La carrière de Marc Bergevin a été brisée par Geoff Molson

La carrière de Marc Bergevin a été brisée par Geoff Molson

Par David Garel le 2024-09-10

Marc Bergevin ne pardonnera jamais à Geoff Molson de l'avoir dépeint comme le grand "destructeur" du Canadien de Montréal.

Le propriétaire du Canadien de Montréal, qui se vante aujourd’hui d’être l’architecte derrière la reconstruction tant attendue de l’équipe, est pourtant celui qui a toujours refusé cette option à son ancien directeur général. Bergevin, quant à lui, avait le mandat de faire les séries chaque année, quitte à "patcher" une équipe à bout de souffle.

Et malgré les efforts qu’il a dû déployer pour maintenir cette stratégie, Molson a fini par le traiter comme un bouc-émissaire.

Quand on regarde les faits, on se rend bien compte que Marc Bergevin a été victime d’une injustice. Il a été le grand méchant de l’histoire, alors que Molson est aujourd'hui vu comme le sauveur.

Cette situation est d'autant plus frustrante pour Bergevin, dont la réputation a été détruite par celui qui, pendant longtemps, lui faisait confiance.

Si on se met à la place de l’ancien DG du Canadien, il est impossible de ne pas être en furie devant cette trahison.

En novembre 2021, lorsque Jeff Gorton a été embauché en tant que vice-président des opérations hockey, tout le monde se demandait s'il allait choisir la voie de la reconstruction.

Son passé avec les Rangers de New York, où il avait amorcé une reconstruction avec une transparence exemplaire, laissait croire qu’il pourrait en faire autant à Montréal.

Pourtant, au départ, ni lui ni Kent Hughes n’ont utilisé le terme "reconstruction". Mais très vite, les partisans et les médias ont compris que c’était bien le chemin que l’organisation empruntait.

Geoff Molson, qui jusque-là avait refusé à Bergevin la possibilité de reconstruire, a soudainement décidé, après une vingtaine de matchs catastrophiques lors de la saison 2021-2022, qu’il était temps de rebâtir.

Il a donc congédié Marc Bergevin, Trevor Timmins et Paul Wilson pour donner les rênes à Gorton, qui a ensuite embauché Hughes.

Cette décision de Molson n’a fait que renforcer l’idée qu’il avait sacrifié Bergevin pour redorer sa propre image.

La relation entre Molson et Bergevin n’était pourtant pas que professionnelle. Les deux hommes étaient proches, très proches même.

Ils partageaient des moments ensemble, prenaient des verres ensemble, jouaient au hockey ensemble. À tel point qu'on aurait presque pu les considérer comme un couple.

Cette proximité a sans doute poussé Molson à donner carte blanche à Bergevin, jusqu’à ce qu’il devienne impossible de cacher l’échec de la stratégie.

Et au moment où tout s’effondrait, Molson a pris ses distances émotionnelles et a partagé le pouvoir entre Hughes et Gorton, se retirant enfin de la gestion quotidienne.

Bergevin, quant à lui, se retrouve avec une réputation entachée, ayant été abandonné par celui qui, à un moment donné, semblait être son plus grand allié.

Il est difficile de croire qu’il pourra un jour pardonner à Molson pour cette trahison qui l’a non seulement privé de retrouver un poste dans la LNH, mais aussi d’une partie de son honneur.

Finalement, Molson a peut-être sauvé le Canadien en s’associant avec Gorton et Hughes, mais il l’a fait au prix de la réputation d’un homme qu’il avait détruit en chemin

Si la relation professionnelle entre les deux hommes était déjà tendue à cause des résultats sportifs en dents de scie de l’équipe, la situation a véritablement dégénéré lorsque la vie personnelle de Bergevin s'est retrouvée au cœur de leur conflit.

Molson n’a pas vu d’un bon œil la relation amoureuse de son directeur général avec France Margaret Bélanger, présidente des sports et divertissements du groupe CH. (elle est maintenant en couple avec Vincent Damphousse).

Cette relation, bien que gérée discrètement, a suscité une grande frustration chez Molson, qui voyait d’un mauvais œil cette proximité dans les hautes sphères de l’organisation.

Cela a miné sa confiance en Bergevin, car il craignait que cette relation personnelle puisse influencer des décisions importantes au sein du Canadien.

Les tensions entre les deux hommes se sont accentuées au fil des mois, et cette situation a fini par devenir un véritable point de rupture.

Molson, jusque-là si proche de Bergevin, a commencé à se distancier, à remettre en question non seulement ses décisions en tant que DG, mais aussi son intégrité au sein de l’organisation.

L’inquiétude quant à la dynamique de pouvoir entre Bergevin et Bélanger a creusé un fossé grandissant entre eux. Molson, qui se voulait impartial et soucieux de l’image de l’organisation, ne pouvait accepter cette relation amoureuse, malgré sa nature discrète.

Avec le temps, ces ressentiments ont éclaté. Ce qui était au départ une relation professionnelle étroite s’est transformé en une lutte de pouvoir où Molson a commencé à voir Bergevin comme une menace, non seulement pour les performances de l’équipe, mais aussi pour l’harmonie interne de l’organisation.

Cette situation a mené Molson à agir de façon plus brutale, cherchant à prendre ses distances avec Bergevin et à préparer en secret son départ.

La situation a véritablement dégénéré après la finale de la Coupe Stanley en 2021. Alors que tout le monde célébrait l’exploit d’avoir atteint la finale, en interne, la relation entre Molson et Bergevin était déjà en lambeaux.

Le conflit est devenu si personnel qu’au lieu de discuter d’une extension de contrat pour Bergevin, Molson a préféré attendre, laissant planer des rumeurs sur l’avenir de son directeur général.

La frustration de Bergevin grandissait, alors qu’il voyait son rôle être de plus en plus contesté et ses décisions remises en question.

Finalement, le divorce entre les deux hommes était inévitable. Molson, profitant des mauvais résultats en début de saison 2021-2022, a saisi l’occasion pour congédier Marc Bergevin.

Ce geste, sous couvert d’un besoin de changement sportif, cachait en réalité une querelle beaucoup plus personnelle.

En congédiant Bergevin, Molson a non seulement mis fin à une relation professionnelle de près d’une décennie, mais il a aussi évacué un problème personnel qui empoisonnait leur relation.

Molson, qui l’avait traité comme un frère pendant des années, l’a finalement sacrifié au nom de l’image publique et de ses propres frustrations personnelles.

Cruel.