C’était sur le point d’arriver. Kirby Dach, en santé, en pleine possession de ses moyens, sur une pente ascendante autant mentale que physique, prenait discrètement le chemin de Calgary.
Pas officiellement, bien sûr. Mais à lire entre les lignes du plus récent texte de Nicolas Cloutier sur TVA Sports, la trajectoire était là.
Des indices? Il y en a partout. Dach, joueur albertain, venait tout juste de briller devant le dépisteur en chef des Flames. Le timing n’avait rien d’un hasard. L’intérêt était réel. Et si vous vous demandez pourquoi Kent Hughes était aussi actif dans les discussions entourant Nazem Kadri, ne cherchez pas plus loin.
Avant la blessure, Dach était, selon Cloutier, “un as dans la manche de Hughes”. Ce n’était pas qu’une figure de style. Dach était littéralement la pièce maîtresse d’un éventuel retour impliquant Kadri, peut-être même Brayden Schenn, si le DG décidait plutôt de transiger avec les Blues.
. Et surtout, il cochait toutes les cases pour les Flames : gros gabarit, centre droitier, encore jeune, sous contrat controlâble (seulement agent libre avec compensation cet été), avec un potentiel offensif encore inexploité. Calgary est en reconstruction et ce genre de profil est parfait pour accélérer un virage sans repartir à zéro.
Mais les dieux du hockey ont décidé de s’en mêler. Encore une fois. Et comme l’écrit si bien Cloutier : “ils lui ont planté un couteau dans le cœur”.
Le plus cruel? Son genou allait mieux. Sa tête aussi. Il s’était repris en main. Il s’était remis de la dernière blessure, physiquement et émotionnellement. Il commençait même à ressembler à ce joueur que Hughes avait ciblé avec dans la transaction avec Chicago.
Et surtout, il devenait, pour la première fois depuis longtemps, un actif échangeable de valeur pour un DG à la recherche de munitions.
Ce n’est pas un secret : Kent Hughes veut un deuxième centre. Et il voulait transformer Dach en levier pour obtenir ce joueur.
Nazem Kadri est lié au Canadien depuis des semaines. Les Flames, eux, cherchaient justement à se départir d’un contrat trop lourd à long terme. (7 M$ par année jusqu'en 2028_.
Dach pour Kadri, ça devenait une base de scénario plausible. Kadri apportait son leadership, son expérience et sa robustesse, le meilleur mélange pour guider Ivan Demdiov.
Dach était le parfait pari pour les Flames afin qu'il relance sa carrière dans sa province natale.
Ajoutez à cela un autre besoin clair du côté de Calgary : un défenseur gaucher robuste. Pas pour rien qu'Arber Xhekaj et Jayden Struble intéresse aussi les Flames.
Les Flames ont trop de droitiers, peu de stabilité défensive, et manquent cruellement de robustesse dans leur zone.
Mais le fait que Cloutier nomme Dach et non Xhekaj ou Struble veut dire que les noms des deux défenseurs n'ont pas été abordés dans les négociations.
Et voilà que tout s’effondre.
La blessure de Dach, absence prévue de 4 à 6 semaines, ne met pas seulement son avenir en pause. Elle gèle aussi les plans de Hughes.
Dans son texte, Cloutier le dit clairement :
“Le regain de vie de Dach lui donnait des options.”
Et ces options disparaissent. Hughes ne peut plus le vendre. Ne peut plus même l’insérer dans une discussion. Le joueur devient une incertitude... encore une fois...
Il ne faut pas sous-estimer la souffrance humaine derrière ce blocage sur le marché des transactions. Dach avait travaillé comme un forcené tout l’été. Kaiden Guhle en est témoin, lui qui s'était entraîné avec lui à Edmonton.
Il avait traversé une rééducation difficile. S’était réconcilié avec son corps. Et surtout, il avait surmonté une forme de noirceur mentale que peu de gens avaient osé nommer. Cole Caufield, dans un rare moment de solidarité publique, avait laissé tomber :
“Vous n’avez aucune idée de ce qu’il a traversé.”
Et puis, la saison avait débuté avec une concentration nouvelle. Les statistiques avancées le confirmaient. Dach jouait mieux. Deuxième centre le plus efficace du CH derrière Suzuki pour les buts attendus. Défensivement impliqué. Offensivement engagé. Il n’avait pas les points, mais il avait l’énergie. L’éveil.
Et voilà que tout s’arrête.
Pour les Flames, c’est une occasion manquée. Pour Hughes, une fenêtre qui se referme. Pour Dach, un cauchemar qui recommence.
Le hockey de la LNH peut tellement être cruel.
