La conversation revient toujours au même endroit depuis deux ans : Cooley produit plus, Cooley patine plus vite, Cooley a de meilleures mains.
Et pendant que les tableaux de statistiques s’accumulent en faveur du jeune centre américain, un simple coup d’œil sur le jeu récent de Juraj Slavkovsky suffit pour comprendre pourquoi Cooley est loin d’avoir enterré le débat.
Parce qu’il existe une carte cachée dans ce duel, un élément qu’aucune fiche de points ne capture : l’impact brut sur un match de hockey quand un joueur de 6’4’’ entre en pleine vitesse dans la zone adverse avec la rondelle collée à sa palette.
Depuis quelques matchs, Slavkovsky ne joue plus comme un jeune homme de 21 ans qui cherche à « faire plaisir ».
Il joue comme un problème. Un problème pour les défenseurs, un problème pour les match-ups adverses, un problème pour les entraîneurs qui voient leur plan de match se briser quand il décide d’abaisser les épaules et d’entrer à fond dans le territoire ennemi.
Et ce détail-là, Cooley ne peut tout simplement pas l’imiter. Cooley peut t’étourdir, mais il ne peut pas t’intimider. Slavkovsky peut faire les deux.
Ce qu’on remarque surtout, c’est sa légèreté retrouvée.
Pas dans son poids : dans son esprit. Il joue relâché. Il flotte. Il fait reculer les défenseurs juste en accélérant.
Et ce relâchement-là, il arrive depuis qu’il joue avec Ivan Demidov, comme si la pression venait enfin de se décrocher de ses épaules.
Il n’essaie plus de forcer le jeu, il ne cherche plus désespérément Caufield ou Suzuki à chaque touche.
Il garde la rondelle, il transporte, il dicte le rythme.
Ce qu’il apporte, c’est ce que les équipes paient des fortunes en séries : une menace physique qui peut marquer et qui peut, en une seule accélération, renverser la dynamique d’un match.
C’est le même archétype qui transforme Sam Bennett en soldat invivable chaque printemps.
Bennett n’est pas une machine à points en saison régulière.
Mais quand la glace devient lourde et que chaque centimètre compte, c’est lui qui fait basculer les séries.
Slavkovsky appartient à ce moule-là. Et c’est ce moule-là qui fait trembler les équipes adverses, qui donne de la profondeur réelle à un alignement.
Logan Cooley? Magnifique talent. Centre pur. Production impressionnante.
Mais aucune équipe ne perd le sommeil la veille d’un match parce qu’elle affronte le corps de Cooley.
Slavkovsky, lui, peut changer une série juste en décidant de jouer lourd et rapide.
Et c’est exactement ce que Montréal imaginait au repêchage : un joueur qui, quand il allume, peut faire vivre un enfer à un top-4 défensif entier.
La vérité, c’est que Cooley garde l’avantage sur papier… mais Slavkovsky, lui, commence à prendre l’avantage sur la glace.
À suivre ...
