs géniaux, a besoin d’espace pour créer. Pas d’un corridor étroit.

C’est là que Tocchet devra jouer fin. Parce que si quelqu’un peut faire le pont entre intensité, rigueur et liberté contrôlée, c’est lui.

Tortorella a allumé le feu. Tocchet doit maintenant l’alimenter.

Il ne faut pas oublier que derrière ce jeune homme au regard glacial et au tir lourd, il y a un être humain ultra sensible. Un enfant devenu adulte trop vite. Un Russe qui a traversé la guerre, le départ prématuré de son père, les critiques dévastatrices des médias occidentaux, les soupçons, les doutes, les comparaisons avec Ovechkin, et qui est encore debout.

Ce n’est pas une machine. C’est un survivant.

Et c’est ce qui le rend aussi dangereux.

Car quand Michkov est fâché… il marque.

Quand il est dos au mur… il produit.

Quand on lui dit qu’il n’est pas prêt, qu’il est trop jeune, trop fantasque, trop à l’est — il riposte.

Il a appris à encaisser. À se taire. Puis à frapper. Avec un lancer. Une passe. Une feinte. Un but.

Son arme ultime : sa lucidité.

Et cette lucidité, il la porte dans son jeu comme dans ses déclarations.

Il sait ce que représente un changement d’entraîneur. Il sait ce qu’il a à faire pour séduire Tocchet. Il sait que rien n’est garanti. Et surtout, il sait que son caractère peut lui nuire… ou lui servir.

Avec Tortorella, ce caractère a été un moteur. Avec Tocchet, il pourrait devenir un carburant nucléaire.

Matvei Michkov est un pur produit de la confrontation.

Pas de l’harmonie. Pas de la flatterie. De la tension. Du défi. De la friction.

Et si Tocchet est aussi intelligent qu’on le croit, il va comprendre ça très vite.

Parce qu’au fond, Michkov est un joueur qu’on ne peut pas encadrer avec des manuels. Il faut l’encadrer avec du respect. De la franchise. Et un minimum de liberté.

Un peu comme un feu de forêt qu’on ne tente pas d’éteindre, mais qu’on apprend à diriger.

La vraie bombe de cette saison des Flyers, ce ne sera pas une transaction. Ce ne sera pas un vétéran. Ce ne sera pas un coup de marketing.

Ce sera Michkov qui va exploser.

Tortorella lui a dit les vraies affaires. Tocchet devra faire pareil.

Parce que si on donne à Michkov un environnement où il peut s’exprimer sans se sentir trahi, il ne va pas simplement briller.

Il va brûler la ligue.

Matvei Michkov est un jeune homme au caractère bien trempé. On l’a vu à Philadelphie, dès ses premiers coups de patin dans la LNH.

Il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Pas par ses coéquipiers. Pas par ses entraîneurs. Et surtout pas par une compagnie louche de location de voitures à Dubaï.

L’histoire semble tirée d’un thriller russe. Mais c’est bien ce qu’a vécu Michkov lors de ses récentes vacances au Moyen-Orient : un piège tendu, un accident de la route, des passeports confisqués, et une extorsion de cent mille dollars.

Cent. Mille. Dollars.

Ce n’est pas une erreur de virgule. Ce n’est pas une rumeur. C’est le chiffre froid, net et brutal qui a circulé dans les documents officiels transmis par les avocats de Michkov au média Match TV. Et quand on sait à quel point Michkov est orgueilleux, on imagine aisément le choc.

Le prodige russe n’était même pas au volant du véhicule. Il ne tenait même pas un verre d’alcool dans les mains. Mais à Dubaï, la présomption d’innocence n’a pas la même saveur qu’en Pennsylvanie.

Selon ses représentants, ce sont les propriétaires du service de location de voiture qui ont littéralement gardé en otage les passeports de deux citoyens russes ayant voyagé avec lui. Un geste illégal dans la législation des Émirats arabes unis. Une menace à peine voilée, un levier de pression, une tactique sournoise.

