La revanche de Daniel Brière: Kent Hughes remis à sa place

La revanche de Daniel Brière: Kent Hughes remis à sa place

Par David Garel le 2025-06-23

La revanche éclatante de Daniel Brière

Pendant que Kent Hughes s’enfonce dans l’immobilisme, Daniel Brière, lui, vient de frapper un grand coup. Pas un simple coup de poker, mais une véritable revanche. Un triomphe personnel. Un doigt d’honneur lancé à tous ceux qui l’avaient enterré trop vite, trop fort, trop souvent.

Trevor Zegras. Oui, le Trevor Zegras. Le centre que tous les partisans du Canadien rêvaient de voir évoluer avec Ivan Demidov.

Celui qu’on croyait destiné à Montréal depuis des mois. Il est maintenant un joueur des Flyers de Philadelphie. Et pour l’obtenir? Des miettes : Ryan Poehling, un choix de deuxième ronde, et un quatrième en 2026. C’est tout. Rien de plus.

Pendant ce temps, à Montréal, on continue d’invoquer la patience, la stratégie à long terme, les valeurs de l’organisation.

Mais ce matin, cette stratégie ressemble surtout à un refus d’agir. Un refus d’assumer les risques. Et c’est Daniel Brière, l’homme le plus critiqué de la LNH au cours de la dernière année, qui vient de voler la vedette.

Rappelons-nous d’où il partait. Le fiasco Cutter Gauthier. Cette transaction incompréhensible où il a sacrifié un attaquant de puissance pour aller chercher Jamie Drysdale, un défenseur blessé, surestimé, qui n’a toujours pas démontré qu’il pouvait changer la dynamique d’une équipe.

Puis, plus récemment, le repêchage raté où Brière, contre toute logique, a ignoré Zeev Buium, défenseur vedette du moment, pour jeter son dévolu sur Jeff Luchanko, un centre gentil, bien intentionné, mais sans éclat. Un futur troisième centre, au mieux. Ce genre de décision qu’un DG regrette pendant une décennie.

Philadelphie, à ce moment-là, semblait marcher à reculons. Les choix de Brière s’accumulaient, mais les résultats ne suivaient pas.

Pire, l’ambiance interne se dégradait. John Tortorella, son ex-entraîneur-chef, ne cachait plus son mépris. Il n’a pas ménagé Jacob Pelletier, tout juste arrivé dans une transaction mal reçue.

Il a humilié Michkov publiquement, le clouant au banc à répétition, allant jusqu’à remettre en question sa compréhension du jeu.

Et après dégelée, un 7 à 2 contre les Maple Leafs, Tortorella a littéralement lancé Brière sous les roues du bus en affirmant, devant tous les médias, qu’il n’avait aucun intérêt à coacher ce type d’équipe-là.

Traduction : il en a marre de la reconstruction, il en a marre de ce DG, et il en a marre d’essayer de donner un sens à une saison qui ressemble à un champ de ruines.

Mais voilà que Daniel Brière, dans le chaos, a su trouver un chemin vers la rédemption.

Trevor Zegras, ce n’est pas juste un bon joueur. C’est une déclaration. Une affirmation claire que les Flyers veulent redevenir pertinents. Qu’ils refusent de s’éteindre dans la médiocrité. Et c’est une claque magistrale en pleine figure de Kent Hughes.

Car le DG du CH pouvait aller chercher Zegras. Il avait les munitions. Il avait plus que Poehling. Il avait le 41e choix au total et non le 49e. Mais il a choisi de ne rien faire.

Pourquoi? Pour ne pas déranger la progression de Lane Hutson? Pour ne pas brouiller les cartes de Slafkovsky, Demidov, ou même… Patrik Laine? Ce même Laine qui ne sera probablement même plus là dans un an?

L’excuse est mince. Et les partisans sont furieux.

Parce que Zegras, malgré ses blessures, malgré son attitude parfois nonchalante, est un talent brut. Deux saisons de 60 points avant l’âge de 22 ans. Un flair offensif rare. Un sens du spectacle qui manque cruellement à Montréal depuis trop longtemps.

