La légende tchèque de la LNH, Dominik Hasek, connu pour ses opinions franches et souvent controversées, s’est exprimé la colère dans le tapis contre le voyage récent de Kent Hughes, Vincent Lecavalier et Nick Bobrov à Saint-Pétersbourg pour évaluer le développement d’Ivan Demidov.
Sur les réseaux sociaux, Hasek a dénoncé ce qu’il considère comme un « affront moral » dans le contexte de la guerre en Ukraine, une sortie qui a alimenté une vive controverse.
« C’est inacceptable. En se rendant en Russie, une nation actuellement en guerre, ils légitiment indirectement un régime oppresseur. Le sport ne peut pas être séparé de la politique dans ce cas », a déclaré Hasek dans un tweet repris des milliers de fois.
« La LNH devrait intervenir pour empêcher ce genre de comportements qui supportent le régime de Poutine. »
Les propos de Hasek ont trouvé écho parmi certains partisans et analystes internationaux, mais ils ont aussi suscité des réactions de rejet.
Tandis que certains saluent son courage pour avoir dénoncé une situation qu’ils jugent moralement inacceptable, d’autres lui reprochent de se mêler de géopolitique sans nuance.
Un internaute a résumé un sentiment partagé par plusieurs :
« Dominik Hasek était un gardien exceptionnel, mais il n’a aucune légitimité à jouer les experts en politique internationale. Le Canadien agit pour protéger son jeune joueur, pas pour valider un régime. »
Mais Hasek a continué son offensive.
« En tant que directeur général, Kent Hughes porte une responsabilité énorme. En se rendant en Russie, il envoie un message dangereux au reste du monde : que le sport peut ignorer les souffrances humaines. C’est inexcusable. »
« Le hockey a toujours été un sport qui rassemble, mais ce type de décision crée une fracture. Comment peut-on prétendre prôner des valeurs de respect et de justice tout en collaborant avec un pays qui s'en prennent à des civils chaque jour ? »
« Comment expliquer aux familles ukrainiennes, qui ont perdu des proches dans cette guerre, qu’une organisation canadienne de hockey va poser pour des photos avec des alliés de Poutine ? C’est un manque de respect flagrant envers toutes les victimes. »
Du côté des Canadiens, ce voyage en Russie n’a rien de politique. La décision de Kent Hughes et son équipe répond à un besoin urgent : soutenir Ivan Demidov, leur choix de première ronde, face à une gestion chaotique et politisée du SKA de Saint-Pétersbourg.
Demidov, brillant malgré un temps de jeu limité, est victime de chantage et d’un climat hostile en raison de son intention de rejoindre la LNH.
Nick Suzuki, capitaine du Tricolore, a tenu à souligner l’importance de cette démarche :
« Il est essentiel de montrer à nos jeunes joueurs qu’ils sont soutenus, peu importe où ils se trouvent. Ivan fait partie de notre avenir, et ce voyage est un geste fort de la part de l’organisation. »
Les critiques de Hasek, bien qu’animées par une volonté de défendre des valeurs morales, semblent ignorer le contexte plus large.
Le Canadien n’a jamais cherché à légitimer le régime de Vladimir Poutine, mais plutôt à protéger un jeune joueur dans une situation difficile.
La KHL, et en particulier le SKA, est connue pour ses méthodes autoritaires, et ce voyage visait à réaffirmer l’engagement de l’organisation envers Demidov.
Pour les dirigeants du Canadien, cette controverse est un dommage collatéral regrettable, mais nécessaire. Kent Hughes, lors d’une brève déclaration, a simplement mentionné :
« Nous faisons ce qu’il faut pour le bien de nos joueurs. »
Alors que la guerre en Ukraine continue de diviser les opinions, cette controverse illustre la difficulté de naviguer entre sport et politique.
Mais pour les Canadiens de Montréal, l’objectif reste clair : préparer un avenir où Ivan Demidov pourra s’épanouir pleinement en LNH.
La sortie de Hasek, bien qu’émotive, risque surtout de détourner l’attention des véritables enjeux sportifs.
Le débat reste ouvert, mais une chose est certaine : les Canadiens ne reculeront pas dans leur soutien à leurs jeunes espoirs, peu importe les frontières.