Et pourquoi? Pour acheter le silence. Pour étouffer l’affaire. Pour forcer un jeune millionnaire à payer sans faire de vagues.

Mais Michkov n’est pas un joueur « soft ». Il ne l’a jamais été. Ce n’est pas un enfant de chœur qui baisse la tête devant les intimidations. Il a affronté John Tortorella dans une chambre de la LNH. Il a tenu tête à un entraîneur qui a déjà mis Rick Nash dans les câbles. Alors ce n’est pas un escroc de Dubaï qui allait le faire plier sans réponse.

Le message de ses avocats est clair : ce n’était pas de sa faute, il n’a rien fait d’illégal, il ne veut pas que son nom soit sali. C’est un joueur en mission. Un professionnel qui ne veut pas que sa carrière soit éclaboussée par des combines mafieuses.

Et surtout, un jeune homme qui comprend que dans le monde de la LNH, la réputation se joue autant à l’extérieur de la patinoire que sur la glace.

Mais cette mésaventure aura un prix. Même si personne n’a été blessé, même si les Flyers ont été mis au courant et ont gardé leur calme, même si l’histoire n’a pas encore dérapé dans les tabloïds américains… le coup est porté.

Michkov a dû vivre l’humiliation de sortir son portefeuille pour acheter la paix. Il a dû ravaler sa fierté, lui qui adore tout contrôler. Et pire encore : il a dû voir ses proches, ses amis, ses compatriotes, subir une détention illégale, une pression psychologique, un coup de force.

Et pourtant… il est resté droit.

Parce que c’est ça, Matvei Michkov. Un joueur qui a grandi dans un monde où la faiblesse est une cible. Où l’émotion est un aveu. Où les moments difficiles forgent le mental plus que les entraînements.

On comprend mieux pourquoi il a tant aimé jouer sous les ordres de John Tortorella. Et pourquoi il trépigne d’impatience à l’idée d’enfiler les couleurs des Flyers avec Rick Tocchet derrière le banc.

Tocchet n’est pas là pour flatter les ego. Il ne distribue pas des accolades. Il n’offre pas de laissez-passer. Il est brut, franc, direct. Tout ce que Michkov aime.

Dans ses propos, le Russe l’a laissé entendre : il veut de la liberté sur la glace, mais il accepte les conflits s’ils sont francs. Il respecte l’autorité si elle est cohérente. Et surtout, il veut gagner. À tout prix.

L’affaire de Dubaï n’est pas seulement un scandale. C’est un test. Une épreuve. Un rite de passage. Le genre d’incident qui aurait pu briser un jeune joueur en quête de stabilité. Mais Michkov, lui, s’en sort grandi.

En Russie, on dit qu’un homme ne devient un homme qu’après avoir connu trois choses : la peur, la perte et la trahison.

Michkov, à 20 ans, les a vécues. Il sait désormais que même les vacances peuvent tourner au cauchemar. Que les sourires peuvent cacher des couteaux. Et que sa valeur ne tient pas dans son compte de banque, mais dans sa capacité à encaisser, sans broncher.

Rick Tocchet ne pouvait rêver d’un joueur plus prêt pour son système. Un système où la sueur remplace les excuses. Où l’intensité prime sur le talent brut. Où l’on gagne en marchant droit, pas en criant dans les corridors.

Et Michkov? Il est prêt.

Prêt à jouer avec rage. Prêt à enterrer cette histoire sous une avalanche de buts. Prêt à montrer à la LNH qu’il n’est pas une victime. Qu’il est un survivant.

Il ne s’excusera pas d’avoir été ciblé. Il ne s’excusera pas d’avoir payé pour protéger son entourage. Il ne s’excusera surtout pas de vouloir dominer la LNH avec sa hargne, sa créativité, et ce feu intérieur qui brûle plus fort que jamais.

Dubaï aurait pu être une tache. Ce sera un tatouage.

Matvei Michkov s’en rappellera. Et ceux qui l’ont humilié aussi.

Parce que, désormais, ce jeune prodige russe ne joue plus pour prouver qu’il est bon. Il joue pour se venger.