Kent Hughes, fidèle à lui-même, n’a jamais paniqué.
Alors que la planète hockey s’emballait en décembre et début janvier à voir le Canadien se faufiler dans la course aux séries, le DG du CH restait stoïque.
Il ne s’est pas laissé aveugler par la séquence euphorique qui a déjoué toutes les attentes. Il savait. Il voyait venir le mur.
C’était une question de temps avant que la réalité frappe.
Montréal carburait à l’adrénaline, portée par un Jakub Dobeš en état de grâce et par l’effet immédiat d’Alexandre Carrier en défensive.
Mais il y avait un hic : ce n’était pas durable. Ce n’était pas une question de talent, c’était une question de fondation encore trop fragile. Et ça, Hughes le savait bien avant que la glissade commence.
Alors que le CH patinait avec une confiance débordante, Hughes savait qu’il ne pouvait pas se permettre de basculer dans un mode “acheteur” pour la date limite des transactions.
Pas maintenant. Il l’avait dit lui-même à son bilan de mi-saison : les séries, c’est un bonus, pas un objectif. Il avait fixé son plan bien avant que le mois de janvier crée l’illusion que cette équipe pouvait peut-être accélérer son processus de reconstruction.
Et maintenant, avec la descente au classement, la vérité éclate : Hughes avait raison de ne rien précipiter.
Les dernières semaines ont replacé les choses en perspective.
Le Canadien a retrouvé son vrai visage. L’attaque est redevenue anémique, la défensive est plus exposée que jamais, et la profondeur fait cruellement défaut.
On sent que le moteur s’étouffe. Ce qui semblait être une équipe capable de rivaliser pour une place en séries n’est plus qu’un mirage.
Ils sont à quatre points du dernier rang donnant accès aux séries, mais avec un calendrier qui s’annonce brutal.
Dans ce contexte, Hughes a désormais le champ libre pour agir selon son plan initial. Pas besoin de répondre à la pression populaire qui voulait le voir foncer tête première dans la course.
Il va plutôt faire ce qu’il a toujours dit qu’il ferait : écouter. Évaluer la valeur de ses joueurs de location. Voir ce qu’il peut obtenir en retour de gars comme Jake Evans, Christian Dvorak et David Savard.
Car soyons honnêtes : ce serait de la pure folie de croire que ce noyau est prêt à compétitionner pour la Coupe.
On l’a bien vu contre le Wild : ce club a trop de failles. La belle séquence de janvier n’était qu’un écran de fumée, une anomalie statistique plus qu’un réel indicateur du niveau de l’équipe.
Et ça, Hughes le savait bien avant nous.
Ne pas être acheteur était la bonne décision.
Et maintenant que le CH glisse, il peut vendre intelligemment sans provoquer une révolte chez les partisans.
On parle ici d’un scénario idéal pour lui.
Un ménage à venir...
Avec la date limite qui approche, la question n’est plus “est-ce que le CH va vendre ?”, mais bien “qui sera sacrifié ?”.
Jake Evans ? Utile, fiable, mais sacrifiable. Christian Dvorak ? Un contrat difficile à écouler, mais avec une bonne rétention de salaire, ça pourrait passer.
David Savard ? Son expérience en séries pourrait séduire une équipe qui cherche du renfort défensif.
Et ce ne sont pas les seuls noms sur la sellette. Joel Armia, Mike Matheson, et même Josh Anderson pourraient être des candidats potentiels à un départ.
Hughes voulait de la clarté ? Il l’a maintenant.
Le CH n’a plus à se demander s’il doit faire semblant d’être un club aspirant. La réalité l’a rattrapé. La reconstruction suit son cours, et ça permet à Hughes de gérer l’avenir avec plus de lucidité.
Le contre-argument : et si tout basculait encore ?
Évidemment, il y a toujours un élément d’incertitude.
On a vu des équipes renaître de leurs cendres en février et mars. Il suffit d’un revirement de situation, d’un coup de chaleur d’un gardien ou d’une séquence de victoires improbables pour changer la donne.
Le CH est-il totalement exclu de la course ? Non. Mais le problème, c’est qu’ils devront brûler énormément d’énergie pour simplement rester en vie.
Et si par miracle, ils se faufilaient en séries, ce serait une boucherie.
Le verdict est tombé : Kent Hughes n’a jamais perdu le fil. Son plan n’a pas changé, et maintenant que l’équipe retrouve sa place naturelle dans le classement, il peut manœuvrer comme prévu.
Il a su patienter, il a su résister à la tentation, et maintenant, il est en position de force.
La vérité éclate : Hughes savait exactement quoi faire.
AMEN