Le voyage de Kent Hughes, Vincent Lecavalier et Nick Bobrov en Russie a suscité des réactions virulentes, non seulement dans les cercles sportifs, mais aussi parmi les experts en politique internationale.
Ces derniers ont dénoncé ce qu’ils perçoivent comme une action irresponsable dans un contexte géopolitique marqué par la guerre en Ukraine.
Loïc Tassé, professeur de politique et chroniqueur au Journal de Montréal, a qualifié la visite de la délégation du Canadien de Montréal en Russie d'« odieuse et d'exécrable », insistant sur l’image que cette décision projette à l’international :
« C’est une très mauvaise idée, car ils lancent le message qu’ils légitiment le régime de Vladimir Poutine. Indirectement, le Canada est en guerre contre la Russie, et ce geste est en total décalage avec la position officielle du pays. »
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Canada a fermement condamné les actions de Moscou.
Le gouvernement canadien a imposé des sanctions économiques à de nombreux oligarques russes, dont Roman Rotenberg, entraîneur du SKA de Saint-Pétersbourg, que les Canadiens ont rencontré lors de leur visite.
Pour Tassé, ce voyage envoie un signal contraire aux efforts du Canada pour isoler la Russie sur la scène internationale.
Il critique le Canadien pour avoir privilégié ses « petits intérêts » sportifs au détriment des « grands enjeux mondiaux » :
« La direction de la Sainte-Flanelle semble totalement déconnectée de la réalité. En se rendant en Russie, elle renforce la propagande de Poutine et offre une victoire symbolique à son régime. »
Jean Lévesque, professeur d’histoire à l’UQAM et directeur de l’Observatoire de l’Eurasie, a également exprimé ses réserves. Pour lui, ce voyage pourrait être utilisé à des fins de propagande par le régime russe :
« Le Kremlin exploite chaque interaction avec des figures occidentales pour légitimer ses actions. Les photos de Kent Hughes et Roman Rotenberg, tout sourire, seront probablement présentées en Russie comme un signe de normalisation des relations avec l’Occident. »
Lévesque souligne que la KHL, dirigée par des figures proches du pouvoir russe, est déjà un outil de propagande pour Poutine.
Cette visite pourrait renforcer ce rôle symbolique en montrant que même les Canadiens, institution légendaire de la LNH, traitent avec eux.
Les experts ont aussi établi des comparaisons avec d'autres situations similaires, notamment la décision de la FIFA d’attribuer la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite, un État souvent critiqué pour ses violations des droits humains.
Selon Tassé, le voyage du Canadien s’inscrit dans cette tendance où les intérêts sportifs passent avant les considérations éthiques.
« Que ce soit pour le hockey ou le soccer, les dirigeants sportifs occidentaux semblent prêts à fermer les yeux sur des réalités politiques troublantes pour protéger leurs intérêts. Cela envoie un message désastreux. »
Les critiques pointent également l’impact moral de cette décision, notamment envers les Ukrainiens qui subissent directement les conséquences de la guerre.
Pour Lévesque, ce voyage est difficilement défendable d’un point de vue éthique :
« Imaginez expliquer à une veuve ukrainienne que des dirigeants canadiens se rendent en Russie, un pays qui bombarde quotidiennement son territoire, pour discuter hockey. C’est incompréhensible. »
Au-delà des critiques géopolitiques, certains experts dénoncent également l’incompréhension culturelle et politique des dirigeants du Canadien.
Tassé affirme que ce voyage démontre une certaine naïveté ou un manque de sensibilité aux implications plus larges de leurs actions.
« Le sport n’est pas une bulle déconnectée du reste du monde. En agissant ainsi, le Canadien envoie un message qui peut être interprété comme une approbation tacite des actions russes. »
Le voyage du Canadien à Saint-Pétersbourg, bien qu’il soit motivé par le développement d’un joueur clé comme Ivan Demidov, est perçu par les experts en politique comme un faux pas stratégique et moral.
Les critiques soulignent que dans un monde où les lignes entre sport et politique sont de plus en plus floues, les organisations sportives doivent être conscientes des implications de leurs décisions.
Pour le Canadien, ce voyage pourrait avoir des répercussions bien au-delà de la glace.
Kent Hughes n'aura pas le choix de s'expliquer. Reste qu'au final, il n'est pas le coupable de cette guerre.
Il voulait juste supporter son espoir.