Kent Hughes révèle l’insoutenable : Patrik Laine sortait d’un cauchemar

Kent Hughes révèle l’insoutenable : Patrik Laine sortait d’un cauchemar

Par André Soueidan le 2025-05-05

Il n’a pas pleuré devant les caméras. Il n’a pas frappé dans les murs. Il n’a pas lancé de déclaration choc à la Jonathan Drouin.

Mais quand Kent Hughes a parlé de Patrik Laine, on a senti tout le poids d’une saison qu’on n’a pas encore su raconter avec justesse.

« Ce que j’ai trouvé impressionnant chez Patrik, c’est qu’il avait une vraie volonté d’apprendre, de progresser, de s’améliorer. », a confié le DG du Canadien, en anglais, avec une gravité assumée.

« Est-ce que ça a toujours été une ligne droite? Non. Mais il a continué à avancer. »

Cette phrase, aussi simple soit-elle, résume tout le chemin qu’a parcouru l’énigmatique finlandais depuis son arrivée à Montréal.

On parle quand même d’un joueur qui, il y a quelques mois à peine, a failli tout lâcher.

Un joueur qui, selon plusieurs sources, n’était pas loin de prendre sa retraite. Un joueur qui vivait dans une noirceurque peu de partisans osent imaginer quand ils crient aux gradins ou râlent sur Twitter.

Patrik Laine ne s’est pas contenté de marquer des buts en avantage numérique. Il a littéralement repris contact avec son métier, avec sa passion, avec sa propre histoire.

Il a mis les deux pieds dans une ville où le hockey est une religion toxique pour certains, salvatrice pour d’autres. Et il s’est jeté à l’eau sans brassard.

Quand Kent Hughes l’a accueilli à bras ouverts après l’avoir acquis dans une transaction risquée, il savait que le pari n’était pas seulement sportif. Il était existentiel.

« Il a été honnête avec nous dès le départ. Il voulait un endroit pour repartir à neuf. », a ajouté Hughes devant les journalistes.

Et Montréal lui a offert exactement ça. Un vrai recommencement.

Pas un show médiatique. Pas un plan marketing.

Un vestiaire. Une glace. Un bâton. Une routine. Un refuge.

Même Jeff Gorton, d’ordinaire plus sobre dans ses commentaires, a laissé entendre que Laine avait été un modèle de résilience.

« Ce qu’il a vécu, ce n’est pas juste une question de statistiques. Il a tenu bon. Il a choisi de se battre. », a-t-il déclaré.

À travers ses hauts et ses bas, Patrik Laine a donné au CH quelque chose que personne n’avait vu venir : une leçon d’humilité.

Il n’a pas exigé le premier trio. Il n’a pas pleurniché sur le temps de jeu. Il n’a pas détruit ses entraîneurs en coulisse.

Il a accepté de jouer à droite, à gauche, de s’adapter aux jeunes, de rester sur la deuxième vague, parfois même de regarder les derniers instants du match depuis le banc.

Et tout ça, sans jamais fuir.

« On oublie trop souvent que ce sont des êtres humains. Patrik est passé par quelque chose de lourd. Et il est resté. », a rappelé Hughes.

Aujourd’hui, personne ne sait exactement ce que l’avenir lui réserve.

Va-t-il rester à Montréal? Accepter un rôle secondaire pour retrouver un équilibre? Ou redeviendra-t-il cette machine à buts qu’il était à ses débuts à Winnipeg?

Hughes n’a rien promis. Mais il a semé un indice : « On verra comment il revient cet été. Mais j’ai aimé son attitude. Il veut être ici. »

Il y a quelque chose de profondément touchant dans cette formulation.

Pas : on veut le garder à tout prix. Pas : on est déçu. Mais un constat sincère : il veut être là.

Dans une ligue où tant de joueurs se perdent à force de courir après la prochaine chance, Laine a simplement décidé de s’asseoir et de respirer.

Et c’est peut-être la meilleure décision de sa carrière.

Oui, il reste des zones d’ombre. Oui, il y a encore des moments d’invisibilité sur la glace. Mais il y a aussi cette réalité que personne ne devrait balayer du revers de la main : Patrik Laine a survécu à lui-même.

Et à Montréal, ça vaut bien plus qu’une fiche de 18 buts et 12 mentions d’aide.

Le CH ne s’est pas seulement offert un tir foudroyant. Il s’est offert un exemple vivant de reconstruction personnelle.

Et dans ce vestiaire de jeunes loups, ça compte.

Cole Caufield l’a dit après un match de février : « Patty est un gars tranquille, mais il est là pour nous. Il donne des conseils. Il ne parle pas pour rien. »

Ce genre de présence ne se mesure pas en Corsi ou en expected goals.

Ce genre de présence, ça se gagne dans les tranchées de la vie.

Et Patrik Laine, malgré tout ce qu’on a dit, tout ce qu’on a écrit, tout ce qu’on a pensé… est encore là.

Peut-être pour de bon.

Peut-être que non.

Mais une chose est sûre : il a prouvé que le hockey, ce n’est pas juste une affaire de chiffres. C’est aussi une affaire de survie.

Et cette survie, elle s’est jouée dans le silence des couloirs du Centre Bell.

Loin des projecteurs. Loin des attentes absurdes. Loin du regard glacé des analystes comptables du sport moderne.

Parce qu’il faut avoir touché le fond pour comprendre ce que Laine traverse.

Il faut avoir senti l’envie de tout brûler pour mieux ressentir ce qu’il reconstruit.

« Il voulait un endroit où il ne serait pas jugé sur ses derniers mois, mais sur son prochain effort. », a résumé Kent Hughes, comme un constat brut.

Et ce prochain effort, il le fait chaque jour, sans éclat, sans tape dans le dos, sans article élogieux.

Il le fait pour lui. Pour se prouver qu’il peut encore aimer ce jeu.

À l’interne, plusieurs membres du personnel ont confirmé que Patrik Laine a été exemplaire dans son implication. Présent. Souriant certains jours. Silencieux les jours plus lourds.

Mais toujours là.

Et ça, pour un homme qui a cru ne plus vouloir exister dans la LNH, ça vaut toutes les fiches de pointage avancées du monde.

Alors que l’été arrive, il ne réclame rien. Il ne mendie pas un contrat. Il ne fait pas de vague.

Mais il espère.

Espère avoir montré assez pour qu’on lui tende la main.

Pas par pitié.

Pas par romantisme.

Mais parce que quelque part, à force d’y croire, il est redevenu un joueur de hockey.

Et à Montréal, il y en a plus d’un qui ont réappris à vivre comme ça.

Bienvenue dans la ville où on renaît ou on disparaît.

Et Patrik Laine, lui, a choisi de renaître.

Alors, la prochaine fois qu’un partisan lâchera un soupir en voyant Laine rater une passe, qu’il se souvienne. Ce gars-là n’a pas seulement battu la défensive adverse.

Il a battu la sienne. Et ça, c’est le genre de victoire qui mérite mieux que des statistiques.

Ça mérite du respect.

AMEN