Transaction Montréal-Seattle-Columbus: Kent Hughes se fait avoir

Transaction Montréal-Seattle-Columbus: Kent Hughes se fait avoir

Par David Garel le 2025-12-20

De plus en plus, une question dérangeante s’impose dans le paysage médiatique montréalais : Kent Hughes s’est-il fait avoir ? De plus en plus d'insiders pensent qu'il a paniqué... et qu'il a perdu sur toute la ligne.

Et le timing des transactions ailleurs dans la LNH vient cruellement exposer ce malaise.

Pendant que le Canadiens de Montréal célébrait le retour de Phillip Danault comme un coup de génie, les Blue Jackets de Columbus faisaient exactement l’inverse : ils achetaient de la robustesse, de la production et des intangibles, pour un prix étonnamment rationnel. Résultat ? La comparaison est devenue impossible à ignorer.

Columbus a mis la main sur Mason Marchment (6 pieds 5, 219 livres, ailier de puissance, 13 points cette saison, 80 buts en 331 matchs) pour un choix de deuxième ronde en 2027 et un choix de quatrième ronde en 2026.

Aucun salaire retenu. Un contrat expirant cet été. Un risque mesuré. Un joueur encore mobile, encore intimidant, encore utile dans le hockey moderne. Et surtout : un joueur qui n’est pas perçu comme fini.

Maintenant, comparons.

Montréal, de son côté, a déboursé un choix de deuxième ronde très élevé (40e au total au moment où l'on se parle) pour Danault.

Un centre de 32 ans. Zéro but cette saison et 5 maigres passes en 30 matchs. Un joueur que les partisans des Kings de Los Angeles décrivaient unanimement comme ralenti, frustré, égoïste, boudeur sur le banc.

Un joueur sous contrat jusqu’en 2027 à 5,5 M$, sans rétention salariale. Et surtout : un joueur dont la valeur marchande était clairement en chute libre.

C’est là que ça fait mal.

Parce que le marché vient de parler. Et il a parlé fort. Si Mason Marchment, plus jeune, plus imposant, plus productif, moins engagé à long terme, coûte essentiellement le même prix combiné que Danault (même moins cher que un 40e choix en 2026 vaut plus qu'un choix inconnu en 2027), alors il devient difficile de soutenir que Montréal a fait une affaire évidente.

Pire : cela suggère que le Canadien a payé le prix fort pour un joueur en déclin, simplement parce qu’il répondait à un besoin immédiat… et émotionnel.

Et ce n’est pas un hasard si plusieurs journalistes commencent à employer le mot que personne ne voulait prononcer : panique.

Ce mouvement ressemble de plus en plus à une tentative de rattrapage. Un aveu indirect. Celui d’avoir laissé partir Christian Dvorak, qui voulait rester à Montréal, qui était prêt à signer un contrat d’un an à un salaire inférieurt à ce que touche aujourd’hui Danault (5,4 M$ vs 5,5 M), et qui aurait libéré la masse salariale dès l’été suivant.

On a laissé partir Dvorak pour faire de la place à Owen Beck. Et là, en panique, on va chercher Danault? Ouch.

Dvorak a 29 ans. Danault en aura 33 en février. Et malgré tout ce qu’on peut dire, Dvorak est aujourd’hui plus mobile, plus polyvalent, et offensivement plus menaçant.

Imaginez deux secondes. L'ancien du CH est maintenant le premier centre des Flyers de Philadelphie, lui compose un trio redoutable avec Trevor Zegras et Travis Konecny. 

On parle du contrat de Dvorak (un an, 5,4 M$) comme du vol de l'été 2024 sur le marché des agents libres. Daniel Brière a frappé un véritable coup de circuit. Dire que Kent Hughes pouvait le garder à Montréal.

En refusant cette option, Hughes s’est enfermé. Et quand le centre est devenu une urgence criante, il a payé plus cher pour moins de marge de manœuvre. C’est exactement ce que les dirigeants cherchent à éviter… et exactement ce qui semble s’être produit.

La réalité, c’est que le Canadien n’a pas acheté Danault au prix du marché. Il l’a acheté au prix de son propre désespoir : celui de stabiliser une équipe jeune, de calmer la base partisane, de montrer qu’on “fait quelque chose”.

Pendant ce temps, Columbus a utilisé ses actifs intelligemment, sans émotion, sans nostalgie, sans se lier les mains à long terme.

Et c’est là que la critique devient lourde : entre Marchment et Danault, pris aujourd’hui, à contrat comparable en coût d’acquisition, plusieurs équipes choisiraient Marchment sans hésiter.

Pas parce que Danault n’a jamais été utile. Mais parce que le hockey de 2025 récompense la vitesse, la puissance, la capacité de créer... pas les souvenirs de 2021.

Kent Hughes n’a pas fait un mauvais échange isolé. Il a peut-être fait un échange révélateur. Celui d’un DG qui, après avoir refusé de garder Dvorak, a été forcé de payer plein prix pour une solution plus vieille, finie à la corde et plus risquée.

Le pari est lancé. Danault aura l’occasion de répondre sur la glace. Mais une chose est déjà claire : le marché, lui, n’était pas convaincu. Et quand le marché te dit que tu as payé trop cher… il a rarement tort.