Pendant longtemps, Kaiden Guhle a été perçu comme un pilier en devenir sur la ligne bleue du Canadien.
Un défenseur fiable, constant, qui prend des grosses minutes et qui incarne cette fameuse stabilité défensive que toute équipe recherche.
C’est d’ailleurs avec cette vision en tête que Kent Hughes lui a accordé une prolongation de contrat de 5,5 M$ par saison jusqu’en 2031.
L’organisation croyait mettre la main sur une pièce maîtresse pour bâtir l’avenir de la défensive du CH.
Mais voilà que son absence, causée par une lacération au quadriceps gauche, expose une réalité bien différente.
On nous vendait un défenseur irremplaçable, mais à bien y regarder, Guhle est peut-être plus interchangeable qu’on le croyait.
Ce n’est pas la première fois que Kaiden Guhle se retrouve sur la touche, et c’est justement là où le bât blesse.
À 22 ans, il en est à sa troisième saison avec le Canadien et pourtant, il n’a joué que 158 parties.
En 2022-2023, il n’a disputé que 44 matchs avant d’être fauché par plusieurs blessures.
Il a notamment subi une blessure au genou en décembre 2022, après une collision avec Aleksander Barkov des Panthers de la Floride, ce qui l’a écarté du jeu pendant environ deux mois.
À son retour, il a également manqué des matchs en raison de blessures à l’épaule et à la cheville, cette dernière mettant fin prématurément à sa saison.
L’an dernier, il a raté 12 parties.
Cette saison, il tombe au combat à son 44e match, encore une fois.
C’est le même refrain chaque année : dès qu’il commence à trouver son rythme, il finit par rater plusieurs semaines d’activité.
Un défenseur aussi injury prone est-il vraiment un morceau fiable à long terme?
On ne parle pas d’un vétéran de 32 ans qui accumule les blessures d’usure; on parle d’un jeune de 23 ans qui, à peine arrivé dans la LNH, semble déjà en mode survie physique.
À un moment donné, la constance, ce n’est pas juste sur la glace, c’est aussi d’être capable d’y être soir après soir.
Et ça, Guhle ne l’a jamais prouvé.
De plus, Guhle n’a jamais été ce défenseur dominant qui change l’allure d’un match.
Il n’est pas un général offensif comme Lane Hutson. Il ne joue pas sur l’avantage numérique, où on lui préfère Hutson et Mike Matheson.
Il ne joue pas un rôle intimidant comme Arber Xhekaj ou un rôle shutdown d’élite.
C’est un gars fiable, qui fait bien les petites choses, qui bloque des tirs et qui joue intelligemment, mais sans ce facteur X qui rend un joueur vraiment unique.
Des défenseurs comme lui, capables de prendre des minutes en désavantage numérique et de jouer un jeu simple en sortie de zone, il y en a plusieurs.
Et c’est là que la question devient légitime : est-ce que son absence bouleverse réellement l’organigramme du CH?
La réponse, à voir la composition de la défensive actuelle, est non.
Une défensive déjà bien garnie en gauchers
Le Canadien n’a aucun problème de profondeur du côté gauche.
Même sans Guhle, la brigade défensive est largement couverte en gauchers avec Lane Hutson, Mike Matheson, Arber Xhekaj et Jayden Struble.
Quatre défenseurs capables de prendre des minutes importantes.
Matheson, malgré ses erreurs défensives, reste un moteur offensif.
Hutson est la révélation de l’année.
Xhekaj et Struble, eux, peuvent compenser pour l’absence de Guhle en bloquant des tirs et en misant sur leur jeu robuste.
C’est loin d’être une défensive catastrophique.
La vraie faille est ailleurs. Si le Canadien veut combler un vrai manque, ce n’est pas à gauche qu’il doit regarder, mais bien à droite.
Depuis la blessure de David Reinbacher et l’attente entourant Logan Mailloux, le flanc droit manque de profondeur.
C’est là que l’absence de Guhle pourrait indirectement nuire, puisque Martin St-Louis doit jongler avec l’idée de faire jouer un gaucher à droite (on a déjà vu l’expérience catastrophique de Matheson à droite).
Mais à ce compte-là, pourquoi ne pas simplement rappeler Logan Mailloux?
Pourquoi ne pas donner une vraie audition au jeune droitier plutôt que de déplacer des gauchers dans une position inconfortable?
Une gestion discutable… mais pas catastrophique
La perte de Guhle n’est donc pas une crise existentielle pour Montréal. Son profil est remplaçable à l’interne, et son absence donne surtout une opportunité aux jeunes défenseurs de gagner en expérience.
C’est certain que sa constance est un atout, et que tous les défenseurs ne peuvent pas être des machines offensives.
Des gars capables de jouer un rôle défensif sobre et efficace, ça demeure essentiel dans une équipe. Mais à long terme, est-ce que Guhle est un morceau irremplaçable du Canadien?
Pas vraiment.
Kent Hughes a misé sur la stabilité en le signant à long terme, et c’est un pari défendable.
Mais si demain, une équipe arrive avec une offre intéressante pour Guhle, est-ce que le Canadien devrait hésiter?
Loin de là. Parce que des gars comme lui, aussi solides soient-ils, ne sont pas si rares dans la LNH.
Et encore faut-il qu’ils puissent jouer une saison complète… ce que Guhle n’a toujours pas réussi à faire.
Misère ...