Le pari de Martin St-Louis : Oliver Kapanen hérite du rôle le plus ingrat du Canadien

Le pari de Martin St-Louis : Oliver Kapanen hérite du rôle le plus ingrat du Canadien

Par André Soueidan le 2025-11-15

Oliver Kapanen n’a rien demandé. Il n’a pas fait de vagues, n’a pas réclamé plus de minutes, n’a pas cogné à la porte du coach.

Il a juste fait ce qu’il fait depuis son premier jour au camp : il a travaillé. Tranquille. Sans bruit.

Et à force d’être le gars qui arrache tout ce qu’on lui donne, Martin St-Louis a fini par lui confier la mission la plus ingrate du moment : devenir, ce soir, le deuxième centre du Canadien de Montréal.

Un rôle qui n’était pas censé être le sien. Un rôle qui appartenait à Kirby Dach.

Mais la blessure longue durée d’Alex Newhook, combinée aux performances honnêtes de Kapanen, a forcé la hiérarchie à se réécrire.

Et devant les caméras, on a vu un jeune homme de 22 ans qui n’a pas l’air dépassé par ce qui lui arrive. Il l’a dit avec une franchise désarmante :

« Je veux juste faire ma part. Jouer mon jeu. Bien jouer défensivement, gagner mes batailles, puis aider l’équipe. »

Ce n’est pas un cri de ralliement, ce n’est pas une déclaration de star. C’est exactement ce que Martin St-Louis aime.

Et c’est exactement ce qui explique pourquoi c’est lui, et non Dach, qui se retrouve au centre ce soir.

Kapanen n’a que 12 minutes 45 de temps de glace en moyenne depuis le début de la saison.

Pourtant, il a six buts. Six buts… en jouant sans avantage numérique, sans longues présences, sans être traité comme un joueur du top six.

Seulement en se présentant, match après match.

Et ce soir, on lui demande de tout recommencer, mais dans un rôle trois fois plus exigeant.

On lui demande d’être efficace en zone défensive lorsque les Bruins de Boston, une équipe qui joue lourd.

On lui demande aussi d’être créatif en zone offensive. De faire vivre le jeu entre les lignes. De faire respirer son trio.

On lui demande, en vérité, de faire oublier Alex Newhook… et de sauver un alignement troué par les blessures.

Et devant les journalistes, Kapanen n’a pas flanché.

« Je suis prêt à jouer au centre. J’ai joué longtemps dans l’Europe et je suis à l’aise. Peu importe où on me place, je vais juste jouer mon rôle. »

Il parle comme un gars qui sait ce qui s’en vient.

Il sait qu’il n’aura pas droit à l’erreur. Montréal n’est pas tendre avec les jeunes centres.

On l’a vu avec Kotkaniemi. Avec Poehling. On l’a vu avec Dach...

Et pourtant, Kapanen avance. Sans peur. Sans arrogance. Avec une humilité qui fait contraste avec l’ampleur de la mission.

Et ce changement-là, il veut dire quelque chose. Il veut dire que Martin St-Louis a choisi. Il veut dire qu’on a tassé Dach du centre pour lui faire de la place.

Qu’on a séparé son trio. Qu’on a décidé que, pour une fois, ce serait la production qui dicterait la hiérarchie, pas le contrat, pas le pedigree, pas le rang de sélection.

Le Canadien n’avait plus le choix.

Avec deux droitiers au centre (Dach et Kapanen), l’équipe perd son équilibre naturel sur les mises au jeu.

Ça veut dire que, dans des moments critiques, c’est Joe Veleno qui viendra probablement prendre les faceoffs du côté gauche. C’est un détail pour certains, mais pas pour St-Louis.

Et pourtant, malgré ça, il avance avec Kapanen.

Et quand on lui demande s’il se sent prêt pour la responsabilité, il ne brode pas :

« Je veux juste aider. Être là au bon moment. Bien jouer sans la rondelle. C’est là que tout commence. »

C’est pur. C’est simple. Et c’est peut-être exactement ce dont le Canadien avait besoin au poste le plus fragile de son alignement.

Ce soir, il n’affronte pas n’importe qui. Il affronte les Bruins. L’équipe qui joue les matchs les plus lourds, les plus suffocants, les plus honnêtes de la division. L’équipe qui t’oblige à révéler ce que tu es vraiment.

Et Oliver Kapanen, lui, va montrer ce qu’il est.

Un jeune finlandais calme, efficace, méthodique, qui vient de gagner un rôle dont personne n’aurait osé le voir hériter… avant aujourd’hui.

À partir de maintenant, tout change. Pour lui. Pour Dach. Pour la hiérarchie du centre. Et peut-être même pour la trajectoire du Canadien d’ici la fin de la saison.

Ce soir, on saura si c’était un pari audacieux… ou le début d’une ascension qu’on n’avait simplement pas vue venir.

À suivre