Et surtout, un lien naturel avec Caulfield, son ancien coéquipier à l’Université. Une chimie préexistante. Une opportunité unique.

Mais Kent Hughes a regardé passer le train.

Daniel Brière, lui, a sauté dedans. Avec Rick Tocchet comme nouveau coach, Zegras va exploser. Ce n’est plus une question de “si”, mais de “quand”.

Et quand il va être en feu, on se souviendra que Brière aura su transformer un vestiaire brisé en noyau compétitif. Michkov et Zegras, ce n’est pas une ligne d’avenir : c’est une bombe offensive en attente d’explosion.

Brière avait besoin d’un coup d’éclat pour sauver sa réputation. Il l’a trouvé. Il avait besoin d’un nom pour calmer les critiques. Il l’a livré. Et il l’a fait au nez et à la barbe de son principal rival médiatique au Québec : Kent Hughes.

Pendant longtemps, Daniel Brière a été perçu comme un directeur général de bas-étage. Une recrue, propulsé trop rapidement dans un marché féroce, constamment dominé par la sagesse glacée de Kent Hughes.

Dans les coulisses, plusieurs racontaient que Brière copiait le modèle montréalais sans jamais l’égaler. On disait même qu’il s’inspirait des plans de développement du CH sans avoir les épaules pour les exécuter.

L’exemple parfait : l’épisode Patrik Laine. Dans un rare moment d’audace, Brière avait ficelé une transaction impliquant Ryan Johansen, avec l’objectif de récupérer Laine en grande pompe.

Mais tout s’est effondré parce que Laine a préféré la guerre froide à Columbus plutôt que de revivre l’enfer de John Tortorella à Philadelphie.

Cette humiliation, peu médiatisée, en disait long, surtout que Brière persistait à maintenir un entraîneur en décalage complet avec son époque.

Ce que Hughes aurait su corriger en 24 heures, Brière l’a entretenu pendant deux saisons. Résultat? Il a perdu Laine, raté Demidov à cause d'une bonne saison qui ne servait à rien, sacrifié Gauthier, et gaspillé le 12e choix pour reculer d’un rang et prendre un centre ordinaire en Jett Luchanko.

Rappelons que Daniel Brière convoitait énormément Demidov, qui était vu comme le meilleur attaquant disponible après Macklin Celebrini. Les Flyers, qui détenaient un choix plus éloigné à cause d'une bonne saison qui n'a servi à rien (12e), ont tenté de grimper dans le repêchage pour sélectionner Demidov.

Brière a fait des offres à Columbus (qui avait Lindstrom en ligne de mire au 4e rang) et à Montréal (qui détenait le 5e choix et a bel et bien pris Demidov).

À force de chercher à se faire aimer, Brière a sombré. Et c’est ce qui rend sa revanche actuelle si brutale, si théâtrale.

En offrant Trevor Zegras pour presque rien, il vient enfin d’écrire un chapitre qui lui appartient, un chapitre où ce n’est pas Hughes, mais lui, qui impose la cadence.

C’est ça, la vraie revanche.

Brière vient de corriger ses erreurs passées, de redonner de l’espoir à sa base partisane, et surtout, de faire passer Hughes pour un DG prudent jusqu’à la paralysie.

À un moment où le CH avait besoin d’un geste fort, il a offert du silence. À un moment où Montréal cherchait des solutions, Philadelphie a agi.

Et aujourd’hui, c’est tout le discours sur la “patience” du CH qui s'effondre. Oui, bâtir une équipe prend du temps. Oui, le développement passe par des étapes. Mais parfois, il faut foncer. Prendre le risque. Miser sur le talent. Daniel Brière l’a compris. Kent Hughes, pas encore.

La suite? Elle appartient à Zegras. À Michkov. À l’histoire qu’ils vont écrire ensemble, pendant que Montréal continue de chercher des réponses.

Une chose est sûre : ce matin, c’est Daniel Brière qui a gagné la manche. Spectaculairement.